L’Arabie saoudite devra recevoir 195 millions de dollars US pour moderniser son système de défense antimissile « Patriot Advanced Capability-3 » (PAC-3) dans le cadre d’un plan de l’administration Trump.
Le gouvernement américain a approuvé l’allocation d’environ 200 millions de dollars pour améliorer les défenses antimissiles de l’Arabie saoudite, malgré le tumulte continu au sein du Congrès américain autour de l’affaire de l’assassinat du journaliste dissident saoudien, Jamal Khashoggi, a écrit dimanche 6 janvier le journal Al-Monitor.
En vertu de l’accord commercial approuvé par le Département d’État américain en décembre, l’Arabie saoudite recevra 195 millions de dollars pour améliorer ses défenses Patriot PAC-3, y compris un système de guidage. Cela devrait augmenter sa capacité à intercepter des missiles balistiques capables d’éviter des radars fabriqués aux États-Unis, écrit le journal.
Bien que le département d’État ait informé le Congrès de la vente en décembre, la valeur exacte de la transaction n’a pas été rendue publique. Les chiffres ont été fournis à Al-Monitor par le centre « Security Assistance Monitor », basé à Washington.
« Donald Trump a indiqué que les États-Unis resteraient un partenaire ‘‘inébranlable’’ pour l’Arabie saoudite, malgré les tensions, en rapport avec la guerre au Yémen et la mort de Khashoggi », a déclaré au journal Al-Monitor, un porte-parole du département d’État américain.
L’ancien secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour le contrôle, la vérification et la conformité des armements, Frank Rose, a confié à Al-Monitor que la modernisation de la défense antimissile améliorerait les algorithmes du radar du système pour cibler les missiles balistiques.
Et alors que Riyad investit dans les batteries de missile Patriot depuis la guerre du golfe Persique 1991, de grandes villes saoudiennes ont été exposées à une pluie de missiles Scud, à l’apogée du conflit au Yémen, ajoute le journal.
Selon les rapports fournis par le Centre de recherches stratégiques et internationales (un groupe de réflexion de Washington), 133 cas d’interception de missiles en provenance du Yémen ont été enregistrés depuis le déclenchement, en 2015, de la guerre au Yémen.
Dans l’optique de Frank Rose, devenu, aujourd’hui, membre de la fameuse Brookings Institution, cette menace n’est plus une simple hypothèse pour les Saoudiens. « Ils se voient donc obligés de repenser bon nombre de leurs hypothèses sur la défense antimissile », ajoute l’analyste américain.
Frank Rose estime que les missiles Patriot peuvent aider à protéger de plus petites installations telles que des aérodromes, mais ne fournissent pas une couverture suffisante pour défendre une grande ville telle que Riyad, ville qui a été exposée, plus d’une fois, aux missiles d’Ansarallah.
L’accord visant à renforcer les défenses antimissiles de l’Arabie saoudite intervient alors que certains sénateurs US cherchaient à bloquer la vente d’autres types d’armements américains au royaume, après la mort de Khashoggi.
À la suite de cet assassinat, un projet de loi bipartite parrainé par le sénateur démocrate et membre de la commission des relations extérieures, Robert Menendez, a été élaboré au Sénat. Ce projet de loi visait à suspendre toutes les ventes d’armes américaines à Riyad à l’exception des systèmes de défense antimissile, basés au sol.
Le journal précise qu’en novembre, l’Arabie saoudite a signé une offre portant sur l’acquisition de 44 lanceurs de défense aérienne de haute altitude, appelés THAAD. Cette batterie de défense antimissile ultramoderne de la compagnie Lockheed Martin est théoriquement capable d’intercepter tout projectile tiré depuis l’intérieur du Moyen-Orient (Asie de l’Ouest).
L’accord Patriot s’inscrit, selon Al-Monitor, dans le cadre du programme de vente commerciale directe du département d’État qui relie les fabricants d’armes américains à des clients étrangers. Cet accord offre à l’administration Trump un autre moyen de fournir « une assistance mortelle » à Riyad.
La modernisation des missiles balistiques figurait parmi les dernières ventes militaires du programme de vente commerciale directe aux clients étrangers que les États-Unis ont autorisées pour l’Arabie saoudite en 2018, précise l’article.
Un amiral retraité de l’US NAVY ayant longtemps travaillé sur les batteries de défense aérienne a pourtant déclaré à Al-Monitor que la vente d’équipements du système Patriot pourrait renforcer la capacité des arsenaux saoudiens à protéger le pays face aux missiles d’Ansarallah ; « mais l’on ne devrait pas s’attendre à une solution miracle pour assurer la défense aérienne face à ce groupe », précise-t-il.
Les États-Unis vont devoir décider avec plus de minutie dans quels dossiers ils veulent intervenir, « sinon, le contrôle des choses risque de nous échapper », conclut l’amiral retraité américain qui est aussi membre du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington.