TV

Que visent les monarchies arabes et Israël en s’approchant de Bachar al-Assad ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Panneau d’affichage à Damas saluant les victoires obtenues par Bachar al-Assad. ©AFP/Archives

Le chef du Mossad Yossi Cohen a rencontré des responsables saoudiens, émiratis et égyptiens le mois dernier pour discuter des moyens de contrer l’influence régionale de la Turquie et de l’Iran, selon des informations recueillies par le site web Middle East Eye.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte ont manigancé un plan avec Israël pour accueillir de nouveau le président syrien Bachar al-Assad au sein de la Ligue arabe afin de marginaliser l’influence régionale de la Turquie et de l’Iran, révèle Middle East Eye (MEE).

Cette initiative diplomatique a été approuvée lors d’une réunion secrète, tenue dans une capitale du golfe Persique le mois dernier, à laquelle ont assisté de hauts responsables des services de renseignement des quatre pays, dont Yossi Cohen, directeur du Mossad, ont indiqué à Middle East Eye des sources informées du dossier.

La réunion a également été organisée en réaction au « refroidissement » notable des relations entre le président américain Donald Trump et Riyad depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en octobre 2018.

Trump a publiquement pris le parti du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, que la CIA et des membres du Congrès américain tiennent pour responsable du meurtre de Khashoggi.

Cependant, selon un responsable au courant de cette rencontre, il aurait été dit aux responsables des services de renseignement : « Trump a fait ce qu’il pouvait et il ne fera rien de plus. »

Les responsables ont également convenu lors de la réunion qu’ils considéraient la Turquie et non l’Iran, comme leur principal rival militaire dans la région et ils ont discuté de plans pour parer l’influence d’Ankara.

Les Israéliens ont déclaré à cette occasion que l’Iran pouvait être maîtrisé militairement mais que la Turquie avait des capacités beaucoup plus grandes. Lors de la réunion, Cohen aurait déclaré : « Le pouvoir iranien est fragile. La vraie menace vient de la Turquie. »

Pour résoudre ces problèmes, les participants à la réunion ont convenu de quatre mesures.

 

 

Négocier avec les Taliban en Afghanistan

La première consistait à aider Trump à retirer ses forces d’Afghanistan où environ 14 000 soldats américains sont toujours déployés et à négocier avec les Taliban.  

Une réunion entre des responsables américains et Taliban a eu lieu à Abou Dhabi la semaine suivante dans le cadre de discussions auxquelles participaient des responsables saoudiens, émiratis et pakistanais.

Contrôler la carte sunnite en Irak

La deuxième mesure consistait à « contrôler la carte sunnite » en Irak, ce qui implique des efforts pour minimiser l’influence de la Turquie au sein de l’alliance de l’Axe national, le plus grand groupe parlementaire de députés sunnites irakiens.

Un retour vers Bachar al-Assad

Troisième mesure discutée: une initiative diplomatique visant à rétablir des relations diplomatiques complètes entre les trois États arabes et le président syrien Bachar al-Assad.

La rencontre des chefs des services de renseignement portait sur le message qu’ils souhaitaient transmettre à Assad qui s’est largement appuyé sur le soutien de l’Iran et du Hezbollah : « Ils ne s’attendaient pas à ce que Bachar al-Assad rompe ses relations avec l’Iran, mais ils voulaient que le président syrien utilise les Iraniens plutôt que d’être leur outil », a expliqué un responsable arabe informé des discussions.

Le message était le suivant : « Revenez à la façon dont votre père traitait les Iraniens, au moins comme des égaux, au lieu d’être soumis aux intérêts iraniens. »

Un déluge de visites a suivi la réunion des services de renseignement. Omar el-Béchir, le président soudanais, est arrivé à Damas le 16 décembre dans le cadre de la première visite officielle d’un dirigeant arabe depuis 2011. Un geste qui, selon ce que l’analyste spécialiste de la Syrie, Kamal Alam a écrit dans MEE, n’aurait pas pu se faire sans un signe d’assentiment de Riyad.

Ali al-Chamsi, responsable adjoint des services de renseignement émiratis, s’est rendu aussi à Damas  une semaine durant et le 27 décembre, les Émiratis ont annoncé la réouverture de leur ambassade après huit années de portes closes.

Le même jour, Bahreïn qui est étroitement lié à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, a annoncé qu’il allait rétablir sa mission diplomatique en Syrie.

Trois jours plus tôt, Ali Mamlouk, conseiller spécial d’al-Assad en matière de sécurité, avait effectué une rare visite publique au Caire et des sources ont rapporté à MEE que l’annonce de la normalisation complète des relations syro-égyptiennes était attendue sous peu.

L’Égypte veut que le gouvernement syrien désigne ses principaux ennemis comme étant la Turquie, le Qatar et les Frères musulmans, ont assuré des sources.

Ces agissements sont censés permettre un retour de la Syrie dans la Ligue arabe et le soutien des États arabes à Damas pour s’opposer à la présence militaire d’Ankara dans le nord de la Syrie où les forces turques ont été déployées contre les combattants des Unités de protection du peuple (YPG).

L’Algérie souhaiterait inviter al-Assad à participer au prochain sommet de la Ligue arabe qui se tiendra en Tunisie en mars prochain, sept ans après la suspension de l’adhésion de la Syrie à cette organisation.

 

Soutenir les Kurdes contre la Turquie

La quatrième mesure adoptée lors de la réunion consistait à soutenir les Kurdes de Syrie contre les tentatives de la Turquie d’expulser les YPG et leur homologue politique, le PYD, des régions près de la frontière turque jusqu’à la frontière irakienne.

Les responsables du renseignement ont également convenu de renforcer les relations avec le Gouvernement régional du Kurdistan irakien (KRG) et d’empêcher toute réconciliation avec Ankara depuis l’échec du référendum sur l’indépendance de cette région en autonome 2017.

« Les Saoudiens eux-mêmes ne veulent pas être à l’avant-garde de cet effort diplomatique visant à courtiser al-Assad. Mais ils sont d’accord avec la politique consistant à tenter de faire en sorte qu’al-Assad affaiblisse la Turquie », a déclaré une source informée.

Israël n’a pas eu de contact direct avec Bachar al-Assad mais s’est servi d’hommes d’affaires syriens chrétiens et alaouites comme intermédiaires. Ce même groupe a joué un rôle dans la restauration des relations entre les Émirats arabes unis et Damas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV