Il a fallu une simple roquette tirée on ne sait d'où pour que les conseillers militaires US, plantés dans la base aérienne Balad au nord de la capitale Bagdad commencent à plier bagage, si on en croit l'agence de presse britannique Reuters qui ne passe pas pour être la première en termes d'intégrité professionnelle. Selon l'agence, 400 contractuels américains se prépareraient à quitter l’Irak en deux étapes. Reuters reprend d'ailleurs, trois sources militaires irakiennes qui ont fait part, vendredi 21 juin, de la décision du Pentagone d’évacuer 400 "employés" de Lockheed Martin et de Sallyport Global, travaillant comme contractuels en raison de « menaces potentielles ». Il s'agit de deux plus grandes sociétés américaines qui se préparent à se retirer d'Irak, le premier étant le géant d'armement et le second, une méga société logistique.
Les sources qui rapportent l'information n’ont pas détaillé la nature de ces « menaces » mais les observateurs politiques croient y voir une allusion à peine voilée aux forces de la Résistance irakienne, les Hachd al-Chaabi, noyau dur de cette dynamique anti-américaine en cours de croissance en Irak. Cette semaine plusieurs tirs de roquettes ont visé les sites militaires et pétroliers américains et occidentaux en Irak et à chaque fois, les Etats-Unis ont pointé implicitement de doigt des forces de la Résistance irakienne qui ont toutefois affirmé n'avoir pas besoin de cacher leurs intentions et ont dénoncé des tentatives de "false flag" destinées à faire de l'Irak "la base-arrière d'une action militaire contre l'Iran". Le jeudi 19 juin, un communiqué du Premier ministre irakien a même mis en garde très clairement les "puissances étrangères contre toute action qui dépasserait le cadre souverain de l'Etat irakien".
Les entrepreneurs américains, qui se trouvent actuellement sur la base militaire de Balad, à 80 km au nord de Bagdad, devront bientôt partir en deux étapes. Mais quelle a été leur mission? Sur le papier, les 400 contractuels américains avaient pour mission annoncée d’assurer les services logistiques et les formations destinées au maintien des avions de chasse F-16.
Pour les observateurs politiques, si l'info sur un possible retrait des contractants US est vrai, il s'agit d'un premier retrait militaire américain en Irak et pas des moindres. Du fait de la présence militaire US, les avions F-16 américains n'ont jamais été réellement explorés par les forces nationales irakiennes. Un départ des experts américains pourraient enfin en créer l'occasion.
Au mois de février, un certain nombre de contractuels américains déployés sur la base de Balad ont fait l’objet des enquêtes séparées, dont deux avaient été ouvertes par le Government Accountability Project, pour la mauvaise gestion et des pots-de-vin qu’ils auraient pu verser à une partie irakienne.
Vendredi dernier, la base militaire de Balad a été touchée par de roquettes qui ont causé un incendie sans faire de victimes. Deux autres bases irakiennes hébergeant des forces américaines ont été touchées par des roquettes au cours de la semaine écoulée et mercredi, une roquette a été tirée à proximité d'un site de la compagnie pétrolière ExxonMobil près de Bassora, dans le sud de l'Irak.
Vendredi 21 juin, soit au lendemain de la destruction d'un drone MQ-4C Global Hawk, le président américain Donald Trump qui avait laissé entendre "vouloir lancer des frappes chirurgicales" contre l'Iran avant de prétendre qu'il y avait renoncé pour "préserver la vie de 150 iraniens". Vendredi après midi, Trump a toutefois réaffirmé « vouloir quitter le Moyen-Orient ». Dans la soirée, le président US a une nouvelle fois appelé l'Iran "au dialogue sans condition" mais un dialogue évidemment sous pression des sanctions. Il a ajouté que "si les Américains sont restés jusqu’aujourd’hui dans la région, c’est parce qu’ils avaient besoin du pétrole, mais qu’ils sont depuis devenus un grand exportateur d’énergie".