Le prince héritier saoudien aurait tort d’avoir mis tant d’espoir dans de futures rencontres avec les dirigeants américain et israélien. Les lignes qui suivent résument un article récemment écrit par l’analyste libanais Nasser Kandil d’après lequel Mohammed ben Salmane et Benjamin Netanyahu risquent, tous les deux, d’être dupes de l’allié américain.
« Des rapports en provenance de Riyad disent que le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, souhaite rencontrer le président américain, Donald Trump et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu « pour discuter avec eux des crises régionales ».
Cette information à elle seule éveille d’importantes questions. Lors d’éventuelles rencontres avec Donald Trump et Benjamin Netanyahu, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va-t-il officiellement reconnaître que la ville sainte de Qods est la capitale d’Israël, réitérant ainsi son appui au Deal du siècle ? Va-t-il appeler d’autres pays arabo-musulmans à suivre son exemple ?
Mais ce qui est plus important, c’est de savoir si le président américain et le Premier ministre israélien, préoccupés l’un comme l’autre par des problèmes internes, accepteront, oui ou non, de recevoir Mohammed ben Salmane qui fait l’objet, à l’heure actuelle, de critiques et accusations [en rapport avec divers dossiers intérieurs ou internationaux dont et surtout l’affaire de l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi].
Supposons que ces rencontres aient lieu et que le prince héritier saoudien accepte officiellement la ville de Qods comme capitale d’Israël. Si c’est le cas, Mohammed ben Salmane demandera certes une belle récompense aux alliés américain et israélien, ce qui pourrait consister à un rôle plus décisif dans le dossier israélo-palestinien. Et la question qui s’impose, là-dessus, est de savoir si l’Arabie saoudite sera en mesure, à l’avenir, d’impacter la donne et les évolutions à se produire sur le terrain en Palestine, en faveur de ses propres intérêts ? Sera-t-il capable de s’imposer au processus de règlement du conflit israélo-palestinien, afin de pouvoir, dans une étape suivante, privilégier des solutions qui assurent les intérêts d’Israël ?
La réponse à cette question serait négative. Des journalistes et analystes, même au sein des médias israéliens, reconnaissent que les Palestiniens ont su choisir leur chemin il y a des années. Tout le monde sait que tout parti ou courant politique qui adhère à cette ligne risque l’isolement. »
L’analyste libanais affirme que les efforts saoudiens pour obtenir un consensus entre les pays arabo-musulmans dans le sens de la normalisation avec Israël ne mèneront nulle part. Le Deal du siècle n’aura pas lieu, estime Nasser Kandil.
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Une reconnaissance officielle de Qods comme capitale d’Israël pourrait totalement détruire le rêve de Mohammed ben Salmane de monter au trône, ajoute l’analyste libanais.
L’on pourrait croire qu’en acceptant de recevoir Mohammed ben Salmane, le président américain et le Premier ministre israélien sauront sortir le prince saoudien du bourbier qui l’entoure actuellement. Mais des retrouvailles pourraient avoir l’effet inverse pour les trois hommes, d’après l’analyste libanais qui ajoute :
« Par conséquent, le président américain, Donald Trump, se contenterait de soutenir de telles rencontres. Il préfère laisser Netanyahu et Ben Salmane trouver eux-mêmes une solution à leurs problèmes. L’un comme l’autre, le Premier ministre israélien et le prince héritier saoudien tenteront de justifier d’une manière ou d’une autre la mauvaise situation à laquelle ils sont confrontés et très probablement, ils finiront par se noyer dans le bourbier créé par l’allié US. »