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Beyrouth refuse le "cadeau" militaire russe

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats libanais à Ras Baalbek à la frontière avec la Syrie. ©Getty images

Après plusieurs mois d’hésitation, le Liban a fini par rejeter l’offre militaire de la Russie ; une mesure prise apparemment pour des raisons techniques, mais qui cache des raisons purement politiques.

Au Liban tout comme en Russie, tout le monde sait que les États-Unis ne tolèrent aucune coopération militaire entre Beyrouth et Moscou, écrit le journal libanais Al-Akhbar.

À peine quelques jours avant la fête de l’indépendance du Liban, ce pays s’excuse de refuser des munitions offertes par le ministère russe de la Défense. Des millions de balles pour différents types de fusils et une grande quantité de munitions en tout genre, dont la valeur est estimée à cinq millions de dollars. Et voilà que Beyrouth rejette cette offre, sous prétexte que les munitions offertes par la Russie ne sont pas compatibles avec les armements dont dispose l’armée libanaise. Or, l’on sait que l’armée libanaise dispose déjà de dizaines de milliers de mitrailleuses Kalachnikov PK et qu’elle aura donc besoin de balles pour les charger.

Le journal Al-Akhbar rappelle ensuite que le régime israélien, « l’ennemi du Liban », possède le plus grand arsenal d’armes fabriquées en Occident, à quoi s’ajoute une quantité d’armes fabriquées par l’ex-bloc soviétique qui égalerait à elle seule les réserves d’armements militaires de certains pays arabes.

En fait, il était prévu que l’offre militaire russe parvienne au Liban en juin, ce qui n’a pas été le cas à cause des obstacles ayant entravé ce processus. Maintenant, c’est par une note verbale que l’attaché militaire de l’ambassade russe à Beyrouth apprend le rejet libanais de cette offre.

La réaction du Liban cache certes une décision purement politique. L’on ignore encore d’où vient exactement cette décision, mais nous savons que ce sont souvent les États-Unis qui approvisionnent les forces militaires libanaises en armes et munitions. Il s'agit peut-être d'une interdiction pour l’armée libanaise de recevoir des armes et munitions des pays non membres de l’OTAN, précise le journal.

Le journal libanais Al-Akhbar estime fort probable que la décision de refuser le cadeau militaire russe ait été prise suite aux discussions au sein du cabinet libanais, avant d’être annoncée au ministère de la Défense et à l’armée.

Par ailleurs, la décision russe d’offrir des munitions au Liban n’a pas été, non plus, une décision absolument russe. En fait, d’autres événements précédemment survenus ont abouti à cette situation, précise le journal.

« Lorsque le Liban recevait une soi-disant aide saoudienne pour acheter des armements militaires, il a fait une liste d’équipements militaires de fabrication russe dont il avait besoin.

Lors de sa visite, l’année dernière, en Russie, le ministre libanais de la Défense, Yacoub Sarraf, a élaboré cette liste à la partie russe et sur ce fond, l’armée russe a décidé de faire une offre militaire aux Libanais pour marquer un point de départ pour des coopérations bilatérales conformément à une note d’entente de collaborations militairo-techniques signée à ce même sujet.

Le cadeau militaire russe était censé préluder à un autre contrat militaire bilatéral dont la signature était prévue pour le mois d’avril 2019. Mais les Américains et les Britanniques ont apparemment réussi à convaincre le Premier ministre Saad Hariri d’y renoncer. »

Le rapport ajoute qu’en 2008 aussi, la Russie avait décidé d’offrir à l’armée libanaise des chasseurs MiG-29, des chars T-72 et des obusiers 130 mm, ainsi qu’un millier d’obus de char et de mortier.

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Cette offre militaire aurait pu considérablement renforcer les capacités de l’armée libanaise, mais à l’époque, le Liban, sous mandat du président Michel Sleimane, a rejeté cette offre sous prétexte que les chasseurs MiG ont besoin de bandes d’atterrissage particuliers et que leurs coûts de maintenance sont très élevés.

Les Russes ont par la suite proposé d’offrir des hélicoptères d’assaut compatibles avec les infrastructures militaires du Liban, mais les autorités libanaises ont encore fait preuve de réticence, à tel point que cette offre aussi a été ratée. Plus tard, il a été révélé que les pressions américaines avaient bloqué l’acceptation de l’offre militaire russe par Beyrouth. Des documents divulgués par Wikileaks, aussi, ont confirmé l’implication des États-Unis dans cette affaire.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV