À peine un jour après l’envoi d’un contingent de soldats chinois au Venezuela, Washington s’en prend à Pékin en dénonçant le franchissement par deux chasseurs chinois de la « ligne médiane » du détroit de Formose, qui sépare la Chine continentale de l’île de Taïwan et qui n'a jamais été reconnue par la Chine, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire.
Dans un message sur Twitter, John Bolton a écrit : « La provocation militaire chinoise ne gagnera ni les cœurs ni les esprits à Taïwan. Mais elle rend déterminés les peuples du monde entier attachés à la démocratie. La loi sur les relations avec Taïwan et notre engagement sont clairs. »
Deux chasseurs J-11 de l’Armée populaire de libération auraient survolé la zone pendant une dizaine de minutes après avoir franchi la ligne médiane marquant la frontière entre la Chine continentale et l’île de Taïwan.
De l’avis des analystes taïwanais, par ce geste, la Chine lance un avertissement à l’adresse de Washington selon lequel les navires de guerre américains doivent cesser de naviguer dans le détroit de Taïwan.
Le président chinois Xi Jinping avait déclaré que « Pékin se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires » à l’encontre des « forces extérieures » qui agissent contre la réunification pacifique. Il n’a pas écarté la possibilité d’un recours à la force pour rétablir la souveraineté chinoise en cas de proclamation formelle d'indépendance à Taipei ou d'intervention extérieure.
«L'indépendance de Taïwan ne pourra conduire qu'à une impasse», avait averti M. Xi. «La Chine doit être réunifiée et elle le sera», avait-il ajouté.
Ce nouveau bras de fer intervient dans un climat de pressions diplomatiques et militaires accrues à l’approche de l’élection présidentielle taïwanaise du début de l’année prochaine.
Les relations entre Pékin et Taipei se sont détériorées depuis la prise de fonction en 2016 de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, favorable à une indépendance officielle de Taïwan, une demande considérée comme inacceptable par Pékin.
Washington n’a aucune relation officielle avec Taïwan, mais constitue le principal fournisseur d’armes de l’île. Le Pentagone a déclaré que Washington avait vendu à Taïwan pour plus de 15 milliards de dollars d’armements depuis 2010.
Fin janvier, la marine chinoise a renforcé ses patrouilles suite au passage qualifié de « routine » par Washington de deux navires de guerre américains dans le détroit de Formose.
Selon un rapport de l’IRNA, les coûts de transport en mer de Chine méridionale s’estiment entre 3 milliards et 5 000 milliards de dollars par an. La Chine y a même construit des îles artificielles et des aéroports depuis un certain temps.
Cependant, après l’arrivée au pouvoir de l’administration de Donald Trump, les États-Unis ont encore renforcé leur présence dans le Sud et tentent d’y faire venir d’autres pays occidentaux tels la France, l’Angleterre et l’Australie.
De son côté, la Chine renforce rapidement sa force de dissuasion contre les États-Unis et elle a, à plusieurs fois, averti le pays de quitter la région avant qu’il ne soit pas tard.
Dans cette optique, ce qui est dangereux est que « plus la Chine augmentera sa capacité de dissuasion en construisant et en déployant des armes de pointe, des navires et des avions de combat dans la mer du Sud, plus les États-Unis et leurs alliés enverront leurs flottes et leurs avions dans la région. Cela augmente également le risque de confrontation militaire entre les parties ».
Les analystes prévoient l’escalade des tensions entre les deux pays en mer de Chine méridionale en 2019.