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Les sanctions US contre le pétrole iranien suffiront-elles à fissurer l’OPEP ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le logo de l’OPEP. (Archives)

Le Dr Nersi Ghorban, spécialiste iranien en économie de l’énergie, s’est penché sur la situation des exportations de pétrole iranien pour le journal Iran. Comme la plupart des experts du marché pétrolier, il est d’avis qu’il est impossible de stopper les exportations d’or noir de l’Iran bien que le gouvernement américain ait déployé tous ses moyens pour les réduire à zéro.

En effet, « l’Iran pourra facilement continuer ses exportations de pétrole grâce à ses longues frontières et à la diversité de ses modes de vente. Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de problème : si les exportations de pétrole iranien sont inférieures à leur niveau habituel, les recettes en devises étrangères et le budget de l’État en pâtiront et par la suite l’économie de tout le pays », expliqué M. Ghorban.

« En outre, lorsque nous abordons l’embargo sur le pétrole iranien et les efforts des États-Unis pour l’éliminer du marché mondial en sollicitant les membres de l’OPEP, nous arrivons à cette conclusion que la nature des missions de cette organisation — que la charte souligne expressément — est tout à fait opposée à des sanctions contre l’un de ses pays membres », a-t-il expliqué.  

Le secrétaire général de l’OPEP, Mohammad Barkindo, en visite à Téhéran, avait assuré le jeudi 2 mai que « l’OPEP s’efforce de dépolitiser le pétrole » dont les États-Unis se servent comme « arme contre l’Iran », selon Bijan Namdar Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole.

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En 1960, lorsque l’OPEP a été créée, l’Iran faisait partie des pays fondateurs. L’objectif principal de cette organisation était d’empêcher les multinationales d’exploiter les pays exportateurs. De ce fait, l’immunité des producteurs de pétrole était garantie. Donc, il est inconcevable que les pays membres de l’OPEP décident de se partager la production d’un adhérent frappé par des sanctions. À moins qu’ils ne décident de transgresser la charte de l’organisation et d’en assumer les conséquences.

D’ailleurs, à l’issue de sa réunion avec Mohammad Barkindo, le ministre iranien du Pétrole a déclaré que si un clivage s’installait au sein de l’OPEP à cause de l’unilatéralisme de certains de ses membres, l’Organisation pourrait « s’effondrer ».

Comme l’OPEP prend toutes ses décisions par consensus lors de séances plénières, il est impossible de réduire ou d’augmenter les plafonds de production si un seul de ses membres s’y oppose. D’un autre côté, étant donné que l’organisation ne dispose d’aucune garantie d’exécution, il est probable que certains veuillent enfreindre les lois de la charte.

« Les sanctions imposées par les États-Unis à l’Iran ne constituent pourtant pas en soi une épreuve insurmontable. Dans l’histoire de l’OPEP, on a assisté à des défis bien plus grands comme celui de la guerre de huit ans entre l’Irak et l’Iran — tous deux membres de l’organisation — durant laquelle les armées de l’air bombardaient les installations et les navires pétroliers des pays respectifs. Plus importante encore a été la guerre du Koweït avec l’Irak. Un pays membre (Irak) avait alors envahi un pays fondateur (Koweït). Malgré tout, l’OPEP n’a jamais cessé de travailler », a fait remarquer le Dr Nersi Ghorban.

Rappelons que la proposition de deux membres de l’OPEP, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, de compenser le vide causé par le « retrait de l’Iran du marché pétrolier » n’a pas encore été abordée lors des réunions officielles de l’organisation et n’a été évoquée que dans les médias.

« Pour que son plan économique puisse fonctionner, le royaume saoudien a besoin que le baril du pétrole atteigne les 75 dollars. Par conséquent, il vaudrait mieux distinguer les simples déclarations orales de la position officielle », a-t-il conclu.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV