Au nord syrien, les éléments du premier acte du scénario USA/OTAN se mettent en place : la Turquie a menacé de déclencher sous peur son "offensive d'envergure" contre l'est de l'Euphrate après avoir été contrainte par les USA de se distancer de la Russie et de l'Iran à Idlib. D'autres part, les Kurdes de Syrie, dindon de la farce des plans américains, viennent de lancer un trop tardif appel au "soulèvement général" contre les menaces du président turc.
Le communiqué signé par le Conseil exécutif du soi-disant "gouvernement autonome kurde", espèce d'organe né sous l'auspice de l'occupant USA/OTAN, a en outre le culot d'exhorter le gouvernement de Damas à "prendre ses responsabilités" et à "opter pour des mesures concrètes" face aux prises de position du chef de l’État turc. Pas un seul mot sur l'attitude des Américains qui ont trahi à maintes reprises les Kurdes aussi bien face à la Turquie que face à Daech.
Pour les analystes, le communiqué qui est publié à peine quelques jours après la visite illégale de l'ex-ministre français des Affaires étrangères, Bernard Koushner, au nord-est de la Syrie, porte l'empreinte d'une case au cœur d'un puzzle. Il s'agirait d'une action conjuguée qui implique deux cartes maîtresse de Washington à savoir "la Turquie" et "les Kurdes" et ce, dans l'objectif de justifier une large offensive USA/OTAN sur la rive est de l'Euphrate.
« Nous, au nom du "conseil exécutif du gouvernement autonome", condamnons les allégations et les menaces proférées par le président turc Recep Tayyip Erdogan contre des parties de l’est de l’Euphrate. Depuis l’éclatement de la crise en Syrie il a tenté de morceler la Syrie et d'en rattacher des régions entières à la Turquie », lit-on dans ce communiqué qui ne va toutefois pas au fond du problème.
Le texte accuse ensuite la Turquie d'empêcher la lutte des Kurdes contre Daech : "Dans le contexte où le compte à rebours de Daech a commencé à Deir ez-Zor, Erdogan tout en brandissant une menace contre la Syrie, tente d'éterniser ce groupe terroriste. L'objectif de la Turquie est en effet de toucher le tissu social syrien et de saper la coexistence pacifique, la fraternité qui lie entre eux les habitants du nord et de l'est du pays. En d’autres termes, l’unité entre les ethnies syriennes représente une menace pour les intérêts de la Turquie et ses ambitions expansionnistes", précise le communiqué qui dit vrai sans reconnaître toutefois que le plan turc fait partie du plan américain dans le nord de la Syrie.
Au contraire, le texte critique Erdogan dont l'acte et la parole "risquent d'altérer les acquis obtenus par la coalition internationale anti-Daech dirigée par les États-Unis".
De quels acquis parle le texte ?
A l'heure qu'il est, les États-Unis et la Turquie cherchent un commun accord pour changer le tissu démographique à majorité kurde du nord et du nord-est syrien. Plus loin, le texte appelle directement l'OTAN à intervenir et c'est sans doute cet "appel" qui clarifie le rôle que les États-Unis ont attribué aux Kurdes sur la rive est de l'Euphrate.
Alors que les FDS continuent à céder à Daech des gisements pétro-gaziers de l'est syrien, les voilà engagées dans une nouvelle dynamique qui appelle l'OTAN à intervenir militairement en Euphrate-est. Et personne ne croirait que cette intervention viserait la Turquie, membre actif de l'OTAN.