Des heurts ont eu lieu entre les éléments liés aux Émirats arabes unis et les forces des tribus de l’est du Yémen dans la province orientale de Shabwah. Les accrochages ont opposé les membres de la tribu "al-Hajar" aux forces "al-Nokhba al-Shabwaniyah", qui sont protégées et soutenues par les Émirats arabes unis. La raison : le déploiement des forces pro-Émirats dans la ville de Markha al-Sofla. Deux de ces dernières forces ont été blessées et deux autres arrêtées, selon Al-Bayan News.
Au Yémen, surtout dans l’est et le sud, la situation ne semble absolument pas prometteuse pour les Émirats arabes unis qui ont déjà retiré trois de leurs bataillons des régions yéménites, bataillons qui pilotaient des opérations armées. Le rédacteur en chef du journal électronique Rai al-Youm est revenu sur le sujet, en s’attardant sur les raisons qui auraient conduit les EAU à se faire petit voire à disparaître.
La première raison, Abdelbari Atwan la trouve dans la tactique ingénieuse d’Ansarallah de transférer le conflit du sol yéménite sur le territoire même des pays agresseurs, soit directement, comme dans le cas de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, soit indirectement, comme dans le cas du Soudan où la population en révolte dénonce une guerre yéménite qui risque tôt ou tard déborder les frontières et atteindre le sol soudanais.
Il y a par ailleurs, la montée en puissance des capacités militaires des forces conjointes yéménites et leur accès aux armes sophistiquées notamment dans le domaine balistique et de drones. C’est justement ce pouvoir de dissuasion remarquable qui a paralysé, intégralement, la force aérienne de la coalition.
Ainsi, Riyad et Abu Dhabi ne sont plus en mesure de cibler les sites militaires ou civils au Yémen alors qu’Ansarallah a localisé 400 cibles sur les territoires saoudien et émirati qu’il peut viser avec ses missiles balistiques de haute précision ou encore ses drones de combat. Voilà une autre bonne raison pour que les EAU veuillent se retirer de Yémen, estime Atwan qui souligne ensuite les dommages matériels importants que les pays de la « coalition » ont subis dans cette guerre. Parmi d’autres, un seul missile Patriot dont dispose l’Arabie saoudite, coûte 6 millions de dollars, alors qu’un missile d’Ansarallah ne coûte que 1.500 dollars et pourtant il est capable de menacer la plupart, pour ne pas dire tous, des aéroports saoudiens.
À tout cela s’ajoute le mécontentement croissant dans les émirats de Sharjah, Dubai et Ras al-Khaimah qui ne s’interéssaient absolument pas à une guerre avec le Yémen, mécontentement qui n’avait pas été, au début, médiatisé, mais qui, après cinq ans de conflits inutiles, voire destructeurs, commence à apparaître. La raison ; le nombre croissant des pertes parmi les membres des familles des gouverneurs et des autres grandes familles de ces émirats.
Et l’analyste d’évoquer une autre raison qu’il trouve dans la baisse du niveau de coordination militaire entre les deux alliés émirati et saoudien sur les champs de bataille. Rappelons qu’à l’époque où l’Arabie saoudite a déployé ses militaires et mercenaires à al-Mahra et les Émirats arabes unis s'en sont retirés. Mais à présent Riyad s'embourbe sur les fronts du sud saoudien dans des conflits avec les forces yéménites et tentent sans grand succès les empêcher d’avancer à Jizan, Najran et Asir.
Quelques responsables militaires de haut rang des EAU ont porté plainte contre le manque de capacités de l’armée saoudienne sur le champ de bataille bien que ce pays dispose d’importantes armes et d’équipements militaires sophistiqués. Un haut responsable des pays du bassin du golfe Persique a même révélé lors d’une réunion spéciale avec des homologues arabes que l’armée saoudienne, au sens réel du terme, n’existait pas.
À lire: Les Émiratis se retirent de la guerre menée par Riyad au Yémen (Wall Street Journal)
Atwan évoque finalement les récentes démarches d’Abu Dhabi en étendant le champ des ingérences politique et militaire en Libye et dans la corne de l’Afrique voire en Afghanistan et au Kosovo, ce qui a créé de nouveaux problèmes à ce gouvernement en augmentant ses engagements financiers, militaires et politiques.
« Il est possible que les informations qui font part du retrait progressif des Émirats arabes unis du Yémen traduisent les révisions politiques que le gouvernement émirati a décidées pour le dossier yéménite et aient, certes, pour conséquence un refroidissement de relations saoudo-émiraties. La belle époque est désormais derrière Ben Zayed.