Au moment où la Jordanie prend progressivement ses distances avec la coalition américaine en Syrie, la volte-face d’Amman déplaît fort et inquiète les États-Unis : après la libération de Deraa, le processus de rapprochement ne cesse de s'accélérer. La Jordanie dit vouloir envoyer son nouvel ambassadeur à Damas, elle exige le démantèlement du camp d'al-Rukban à al-Tanf, et elle a annoncé de sa contribution au projet de la reconstruction de la Syrie.
Le chef de la diplomatie jordanienne Aymen Asfadi a pour sa part appelé les pays arabes à adopter une nouvelle position envers la Syrie, lors d'une conférence de presse avec l’émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan De Mistura.
« Il faut ouvrir un nouveau chapitre dans la crise syrienne en fonction des réalités sur le terrain et dans le but de mettre fin à la guerre dans le pays voisin », a-t-il signalé.
« Il nous faut, a indiqué le haut diplomate jordanien, voler au secours de nos frères en Syrie pour les aider à restaurer la stabilité et la sécurité partout en Syrie. Tous les efforts doivent être centrés sur le soutien à la Syrie, à son unité, à son indépendance et à la protection de la nation syrienne. »
« Nous sommes confrontés à une absence inadmissible des pays arabes dans les conférences internationales sur le règlement de la crise syrienne. Alors qu'ils pourraient jouer un rôle fondamental dans le règlement politique de la crise actuelle. Le parti pris de la Jordanie va dans le sens de l’arrêt du carnage et de la destruction en Syrie », a-t-il renchéri.
James Jeffrey en catastrophe à Amman
Alors que la Jordanie étudie la normalisation de ses relations avec la Syrie, la rencontre de lundi soir de l’envoyé américain pour la Syrie, James Jeffrey, avec le chef de la diplomatie jordanienne à Amman mérite cependant réflexion.
Les observateurs politiques estiment que cette visite vise à examiner de près les dernières évolutions dans les relations des deux pays voisins. Washington a beau persuader Amman de revenir sur sa nouvelle position envers son voisin, le gouvernement jordanien a déjà franchi des pas décisifs vers la normalisation des relations avec la Syrie ces dernières semaines.
Les deux hommes ont notamment dialogué sur les dernières évolutions en Syrie, les solutions politiques à la crise, la question du camp d’al-Rukban à al-Tanf et la responsabilité de la communauté internationale envers les déplacés syriens.
Les Américains tentent de dissuader les autorités jordaniennes de se rapprocher du gouvernement syrien, Amman ayant toutefois l’air déterminé à défier la coalition américaino-israélo-arabe dans la région.
