Cela fait des mois que les États-Unis tendent à ne plus déployer de porte-avions dans le golfe Persique. Le 27 mars dernier, l'USS Theodore Roosevelt a quitté le golfe Persique pour l’océan Pacifique. Suite à son départ, un groupe de navires de l’US Navy dirigé par le porte-avions USS Harry S. Truman a mis le cap sur la Méditerranée pour rejoindre la 6e flotte des États-Unis et de là, se rendre au Proche-Orient. Mais trois mois plus tard, l’armée américaine a annoncé un changement dans la mission de l’USS Harry S. Truman : il est retourné à son port d'attache de NAS Norfolk, en Virginie, le 17 juillet, et n’a finalement pas atteint le golfe Persique. Les experts prévoyaient un changement de cap et de tendance côté américaine : les manœuvres « non professionnelles » des Américains et les accrochages avec les forces navales iraniennes dans le golfe Persique tendent à être réduits à zéro. Et les manœuvres maritimes d'envergure du CGRI et des forces armées iraniennes ces derniers temps ne sont nullement étrangères à cet état de faits. L'une des dernières d'entre elles, "Velayat 97", les submersibles iraniens ont testé avec succès des missiles de croisière en immersion. Face à de tels risques, les USA frappent à la porte d'Oman pour éviter de plus en plus le détroit d'Hormuz.
Les États-Unis ont signé le dimanche 24 mars un accord avec le Sultanat d’Oman qui, selon les autorités américaines, permettra un meilleur accès à l'armée américaine dans la région du golfe Persique mais qui vise essentiellement à réduire la "nécessité d'envoyer des navires par le détroit d'Hormuz", point de passage maritime au large de l'Iran.
L'ambassade américaine à Mascate a déclaré dans un communiqué que l'accord régissait l'accès américain aux installations et aux ports de Duqm ainsi que de Salalah et "réaffirme l'engagement des deux pays à promouvoir des objectifs de sécurité mutuels".
Coté omanaise, l’accord est visiblement vu à travers un prisme économique car le Sultanat d’Oman souhaite développer Duqm tout en préservant son rôle impartial dans la politique et la diplomatie du Moyen-Orient.
Un responsable américain, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a déclaré que l'accord était important en améliorant l'accès aux ports qui relient un réseau de routes à la région élargie, donnant ainsi à l'armée américaine une "grande résilience en cas de crise". Par le mot crise, le responsable veut évoquer implicitement une confrontation avec l'Iran : " Pourtant l'argument évoqué paraît bien boiteux puisque les États-Unis disposent de leur plus grande base navale au monde à Bahreïn ainsi que de plusieurs autres bases au Qatar et aux Émirats, notent les experts. « Nous avions l'habitude d'opérer en partant du principe que nous ne pouvions pénétrer que dans le golfe Persique », reconnait d'ailleurs le responsable américain, ajoutant que "la qualité et la quantité des armes iraniennes suscitent des inquiétudes".
L’Iran a déjà déclaré que si les mesures hostiles des États-Unis s’intensifiaient et que les sanctions empêchaient l’Iran d’exporter son pétrole, il pourrait bloquer le détroit d’Hormuz, dont le chenal de marée est l’une des routes les plus importantes au monde pour le passage des pétroliers.
Présence chinoise inquiète les USA
Mais une confrontation militaire avec l'Iran est l'un des sujets qui inquiète les États-Unis. En effet le nouvel accord est aussi un moyen pour les États-Unis de limiter l’influence chinoise au Sultanat d’Oman, sachant que la Chine est le premier partenaire commercial du sultanat. Les entreprises chinoises ont annoncé vouloir investir jusqu'à 10,7 milliards de dollars dans le projet Duqm, une injection massive de capitaux au Sultanat d’Oman, dans le cadre d'un accord commercial, potentiellement capable de devenir militaire, la Chine n’ayant jamais hésité à se frotter aux installations militaires américaines.
En 2017, Djibouti, positionné sur un autre point géostratégique ultra important, à savoir le détroit de Bab-el-Mandeb, a accueilli la première base militaire de la Chine à l'étranger. L’armée américaine avait déjà une base située à quelques kilomètres de distance de la base en question.