TV
Infos   /   A La Une   /   Iran   /   Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

L'Égypte se retire de l'« OTAN arabe » pour éviter tout face-à-face avec l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président égyptien, Abdelfatah al-Sissi, lors d'une parade militaire, 2014. ©AFP

L’Égypte s’est retirée donc du machin-chose conçu par les États-Unis avec les pétrodollars saoudiens et qui se nomme « OTAN arabe » et dont la vocation consiste à faire la guerre contre l'Iran. Le président al-Sissi, de plus en plus récalcitrant à l'oukase US, a d'ailleurs eu droit mercredi à un sévère avertissement signée Pompeo : « Le président américain Donald Trump imposera des sanctions à l'Égypte si le pays achète des avions de combat russes SU-35 », a-t-il dit lors d'un discours devant le Congrès. Les Américains se disent aussi mécontents de l'appui en catimini qu'apporterait Le Caire à l'offensive militaire du général Haftar contre Tripoli.

« L’Égypte a fait part aux États-Unis et aux autres membres de l'Alliance stratégique pour le Moyen-Orient (MESA) de sa décision de s'en retirer. Par ailleurs, Le Caire n'enverra pas de délégation au prochain sommet de cette Alliance qui se tiendra dimanche à Riyad, en Arabie saoudite », selon des sources arabes. 

La décision du Caire de renoncer à sa présence au sein d'une alliance de guerre contre l'Iran semble toutefois plus importante que toute autre : Depuis que les États-Unis exigent du Caire son adhésion au Deal du siècle, quitte à faire du Sinaï, une terre d'accueil pour les Palestiniens d'une Gaza à annexer par Israël, les coopérations Le Caire-Washington et Le Caire-Israël devient de plus en plus difficile. D'où un certain rapprochement entre l'Égypte et la Résistance palestinienne qui inquiète Tel-Aviv. Après l'annonce d'une reconnaissance américaine de l'occupation israélienne du Golan, al-Sissi semble toutefois décider de marquer sa distance : les Américains veulent la guerre aux frais des Arabes, ce à quoi rechigne visiblement le président. La coalition militaire anti-iranienne parrainée par les États-Unis n'a pour l'heure ni de programme précis ni de feuille de route claire, c'est un épouvantail stérile, sans cesse brandi alors que les États-Unis ont déclaré à l'Iran en "blacklistant" les forces armées iraniennes.

Cette décision du Caire intervient alors que le 9 avril, le secrétaire d'Etat US a rencontré le président al-Sissi et l'a remercié d'avoir tout fait pour contrer les nuisibles efforts du régime iranien"

 

Le refus du Caire met à mal les efforts des États-Unis pour rallier leurs alliés arabes à un pacte politico-sécuritaire et économique servant de rempart contre l’Iran, indique l'information. 

L’Égypte s’est retirée du projet MESA faute de programme précis et par crainte de l'escalade des tensions avec l’Iran, a déclaré une autre source arabe sous couvert de l’anonymat qui a ajouté que l'incertitude quant à la réélection de Donald Trump aux prochaines présidentielles et au suivi du projet par son éventuel successeur avait également anticipé la décision de l'Égypte.

Réaction saoudienne

Pour le régime de Riyad, le retrait du Caire de sa coalition est un coup dur « Cela ne va pas bien », a déclaré une source saoudienne à la presse sans ajouter d'autres formes de commentaires. « l’OTAN arabe », proposée initialement par l’Arabie saoudite en 2017, a été accueilli par les autorités américaines comme l’un de leurs principaux projets de guerre contre l’Iran mais elles y voient aussi et dans une certaine mesure, un plan destiné également à contrer la Russie et la Chine. L’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Koweït, Bahreïn, Oman, et la Jordanie font partie de l'alliance.

La nouvelle du retrait de l’Égypte est tombée alors que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est rendu à Washington, deux jours après la réunion de Riyad, pour des entretiens avec son homologue américain, Donald Trump. Avant la réunion, celui-ci avait déclaré qu'ils parleraient de problèmes de sécurité, sans aucune allusion au projet de l’« OTAN arabe ». Le retrait de l’Égypte, qui possède la plus grande armée du monde arabe, est le dernier revers de l'OTAN arabe. 

L'Alliance avait déjà été mis en cause suite au scandale international provoqué par l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en octobre 2018; un meurtre commandité par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, selon les responsables turcs.

Les querelles entre alliés arabes et le boycott économique et politique du Qatar par Riyad ont constitué un autre obstacle au projet de l’ « OTAN arabe ». Pour rappel, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, est un fervent partisan de l'OTAN arabe et un architecte de sa stratégie contre l'Iran.

Pour certains analystes, la dangereuse décision américaine concernant l'inscription du CGRI (Corps des gardiens de la Révolution islamique) sur la liste noire aurait également jouer en faveur du retrait égyptien, la mesure étant potentiellement apte à une guerre totale à l'échelle de la région. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV