Les milieux militaires et de renseignement en Israël font et refont leurs calculs : quelque chose a changé. Largement censuré par les médias "mainstream", l'embrasement en Cisjordanie relève toutefois d'un véritable séisme, car de l'aveu même de l'armée israélienne, les opérations palestiniennes de ces derniers jours sont le fruit d'une "minutieuse coopération" impliquant la Résistance palestinienne d'une part et l'Autorité autonome de l'autre ! La gravité de la situation a d'ailleurs poussé le régime de Tel-Aviv à désengager des centaines de soldats sur d'autres fronts et à les envoyer combattre des Palestiniens de la Cisjordanie.
Dans la nuit de vendredi à samedi 15 décembre, Netanyahu a donc ordonné le déploiement de troupes supplémentaires en Cisjordanie.
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Le ministère israélien des Affaires militaires a annoncé dans un communiqué que les militaires israéliens avaient encerclé Ramallah. Le prétexte est bien clair : " nos militaires sont à la recherche des Palestiniens qui avaient attaqué ce jeudi des militaires israéliens". Mais à vrai dire, il y a plus que cela. L'armée israélienne a été chargée de renforcer la sécurité des routes et de mettre en place des points de contrôle en bordure des routes. Les usurpateurs ont lancé une vague de dynamitage des maisons palestiniennes dans l'espoir de pouvoir enrayer l'embrasement. Mais il est bien trop tard.
Le 13 décembre, cinq militaires israéliens ont été tués et deux autres blessés en représailles au meurtre des combattants palestiniens à l'origine des opérations anti-israéliennes du 7 octobre à Barkan et du 11 décembre à Orfa. Ils ont été liquidés au cours de deux fusillades que DEBKAfile, site proche des milieux de renseignement de l'armée israélienne ne manque de commenter en ces termes : " Il est désormais évident que le Fatah de Mahmoud Abbas est complice de l'attaque menée par le Hamas" en Cisjordanie, attaque qui " a coûté la vie à 5 Israéliens et blessé 12 personnes ces dernières semaines ".
Visiblement surpris et abasourdi par ce qui vient de se passer en Cisjordanie, le site montre du doigt le Tanzim, l'une des factions armées du Fatah comme étant à l'origine des attaques; le Tanzim qui aurait agi en parfaite synergie avec la Résistance à Gaza. Et DEBKA de souligner : " À Ofra et à Asaf Hill, le Tanzim a appuyé les combattants de Gaza et leur mode d'action en est la meilleure preuve. Des véhicules leur ont servi pour tirer sur des cibles et fuir rapidement, une méthode qui a d'ailleurs été mise en pratique pour la première fois le 9 janvier, quand le rabbin Raziel Shevah a été éliminé. "
Pour le site, "la capacité des Palestiniens à échapper aux militaires israéliens renvoie à n'en pas douter à des coordinations de longue date avec le Tanzim qui aurait fourni aux combattants palestiniens des cachettes sûres avec la complicité active et de plus en plus large de la population palestinienne, qui jusqu’à présent avait peu de sympathie pour le Hamas". Et bien le cuisant aveu est lancé : des décennies d'efforts israélo-américains visant à désunir les rangs palestiniens partent en fumée, Gaza et la Cisjordanie s'étant retrouvés autour du cadavre d'un "Deal du siècle" agonisant. DEBKA s'alarme surtout du soutien public du Tanzim, annoncé le 13 décembre à la Résistance palestinienne et les "éloges" de ce dernier aux "héros palestiniens tombés en martyr sous la balle sioniste".
Vendredi 14 décembre, des Cisjordaniens célébraient la 38e Marche du grand retour au même moment que Gaza : DEBKA évoque un "défi sécuritaire majeur ", les analystes eux, prévoient d'ores et déjà l'émergence d'un troisième front de guerre anti-israélien qui ne saurait être enrayé ni à coup de bombe ni à coup de missiles...