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Si la Turquie occupe Manbij, c'est la totalité de l'ouest de l'Euphrate qui échappera au contrôle de l'État

L'armée syrienne envoie un grand convoi dans le sud de Manbij. ©Le-Blog-Sam-La-Touch - Overblog

L'armée syrienne est déjà entrée à Manbij et le drapeau national flotte en haut des bâtiments et pourtant ni la Turquie ni les États-Unis ne sont prêts à reconnaître cette grande victoire, criant désormais tous deux à la manipulation et à la guerre des nerfs. Lâchés par les États-Unis qui ont annoncé vouloir se retirer de Syrie [ce qui reste toutefois à prouver, NDLR], les Kurdes de Syrie ont fait appel il y a à peine une dizaine de jours à l'armée syrienne, au terme des négociations menées en coulisse sous médiation russe.

Il s'agit désormais pour eux de se mettre à l'abri d'une offensive turque qui selon certains médias s'annonce imminente. L'armée syrienne est donc entrée à Manbij par la porte sud-ouest, en se posant en rempart entre la population de Manbij et l'armée turque. Ce qui veut dire que si les forces turques prenaient pour cible la ville, elles auraient à faire face à l'armée nationale syrienne qui a pour mission de protéger tous les citoyens syriens. 

D'où sans doute ce déni d'Ankara qui refuse de reconnaître l'arrivée des forces patriotiques syrienne à Manbij. Mais pourquoi Manbij occupe-t-elle une place si importante dans le rapport des forces qui régissent la Syrie? La prise de Manbij par les Turcs ou la poursuite de son occupation par les forces américaines et françaises revient à perdre la rive ouest de l'Euphrate. Et l'État syrien ne peut se permettre de renoncer à Manbij surtout que son contrôle permet non seulement de commander le passage entre le Nord-Est et le Nord-Ouest la Syrie mais de contrôler la voie liant le Nord du gouvernorat d’Alep à la Turquie méridionale. Et puis il y a cette perspective de ressoudage des composantes de l'État syrien qui fait si intensément peur à la fois aux États-Unis et à l'OTAN, dont la Turquie. 

Le parlementaire syrien Nasser al-Karimi revient sur la prise de  Manbij par l'armée, une prise qui a eu lieu sans aucun encombre, puisque les "Kurdes reviennent vers l'État". 

« Après la prise de Manbij, la porte est grand ouverte pour que l'armée étende son contrôle sur le reste du territoire. L’armée syrienne ne tardera pas à reprendre des zones qui restent sous contrôle des Kurdes, soit à Idlib, dans le nord d'Alep, ainsi que dans la partie orientale de l'Euphrate et surtout la ville de Raqqa », a dit le député avant de poursuivre : « Si l’armée syrienne reprend la rive est de l’Euphrate, le plan de la Turquie et ceux qui cherchent à s’emparer de ces régions, échouera lamentablement ».

Ammar al-Assad, un autre parlementaire syrien va toujours dans ce sens : 

« L'armée syrienne dominera progressivement la rive est de l'Euphrate. Aïn al-Arab, (Kobané), al-Malikiyah, al-Darbasiyah, la banlieue de Hassiké reliant à Qmichli font partie des zones de l’est de l’Euphrate dont les troupes syriennes en reprendront le contrôle bientôt », a fait remarquer le député. 

L'arrivée des forces de l'armée syrienne à Manbij accélérera la reprise de contrôle d’autres zones. Les forces de l'armée syrienne sont entrées dans la ville kurde de Manbij où elles ont hissé le drapeau national. Les Unités de protection du peuple (YPG) ont demandé, vendredi 28 décembre, aux forces de l'armée syrienne de prendre position à Manbij pour contrer l'offensive de l'armée turque qui a mobilisé, outre ses supplétifs traditionnels, une partie des terroristes qaïdistes, les plaçant sous la bannière de l'ASL. Pour l'heure, l'armée turque s'est contenté de bomber le torse.

Mais passera-t-elle à l'acte? La récente réunion turco-russe à Moscou et les propos tenus par le ministre russe des A.E. relèvent plutôt d'une mise en garde : « Nous sommes tombés d'accord sur le fait que les représentants militaires russes et turcs sur le terrain vont continuer de coordonner leurs actions dans ce nouveau contexte avec pour but d'éradiquer la menace terroriste en Syrie », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l'issue de discussions avec une délégation turque.

Lire aussi: Manbij : l’armée syrienne défie les terroristes soutenus par Ankara

Première percée après Manbij

Une première percée après la prise de Manbij par l'armée syrienne vient de se produire : des sources bien informées font état de la reprise du contrôle par l’armée syrienne du barrage stratégique de Tichrine dans le nord de la province d’Alep, non loin des frontières avec la Turquie. C'est sur la base d’un accord conclu avec les YPG que l'armée a imposé son contrôle sur l'ouvrage, situé à 33 km au sud de Manbij, à 115 km à l'est d'Alep et à 80 km des frontières turques. Cette localité pourrait être l'une des places fortes de toute confrontation à venir entre l'armée turque et l'armée syrienne. D'ailleurs les forces syriennes s'y préparent. 

Le journal en ligne libanais al-Masdar News, citant un officier de la 4e division blindée de l'armée syrienne, a rapporté que les forces d’élite syriennes allaient rejoindre les soldats syriens stationnés déjà dans la ville de Manbij.

Les forces d'élite syrienne. ©AMN

« Les forces de la 4e division blindée de l'armée syrienne ont reçu l'ordre d’être redéployées à Manbij depuis plusieurs axes notamment des provinces de Hama et de Lattaquié », a-t-on appris de la même source. Et d’ajouter : « La 4e division blindée rejoindra la première division blindée, la Garde républicaine et certaines unités des Forces du Tigre dans les banlieues ouest et nord-ouest de Manbij ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV