À peine quelques semaines après le retrait annoncé par Donald Trump des troupes américaines du territoire syrien, des rapports trahissent la poursuite, voire la multiplication des frappes aériennes des États-Unis contre des cibles dans l’Est, près de la frontière irakienne.
Selon la chaîne de télévision Al-Jazeera, « alors que le président américain Donald Trump dit entendre retirer ses troupes du sol syrien, des rapports prouvent que les avions de combat US continuent de bombarder l’est de la Syrie, à proximité de la frontière irakienne, sous prétexte de combattre les terroristes de Daech opérant dans la province de Deir ez-Zor. Cela alors que Donald Trump a annoncé que sa décision de retirer ses troupes de Syrie se justifiait par l’éradication des terroristes de Daech ».
Les attaques aériennes les plus intenses de la semaine dernière ont eu lieu à al-Kachmah, un village situé au bord de l’Euphrate, près de la frontière irakienne, selon trois sources dans l’est de la Syrie.
« Effrayés par les attaques aériennes américaines et les tirs d’artillerie des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, plusieurs civils ont fui dans des villages du Sud », ont indiqué les mêmes sources.
Les terroristes de Daech sont regroupés dans des villages situés le long de l’Euphrate, près de la frontière irakienne, au sud de Hajin, un ancien bastion de Daech qui a été pris, à la mi-décembre, par les FDS, une milice dirigée par les Kurdes.
Environ 50 000 à 60 000 personnes vivent encore dans ces zones, selon un activiste civil à Deir ez-Zor qui examine les cas de violation des droits de l’homme. « Les civils qui vivent dans ces régions n’ont pas d’endroit où se cacher ou se protéger des bombardements américains visant leurs villages », regrette l’activiste, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Les villages contrôlés par Daech qui se situent le long de l’Euphrate sont bombardés par les avions américains depuis novembre dans le cadre de l’opération militaire Roundup. L’opération Roundup ne se borne pas uniquement au bombardement de cibles militaires, mais aussi de zones civiles, voire d’hôpitaux.
L’hôpital de Yarmouk, attaqué par les États-Unis, était le dernier établissement public de santé de la région à traiter les civils. Daech l’aurait peut-être utilisé pour soigner ses éléments, mais Kevin Jon Heller, spécialiste du droit international, a déclaré à Al-Jazeera que les États-Unis ne pouvaient pas attaquer légalement l’hôpital à cause de la simple conviction que des éléments de Daech y sont présents.
« Les États-Unis ne peuvent pas attaquer l’hôpital sans prévenir et sans donner un délai raisonnable pour évacuer le personnel civil et les blessés », a déclaré Heller, professeur de droit international à l’Université nationale australienne et à l’Université d’Amsterdam.
Heller a déclaré que le bombardement d’un hôpital dans une zone de combat sans prendre en compte les victimes civiles ni émettre un avertissement est une violation fondamentale du droit international humanitaire.
À noter que la multiplication des raids aériens américains contredit les affirmations de Donald Trump et d’autres responsables des États-Unis selon lesquelles le groupe terroriste Daech aurait été vaincu et la guerre américaine en Syrie serait terminée. On ignore encore si les attaques aériennes américaines se poursuivront une fois les troupes parties.
Au cours des derniers jours de 2018, les avions de chasse américains ont bombardé des villages le long de l’Euphrate, principalement celui d’al-Kachmah. La veille du Nouvel An, les bombes ont été larguées sans relâche sur al-Kachmah et l’ont détruit en grande partie.
La coalition internationale dirigée par les États-Unis bombarde même les cybercafés, selon deux sources sur le terrain. Les cybercafés des villages sont largement utilisés par les civils.
Les civils qui vivent dans ces villages décrivent la campagne de bombardement américaine comme une politique de la terre brûlée.
Dimanche, l’armée américaine a reconnu avoir tué 1 139 civils en Irak et en Syrie depuis le début de sa campagne militaire dans ces deux pays en 2014. Ce nombre est nettement inférieur à d’autres estimations plus vraisemblables des pertes en civils, signalées par des groupes de surveillance comme Airwars, selon lesquelles entre 7 308 et 11 629 civils ont été tués par la coalition américaine.