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Al-Anbar: la Jordanie pourra se sauver sur le dos des Irakiens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Deux soldats américains en Irak. ©AP

La province irakienne d’al-Anbar est le théâtre d’agissements effrénés des Américains qui, se voyant incapables de « contrer » les Hachd via un quelconque compromis avec les tribus sunnites d’al-Anbar, se sont mis à frapper à la porte de la Jordanie. En effet, depuis la libération de Deraa en Syrie et la réouverture du point de passage stratégique d’al-Nassib à la frontière syro-jordanienne, Washington n’a cessé de faire chanter Amman tantôt en l’empêchant de normaliser ses relations commerciales avec Damas, tantôt en envoyant armes et munitions vers l’Irak depuis les bases US en Jordanie.

À présent, les Americains cherchent à faire de la Jordanie une pièce maîtresse dans leur guerre contre la Résistance irakienne, pilier de l’opposition à la présence armée US en Irak. Ce faisant, la Jordanie devrait, espère toujours Washington, faire contrepoids à la route stratégique qui relie désormais l’Irak à la Méditerranée via la Syrie. Mais que fait au juste Washington ? 

Les tribus de la province stratégique d’al-Anbar ont fourni depuis l’émergence de Daech en 2014 le gros des troupes des Hachd al-Chaabi dans cette province où les Américains détiennent leur principale base de campement. Il va falloir donc dissocier les tribus et le commandement des Hachd. D’où les tentatives US pour ranimer les milices tribales « Sahwa ». 

Financé par l’armée américaine, le Sahwa a été créé fin 2006 par le cheikh Ahmed Abou Richa. Ces milices tribales devaient servir les États-Unis dans sa soi-disant lutte contre Daech, mais l’hostilité anti-US au sein des tribus sunnites et surtout le soutien patent et latent US à Daech n’ont jamais permis que la confiance soit établie entre les tribus et l’occupant US. Mais le nouvel ambassadeur US ne désespère pas, quitte à chercher en coulisse à relancer le projet de restitution de Sahwa et des mouvements armés autonomes d’al-Anbar.

Pour le reste, ce sont les terroristes daechistes transférés depuis Raqaa, Idlib, Hassaké et Deir ez-Zor jusqu’aux régions occidentales irakiennes qui devront servir de noyaux durs à ces milices anti-Résistance. 

Mais que vient faire la Jordanie là-dedans ? Dans l’esprit des stratèges américano-israéliens, al-Anbar serait une patrie de substitution pour des milliers de Palestiniens de la Cisjordanie que le Deal du siècle s’apprête à chasser et que la Jordanie ne veut ni ne peut accueillir. Mais il y a plus. 

Les rencontres que les Américains multiplient avec les tribus d’al-Anbar, loin de Bagdad, visent à jeter les bases d’une route alternative propre à saper celle reliant l’Irak à la Méditerranée. La visite inopinée de Mohammed al-Halbousi, président du Parlement irakien, en Jordanie mais aussi aux Émirats arabes unis, et ses rencontres avec le roi Abdallah II et le prince héritier Mohammed ben Zayed s’inscrivent dans le cadre des efforts américains en ce sens. Washington veut créer une route reliant Bagdad, al-Anbar et Amman et tout cela en coordination directe avec les services d’espionnage jordaniens.

Reste à savoir si ce projet, qui peine depuis 2003, date de l’invasion américaine de l’Irak, à se concrétiser, pourra oui ou non voir le jour maintenant que la résistance anti-US et anti Israël en Irak bat son plein. Quant à Amman, plus d’un observateur estime qu’Abdallah II se trompe encore une fois de combat...

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SOURCE: FRENCH PRESS TV