Alors que la détention de la journaliste de Press TV entre dans son septième jour et que celle-ci risque de se prolonger, vu son caractère parfaitement "politique" et "anti-constitutionnel", la presse occidentale en général et celle en France en particulier, tend à justifier cet acte. Sous d'autres cieux, l'arrestation d'un journaliste en visite privée dans son pays d'origine et ce, sans aucun motif légal ou valable, aurait suscité les commentaires hostiles de la presse française, les condamnations du Quai d'Orsay, voire celles de l'Elysée. Aux États-Unis, un tel geste suscite l'approbation des journalistes de Le Point et Le Figaro.
Dans des articles datés de 18 et de 20 janvier, les journalistes de ces deux quotidiens tendent même à justifier l'arrestation de Hachemi au motif que cette dernière aurait tourné des documents "pro-régime ". Argument largement boiteux au regard de la définition même de la liberté de presse dont se réclament les médias dominants en France. Il est vrai que depuis que les Gilets jaunes envahissent chaque weekend les rues de la France, la notion même de la liberté d'expression et d'idée est à relativiser en France.
En effet l'affaire "Hachemi", du nom de la journaliste d'origine afro-américaine de Press TV semble prendre une allure parfaitement politique. Alors que cette dernière s'apprête à comparaître mercredi 23 janvier dans un tribunal US pour le non crime (!!!) , le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a demandé dans un tweet daté de 20 janvier la libération "des Américains détenus en Iran". Déçu par sa tournée moyen orientale, le secrétaire d'état s'est-il livré à une manœuvre de bas de gamme, quitte à se servir d'une journaliste à titre de monnaie d'échange? Fort possible.
Après tout, les détenus américains dont Pompeo parle à savoir Bob Levinson, Xiyue Wang, Baqer et Siyamak Namazi, ont reconnu avoir espionné pour compte des États-Unis et dans le stricte objectif de nuire aux intérêts iraniens et à aucun moment de leur carrière, ils n'ont pratiqué une quelconque activité journalistique. Autre question : Press TV étant un média, est-il concevable de s'en prendre aux personnels d'un média sous prétexte d'avoir à régler son compte avec un État ennemi dont se revendique ce même média?
La demande de Pompeo, émise peu après l’arrestation de Marzieh Hachemi, traduit bel et bien, l’objectif véritable de cette détention, ou en terme plus juste, cette prise d’otage.
À lire: Hachemi détenue : Téhéran porte plainte
Nombreux sont les analystes américains, passant régulièrement sur PressTV, qui pensent que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, ou le conseiller US à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, ont ordonné l’arrestation et la détention de Mme Hachemi et que celle-ci paie là, le prix d'une dérive parfaitement insensée d'une administration aveuglée par sa haine anti-Iran. PressTV est victime de la politique iranienne de la Maison Blanche qui méprise le droit internationale, les principes démocratiques et désormais la Constitution me^me des Etats-Unis.
Dans une interview avec Fars News, Ricardo Bascuas, professeur de droit à l’Université américaine de Miami, a qualifié l’arrestation et la détention de la journaliste Marzieh Hachemi de « contraire à la Constitution américaine ». Selon le professeur Ricardo Bascuas, il s’agirait d’une pratique courante du gouvernement américain lorsqu’ aucun chef d’accusation valable ne pèse sur un individu, ce qui constitue une violation du quatrième amendement de la Constitution américaine.
L’affaire Hachemi a «révélé le vrai visage des États-Unis»
— Press TV Français (@PresstvFr) January 16, 2019
La police américaine a arrêté Mme Hachemi, journaliste et présentatrice de la chaîne d’information iranienne Press TV en anglais, sans fournir de motif spécifique. pic.twitter.com/vgP5De6uCs
L’affaire est semblable d'ailleurs à celle de RT America, une filiale de la chaîne de télévision russe RT, qui est la cible du département américain de la Justice depuis novembre 2017 accusée qu'elle est, d’être un « agent étranger » aux États-Unis. Cette affaire est intervenue à la suite d’un rapport du directeur du renseignement national américain accusant RT d’avoir contribué à la présumée campagne du Kremlin visant à s’immiscer dans la présidentielle américaine de 2016.
Marzieh Hachemi s’est installée en Iran après sa conversion à la religion musulmane. Elle a été, arrêtée dimanche 13 janvier à St. Louis, dans le Missouri, où elle avait filmé un documentaire intitulé Black Lives Matter. Elle est placée en détention à Washington qui reconnait son innocence mais dit la détenir pour l'inciter à comparaître à titre de témoin dans une enquête au contenu inconnu.