Le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, James Jeffrey, vient d’annoncer qu’il fallait mettre un terme au « processus d’Astana » et confier, à nouveau, la solution politique de la guerre en Syrie à l’ONU. Cette annonce sonne pour de nombreux analystes, le glas d'une entente russo-américaine en Syrie surtout qu'elle succède à un tir de missiles sans précédent le 3 décembre contre une base de l'armée syrienne à Homs. Deux jours auparavant un raid aux missiles israélien a visé le sud syrien dans l'objectif de localiser les batteries de missiles S-300 en Syrie occidentale, raid qui comme des dizaines d'autres tentatives Israël/OTAN/ USA a échoué, suscitant une riposte cinglante de la DCA syrienne.
Mais à quoi rime l'attaque américaine contre l'armée syrienne?
L'attaque a été menée, lundi matin, par les Américains depuis leur base à Al-Tanf aux confins syro-irakiens contre une base de la 21e division de l’armée syrienne dans le sud d’al-Sukhna à l’est de la Syrie. Une première salve de 10 missiles et une seconde, de 14 missiles sol-sol HIMARS ont été tiré contre les positions de l’armée syrienne à Ghorab situé dans le secteur d’al-Sukhna, à al-Tanf. L’attaque n’a fait que des dégâts matériels, mais elle a attiré toutes les attentions puisqu'elle a visé une localité ultra-stratégique près des frontières irako-jordaniennes. Il est vrai que depuis 2011, les Américains n'ont jamais visé une localité syrienne à moins qu'elle occupe une place de choix dans leur stratégie de guerre. Et c'est le cas d'Al-Sukhna.
Les USA ont frappé les positions de l’armée syrienne avec des lance-missiles HIMARShttps://t.co/N7IysmEN6H pic.twitter.com/5YF11sJI4Y
— Press TV Français (@PresstvFr) December 3, 2018
Al-Sukhna, une ville ultra-stratégique
La ville d’al-Sukhna est située dans la banlieue orientale de la province de Homs. Elle est proche de la ville de Deir ez-Zor, d’une part, et de Palmyre, de l’autre, et relie, ainsi, l’Est syrien au sud du pays. Elle se trouve donc au coeur de la zone "résistante", à savoir ces régions où l'axe de la Résistance détient ses positions.
En plus, al-Sukhna se situe dans une région où se trouvent des plus importants puits de pétrole et de gaz dont les champs Hil et al-Chaer, champs qui sont convoités aussi bien par les Américains que leurs alliés français, italiens et de l'OTAN et ce, aux dépens de l'État syrien.
Changement des équations sur les fronts en faveur de la Résistance
Il y a 15 mois, les forces de l’armée syrienne et leurs alliés ont réussi, au terme d’intenses combats avec les terroristes soutenus par les États-Unis, à libérer la ville d’al-Sukhna. Depuis, le rapport de force a littéralement changé en faveur de l'axe de la Résistance, ce qui n’a, certes, pas plu aux Américains.
Rappelons qu'Al -Sukha était qualifié par le camp atlantiste de "dernier bastion rebelle" à Homs. L'attaque américaine donne le ton : les États-Unis cherchent désormais la confrontation militaire et ils visent à reprendre ce que leur supplétif à savoir Daech a perdu.
Lire aussi: Al-Tanf: la Russie menace les USA
Message de soutien des USA à Israël
Surtout que l’attaque contre al-Sukhna a eu lieu juste après un fiasco, celui qui a marqué l'attaque du 30 novembre de l’armée israélienne contre les positions de l’armée syrienne au sud syrien. Le tir de missile israélien était en outre un défi lancé à la Russie et à ses S-300 qui ont hermétiquement fermé le ciel syrien à l'armée de l'air d'Israël. Les États-Unis ont voulu donc transmettre un message à Damas et à ses alliés : Washington ne permettra jamais que les intérêts de son principal allié dans la région, à savoir Israël, soient menacés et il est prêt à s'y engager militairement.
Accord d’Astana défié par les USA
Ce message cadre d'ailleurs bien au contexte : les USA défient le processus d'Astana qui implique un de leurs alliés à savoir la Turquie. Les Américains n'ont cessé de refuser de participer aux pourparlers d’Astana qu'ils sabotent continuellement. Mais pour leur dernière démonstration de force anti-Astana, les États-Unis ont opté pour la manière forte : « quel que soit le résultat d'Astana 11, Washington veut la guerre et fera face militairement à Damas. »
Selon certaines informations, les États-Unis envisagent de doubler le nombre de leurs forces présentes en Syrie et les faire passer de 2000 à 4000 effectifs. Pour une Amérique qui avait prétendu pendant huit ans que le déploiement de ses missiles à Al-Tanf était destiné à la lutter contre Daech, c'est l'heure de vérité qui vient de sonner : les États-Unis passent à l'étape supérieure et se préparent à faire militairement face à Damas, à Moscou et à Téhéran.