Offusqué par l’achat du système de défense antiaérienne russe S-400, Donald Trump vient de signer un projet de loi bloquant le transfert des avions de combat F-35 vers la Turquie. Pour de nombreux analystes, la mesure vise surtout à pousser Ankara sur "le droit chemin", c'est à dire à lui éviter de se laisser trop emporter par "les accords conclus à Sotchi". En effet, la semaine dernière à Sotchi, Téhéran, Moscou et Ankara ont décidé de faire avancer les choses par étape : puisque la Turquie a fait en sorte qu'al-Qaïda, (Al-Nosra) puisse prendre le contrôle de 90% de la province d'Idlib, et bien il faut y parer au plus vite et ce, sur base d'accord Adana : dans un premier temps la Russie et la Turquie agiront pour créer des zones démilitarisées et désarmer les terroristes et dans un second, ce sera le relais russe qui sera passé à la Syrie. Tout ceci signifiera le retour de l'État syrien dans le nord et le déploiement de l'armée syrienne sur les frontières avec la Turquie. À l'heure où les États-Unis font tout pour impliquer l'OTAN en Syrie, la Turquie a -t-elle réellement la capacité d'honorer ses engagement? Le président Assad n'y croit guère, lui qui a traité dans son récent discours le président turc de "valet des Américains". C'est dans ce contexte que l'affaire F-35 revient en force.
Le projet de loi voté par le Congrès américain concernant le blocage du transfert des avions de combat F-35 de nouvelle génération vers la Turquie a été signé, ce mardi 19 février par le président américain Donald Trump.
Les États-Unis avaient décidé en juin dernier d’exclure la Turquie du projet de fabrication des F-35 de cinquième génération et d’interdire également de fournir à Ankara ces avions.
Selon la facture de dépenses signée vendredi par Trump, la livraison des avions à réaction à la Turquie sera bloquée jusqu’à ce que le secrétaire d’État américain et le secrétaire à la Défense soumettent une mise à jour du rapport concernant l’achat par la Turquie du système de défense antimissile S-400 à la Russie.
Dans un précédent rapport présenté au Congrès à la fin du mois de novembre, le Pentagone avait déclaré que l’achat par la Turquie des systèmes de missiles russes S-400 pourrait entraîner l’expulsion potentielle d’Ankara du programme des F-35 et affecter l’acquisition d’autres armes, notamment celle de Boeing CH-47 Chinook, de chasseurs F-16 de Lockheed et d’hélicoptères UH-60 Black Hawk.
Le projet d’acquisition du système russe de défense antimissile S-400 par la Turquie donnerait à « l’ennemi juré » de l’OTAN, la Russie, l’opportunité d’approfondir ses connaissances sur les avions de chasse américains F-35 qui arrivent en grand nombre en Europe.
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé l’achat du système de défense antiaérienne S-400 de la Russie en précisant que les S-400 russes ne pourraient pas faire demi-tour en 2019.
La Turquie s’attend à ce que la livraison des missiles de défense commence cette année.
Le projet de loi du Congrès impose aux départements américains d’inclure une description détaillée des projets d’imposition de sanctions, si la Turquie adopte les systèmes S-400 en vertu de la section 231 de la loi relative à la lutte contre l’influence russe en Europe et en Eurasie.
Depuis qu’Ankara et Moscou ont conclu un accord sur l’acquisition par la Turquie de systèmes de défense S-400, les législateurs américains s’inquiètent de la possibilité que la Russie utilise les S-400 pour collecter des données secrètes sur le F-35.