L’éditorialiste du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, a commenté les déclarations du président russe, Vladimir Poutine, à propos de l’opération d’Idlib en Syrie, lors d’une conférence de presse à Pékin, le 27 avril.
Le président russe a prévenu les groupes armés de ne pas perpétrer d’actes terroristes dans la zone de désescalade d’Idlib et a tenu à souligner que la Russie ne les laisserait pas impunis.
« En ce qui concerne la zone d’Idlib, je l’ai répété à plusieurs reprises et je souhaite le répéter encore une fois. Nous devons continuer à combattre les terroristes qui se sont installés dans cette zone d’Idlib. S’ils effectuent des incursions à partir de là, ce qui arrive de temps en temps, ils subiront une riposte de notre part », a souligné le président Poutine lors d’une conférence de presse à Pékin.
En outre, il n’a pas exclu qu’une opération militaire de grande envergure puisse se dérouler à Idlib compte tenu des intérêts de la population civile locale et bien que celle-ci ne soit pas opportune pour le moment. « Je ne l’exclus pas, mais pour le moment nos amis syriens et nous, nous croyons que cela serait inopportun, et j’ai en vue les intérêts de la population civile », a indiqué le Président russe.
Abdel Bari Atwan rappelle que malgré « le caractère inopportun pour le moment » d’une opération d’envergure à Idlib, sur laquelle a mis l’accent le président Poutine, l’aviation russe a bombardé, ces derniers jours, les positions des organisations terroristes à Idlib.
« Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’ayant fait que retarder depuis octobre 2018 la réalisation de ses promesses concernant l’expulsion des groupes armés d’Idlib, la Russie et la Syrie perdent patience », écrit l’éditorialiste de Rai al-Youm.
L’auteur évoque ensuite les propos du président russe pour louer son allié syrien, Bachar al-Assad, et sa victoire dans la lutte contre les terroristes. Le président Poutine a approuvé les évaluations de l’opposition syrienne selon lesquelles le gouvernement légitime du président Bachar al-Assad était sorti vainqueur de la guerre civile.
« L’opposition syrienne estime que le gouvernement du président Assad, en tant que vainqueur, veut dicter ses conditions au Comité constitutionnel. D’abord, le président syrien n’a pas l’intention de dicter sa volonté, mais l’opposition a raison : le président Assad et son gouvernement sont les vainqueurs. »
D’après Abdel Bari Atwan, ces propos du président Vladimir Poutine véhiculent deux messages importants :
En premier lieu, la Russie et la Syrie ne divergent pas en ce qui concerne la préparation d’une opération d’envergure à Idlib. D’ailleurs, Poutine a ajouté qu’avant de mener une opération militaire à Idlib, il était nécessaire de la coordonner avec le président syrien Bachar al-Assad. « Ce n’est pas nous qui menons une telle opération, c’est lui-même qui la mène avec notre soutien, principalement depuis l’air », a-t-il déclaré.
En deuxième lieu, Abdel Bari Atwan estime que les propos de Vladimir Poutine sous-entendent que les relations avec Tel-Aviv et le Premier ministre du régime israélien, Benyamin Netanyahu, ne pourront pas porter préjudice aux relations spéciales de Moscou avec la Syrie et le gouvernement du président Bachar al-Assad.
D’après l’éditorialiste de Rai al-Youm, c’est cette réaffirmation du soutien à la Syrie qui a encouragé le chef de la délégation syrienne aux négociations d’Astana, Bachar al-Jaafari, a attaqué la Turquie, le 27 avril à Noursoultan (capitale du Kazakhstan), en déclarant que « la Turquie a occupé 6 000 kilomètres carrés de nos territoires dans le Nord, une zone quatre fois plus grande que le Golan occupé par Israël ».
Selon Abdel Bari Atwan, il reste à savoir quelle sera la priorité de la Syrie et de son allié russe : la libération de l’est de l’Euphrate, où se trouve les plus grands gisements de pétrole et de gaz naturel de la Syrie, ce qui provoquerait une confrontation avec les FDS kurdes et leurs soutiens américains, ou la libération d’Idlib où sont installés des groupes radicaux comme Hayat Tahrir al-Cham (ex-Front al-Nosra), soutenus par la Turquie ?
Atwan écrit : « Poutine a estimé que le moment n’était pas opportun pour mener une opération d’envergure à Idlib. Faut-il comprendre que la priorité de Damas et de son allié russe est de mener d’abord une grande opération pour libérer l’est de l’Euphrate ? »