Presque une semaine après la destruction d'un RQ-4 dans le ciel iranien, l’aviation israélienne a bombardé des cibles militaires et civiles en banlieue de Damas et de Homs, faisant une quinzaine de morts et blessés dont des enfants.
Abdel Bari Atwan, analyste renommé du monde arabe et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm revient sur la frappe israélienne et les questions que celle-ci suscite.
« Les avions de chasse israéliens impliqués dans cette attaque ont tiré leurs missiles à partir de l’espace aérien libanais afin d’échapper aux tirs de la DCA syrienne. Ces nouvelles attaques israéliennes visant la Syrie ont suscité l'ire de la Russie car elles se produisent à peine une semaine après la réunion tripartite de Qods à laquelle ont participé les trois conseillers à la sécurité de la Russie, des États-Unis et d’Israël pour discuter de la présence iranienne en Syrie.
À cette réunion, le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale russe Nikolaï Patruchev a bien surpris ses homologues israélien et américain en parlant de l’Iran comme un "partenaire incontournable" de Moscou dans la lutte antiterroriste. Il s'est donc opposé à ce que l’Iran soit qualifié par certains de "menace majeure" dans la région.
Voilà un message bien clair de la part du Kremlin, un message qui souligne que les autorités russes ne coopéreront ni avec Tel-Aviv, ni avec Washington pour la mise en place d’un mécanisme destiné à "supprimer" les forces iraniennes déployées sur le sol syrien, indique l’article.
Pour contrer l'attaque aérienne du 1er juillet d’Israël contre la Syrie, la DCA de la Syrie a eu recours à ses S-200 (non pas ses très sophistiqués S-300) pour détruire les missiles israéliens. Cela veut dire que la Russie n’a pas encore autorisé l’usage des S-300 pour contrer les agressions israéliennes. Nous ne savons pas jusqu’où vont les restrictions de la Russie concernant l’usage par la Syrie des S-300 pour mettre fin aux agressions constantes de l’aviation israélienne. Tout ce que nous savons est que la Russie a livré ces S-300 à son allié syrien en réaction à une campagne aérienne israélienne qui a abouti, il y a des mois, au crash d’un avion Il-20 russe ayant à son bord une quinzaine de militaires russes. Reste à savoir jusqu’à quand la Russie continuera d’interdire à la Syrie d’utiliser ses S-300, une interdiction qui pourrait être considérée par certains comme un laxisme, voire un feu vert de Moscou aux attaques israéliennes contre la Syrie.
D’autre part, il n’est plus acceptable que l’armée israélienne se permette d’utiliser l’espace aérien du Liban pour frapper la Syrie et cela ne s’arrêtera qu’en autorisant à la Syrie de prendre pour cible les avions de chasse israéliens dans le ciel libanais. À noter que les missiles tirés par le système de défense aérien S-300 peuvent atteindre leurs cibles à une distance de 300 kilomètres, ce qui dépasse largement la frontière libanaise.
En attaquant de temps à autre le sol syrien, Israël cherche à provoquer la Syrie et l’Iran et à faire éclater une guerre juste alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accuse l'Iran d’être à l’origine des tensions dans la région », a-t-il ajouté.
Or, une réaction ferme de Damas en coordination avec la Russie aux actes de provocation d’Israël se fait attendre. D'autant plus que ces agressions menacent également les bases militaires russes en Syrie.
L’Iran a été critiqué pour son refus de réagir aux attaques israéliennes visant ses forces en Syrie alors que ce même Iran a abattu un appareil d’espionnage ultra-sophistiqué du grand allié d’Israël, c'est-à-dire les États-Unis. Le coup a produit un si grand choc que le Premier ministre israélien aurait demandé au président américain Donald Trump d’annuler sa riposte éventuelle contre l’Iran. Pourquoi? Par peur d'une contre-offensive de ce dernier et de ses alliés, tous en mesure de tirer des dizaines de milliers de missiles vers les territoires occupés et de mettre ainsi fin au régime israélien. La réaction de la Syrie sera tout aussi ferme et surprenante que celle de l'Iran. Une Syrie qui n’a toujours pas plié l’échine devant une coalition composée de 70 pays, dirigée par les États-Unis, et qui a réussi à récupérer la majorité de son territoire, pourra certes réagir aux actes de provocation d’Israël d’autant plus que les rapports de force sont de plus en plus au profit de l’axe de la Résistance.