Ce n’est pas uniquement sur les S-200 ou les S-300 que compte l’État syrien pour faire face au régime israélien à l’avenir. À l’heure où les pourparlers américano-nord-coréens battent de l’aile à cause de la « mauvaise foi » des Américains, comme le confirmait le leader Kim à Poutine la semaine dernière, une délégation nord-coréenne vient de se rendre à Damas. Elle est conduite par le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères qui a rencontré le mardi 30 avril le chef de la diplomatie syrienne. Ce voyage intervient alors que la Corée du Nord continue de chercher à resserrer ses liens avec ses « alliés traditionnels » que sont la Chine, la Russie, mais également avec les pays de l’axe de la Résistance. Il y a aussi et bien sûr là de quoi chercher à accroître les échanges commerciaux avec les pays alliés, après que les négociations avec les États-Unis sur l’allègement des sanctions se sont avérées infructueuses.
Le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Pak Myong-guk, est arrivé le mardi 30 avril à Damas, où il a rencontré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem. Celui-ci a remercié la Corée du Nord pour le soutien indéfectible qu’elle a témoigné à la Syrie.
Les deux parties ont également discuté des voies susceptibles d’élargir les relations, historiquement amicales, entre les deux pays, ainsi que la coopération bilatérale au sein des organisations internationales.
Le chef de la diplomatie syrienne a par ailleurs indiqué que son pays continuerait à soutenir Pyongyang, et les Syriens à être solidaires avec la nation nord-coréenne dans sa lutte contre les politiques hostiles des États-Unis.
Pour sa part, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères a exprimé le soutien de Pyongyang au gouvernement de Damas, en se disait solidaire des Syriens dans leur lutte contre les sanctions iniques et les groupes terroristes financés par les États-Unis et leurs alliés.
Le diplomate nord-coréen a également remercié Damas pour l’appui apporté à la résistance nord-coréenne face au militarisme américain. Il a insisté sur l’importance pour les deux pays d’adopter des positions communes au sein des instances internationales.
Pour les analystes politiques, cette visite aurait néanmoins un double sens : sur le plan commercial, l’État syrien est littéralement engagé dans la mise en œuvre d’une voie stratégique qui vise à relier l’Iran à la Méditerranée via l’Irak. Cette autoroute stratégique, qui devrait être connectée aux Routes de la soie, intéresserait vivement la Corée du Nord. Mais ce n’est pas tout.
Début avril, l’aviation israélienne a pris pour cible la localité de Masyaf à Hama, affirmant avoir visé un centre de recherche où travaillaient des experts nord-coréens et biélorusses. Cette information n’a été confirmée ni par les sources syriennes ni par les sources indépendantes. Toutefois, elle témoigne de l’inquiétude israélienne concernant les coopérations Damas-Pyongyang. Les batteries de missiles S-200 syriens, particulièrement performantes depuis le début de la guerre en 2011, surtout dans le cadre de la défense antiaérienne contre les frappes d’Israël, pourraient être optimisées très prochainement. Certaines sources n’écartent pas la livraison prochaine à la Syrie de missiles antimissiles nord-coréens plus performants, ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour Israël. Surtout que l’arsenal balistique de Pyongyang ne se limite pas aux S-200 et qu’il comprend également des Hwasong-14, batteries antimissiles intermédiaires entre les S-200 et S-300.
L’agence de presse centrale coréenne (KCNA) a rapporté que le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Pak Myong-guk, accompagné d’une délégation, a quitté Pyongyang ce week-end pour une visite dans plusieurs pays membres du Mouvement des pays non alignés (MNA), dont la Syrie et l’Iran.
La semaine dernière, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un a rencontré sous haute surveillance à Vladivostok le président russe, Vladimir Poutine, allié de longue date de Damas et de Téhéran.
Cette tournée pourrait s’inscrire dans le cadre des efforts de Pyongyang pour renforcer ses relations commerciales avec les pays du Moyen-Orient, après les négociations infructueuses entre Kim et Trump à Hanoï.