C'est à coup de bulldozer, de chars et d'obus de mortier et sous le prétexte d'un réaménagement du territoire que le régime saoudien a tenté en 2017 d'étouffer dans le sang la révolte anti-discriminatoire de la province de Qatif. Cette région pétrolifère qui abrite les principaux sites d'exploitation pétro-gaziers saoudiens- avec une production de 800 000 b/J et de 370 millions de pieds cubes de gaz quotidiennement- compte pourtant le plus grand nombre de démunis de toute l'Arabie. Mais la destruction des quartiers entiers, la répression sanglante de toute voix dissidente ne semble pas avoir été à même d'étouffer les voix.
Pire, cette répression a même conduit la population à bout. Une information qui date de quelques heures mais qui est soigneusement formatée par les médias saoudiens et atlantistes évoquent une "opération terroriste" contre un post frontalier saoudien à Qatif qui aurait échoué. mais rien n'empêche d'y voir les permisses de l'émergence d'une lutte armée contre un État saoudien viscéralement ségrégationniste qui refuse tout à sa propre population puisque celle-ci est chiite.
Selon Al-Arabiya, " des individus armés à l’identité inconnue ont attaqué les forces saoudiennes, le 7 avril, dans un poste de contrôle dans la province de Qatif, dans l'est de l'Arabie saoudite, souligne la chaîne dans un communiqué fort laconique qui se termine ainsi : "Les quatre suspects, dont trois figuraient sur la liste des terroristes recherchés par Riyad, avaient tenté de quitter le pays par un point de contrôle situé près d'Abou Hadriyah à Qatif"
Et pourtant il y a bien lieu de lire autrement cette info : le poste de contrôle d'Abou Hadriyah se trouvent sur l'axe reliant Qatif au Koweït et à Bahreïn, cet autre pays que les troupes saoudiennes occupent depuis 2011 sous prétexte à avoir y réprimer, en soutien au régime des Al- Khalifa, une "insurrection chiite". Al-Arabiya évite aussi de souligner que les "assaillants" n'en étaient pas à leur première opération. En octobre et en septembre 2018 des opérations similaires ont visé les postes militaires avec à chaque fois une violente réaction du régime de Riyad qui a procédé à davantage de répression sans trop de succès. "
Les analystes n'écartent pas la résurgence d'un mouvement de lutte armée dans l'est d'Arabie en réaction à la politique de répression intense des chiites dont le Leader a été décapité en 2016 à peine quelques semaines après que Ben Salmane eut été nommé ministre de la Défense.
Les agences d'information soulignent que le gouvernorat de Qatif, à peuplement majoritairement chiite, fait partie de la province d’ach-Charqiya dont la population constitue 15 % de la population totale du royaume. Depuis 2011, Qatif est le théâtre de protestations contre l’injustice et la distribution inéquitable des richesses du pays. Les manifestations à Qatif ont été constamment réprimées par les forces de sécurité saoudiennes et des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées lors d’interventions musclées". Mais ce qui s'est produit dimanche 7 avril au post de police d'Abou Hadriyah semble être beaucoup plus qu'un simple incident.
Source des photos: Fars News