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Soudan: l’armée a destitué le président, les médias évoquent un coup d’État

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président soudanais Omar Hassan el-Béchir effectue le salut lors d'un défilé militaire à la base aérienne de Marwa, au nord de Khartoum, le 9 avril 2017. ©AFP

Les analystes politiques de tout bord le prévoyaient : les événements qui ont secoué ces deux derniers mois l'Algérie n'iraient pas sans faire la tache d'huile sur les pays voisins : à commencer par la Libye où le général Haftar mène la vie dure à son rival Serraj, bénéficiant d'un soutien militaire bien structuré que d'aucuns attribuent à l'axe Riyad-Abou Dhabi mais qui pourrait ne pas être totalement étranger avec Moscou.

Le coup d'État qui vient d'avoir lieu au Soudan fait de ce pays ultra stratégique de la corne d'Afrique, la scène d'un scénario plutôt proche du cas algérien. Depuis que la foule largement manipulée par les médias occidentaux s'est dirigeait vers le QG d'état-major, l'armée a compris qu'en continuant à rester "neutre", elle risque de voir le pays plonger pour de bon dans la guerre civile, projet sur quoi travaillent depuis bien fort longtemps les occidentaux, c'est à dire depuis que le fameux "Darfour case" est devenu le choux gras des médias "mainstream" avec en toile de fond, les risques d'introduction de Béchir devant la CPI, estime Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique, selon lequel, il a fallu que l'ex homme fort de Khartoum fasse d'humiliantes concessions genre, amputer le Soudan du sud pétrolifère, couper ses liens avec la Résistance, participer à la terrible guerre génocidaire contre le Yémen pour qu'"on" le laisse provisoirement tranquille. Provisoirement, puisque Béchir a mené sournoisement son travail de sape dans un sens qui n'a pas toujours répondu aux intérêts de l'Occident: avec les Sud-soudanais, il a tissé des liens propres à contrer les projets pétrogaziers des Occidentaux et surtout il fait le choix de jouer sur le terrain russe. Le stratégique Soudan a ainsi ouvert ses portes aux pétroliers de Poutine, à ses centrales et est allé jusqu'à vouloir doter la Russie de sa première base dans la corne de l’Afrique où les Américains travaillent d'arrache-pied à l'émergence d'un bloc anti sino-russe. 

Des mois de protestations de rue avec en filigrane des morts n'ont réussi à faire vaciller le dictateur de son piédestal; il a fallu toutefois que les manifestations atteignent le QG de l'armée pour qu'à la fois Béchir et l'armée comprennent qu'un seuil dangereux venait à être franchi. 

Alors même que les médias atlantistes n'avaient pas encoure eu vent du coup d'État, les médias régionaux ont rapporté la destitution par l'armée de l'ex-président de son post, l'arrestation d'une centaine de personnalités soudanaises au matin de jeudi 11 avril. 

Lors d’une réunion d’urgence ce jeudi, l’armée a décidé de destituer le président Omar Hassan el-Béchir de toutes ses fonctions, ainsi que les ministres de son cabinet. Selon le journal Al-Hadath, des sources locales font état de l’arrestation du président el-Béchir et de certains ministres de son cabinet, notamment l’ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohammed Hussein. Plus tôt, la télévision d’État a annoncé que l’armée allait diffuser « une déclaration importante ». Un groupe d’officiers de l’armée sont entrés dans les locaux de la radio d’État pour veiller à ce que la déclaration soit diffusée sur toutes les fréquences. Pour le reste la radiotélévision d’État a interrompu ses émissions pour diffuser des chants patriotiques depuis jeudi matin et annoncer la diffusion prochaine de la déclaration de l’armée.

Selon le journaliste d'Al Alam qui rapporte depuis Khartoum, l'armée aurait dissous la garde présidentielle, assigné à résidence Béchir et mis sur place un conseil de transition, un peu comme en Algérie où l'armée a pris les choses en main pour éviter l'effusion du sang. "Ce n'est peut être pas la manière idéale pour un "shift power" mais cela permet au moins de limiter au maximum les violences voire les ingérences des parties étrangères. Dans le même temps on ne peut commenter la situation indépendamment de ce qui se passe en Libye: suivant les plans américains, les parties liées aux Frères musulmans devraient perdre du terrain dans la corne d'Afrique et en Afrique du nord ( Serraj et Béchir en font partie, NDLR) mais je suis loin de penser que les USA veuillent voir l'armée les remplacer. Les Américains et leurs alliés saoudien et émirati sont plutôt pour des pions comme le Premier ministre éthiopien. Avec l'intervention de l'armée, Il y a au Soudan, à mon avis un contre-scénario, qui vicie un peu les plans américains, un contre-scénario sino-russe? il est encore tôt pour le savoir", affirme Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique au micro de PressTV. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV