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Pétrole iranien : comment les acheteurs s'alignent après les exemptions US

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les États-Unis ont rétabli, le lundi 5 novembre, un second volet de sanctions contre les secteurs pétrolier et bancaire iraniens. Huit pays pourront cependant importer du pétrole iranien. (Archives)

Armés de dérogations pour continuer à importer du pétrole iranien sans se heurter aux sanctions américaines, certains des principaux clients de la République islamique d’Iran se préparent à acheter, rapporte le site de Bloomberg dans son édition du 23 novembre.

Les dérogations signifient qu’une partie des approvisionnements du troisième plus grand producteur de l’OPEP continuera à affluer sur les marchés internationaux.

Presque tous les grands acheteurs de pétrole iranien avaient négocié ces dérogations avec les États-Unis, affirmant que réduire les achats à zéro aurait une incidence sur leurs industries énergétiques et ferait augmenter les coûts de carburant. Bien que les États-Unis aient accordé des dérogations à huit acheteurs de pétrole iranien, ce nombre diminuera effectivement à cinq d’ici la fin de l’année et un marché « surapprovisionné » en 2019 aidera à réduire davantage les ventes de pétrole iranien, selon Brian Hook, représentant spécial pour l’Iran du département d’État américain.

L’Inde, la Chine et la Corée du Sud, trois des quatre principaux acheteurs d’Asie, ont obtenu des dérogations qui leur permettront d’acheter au total 860 000 barils par jour. Les niveaux pour le Japon, l’Italie et la Grèce doivent encore être confirmés. La Turquie a bénéficié de dérogations pour environ 60 000 par jour, beaucoup moins que ce qu’elle avait acheté en 2017.

On trouvera ci-dessous un résumé des projets de certains des plus gros clients pétroliers iraniens et de ce qu’ils pourraient acheter en vertu des dérogations. Les exemptions sont accordées pour 180 jours et seront réexaminées vers la fin de la période.

Corée du Sud

Dérogations : jusqu’à 200 000 barils par jour de condensat

Achat avant sanctions : 300 000 barils par jour (condensat) en 2017

Troisième pays asiatique à importer le plus de pétrole iranien, la Corée du Sud a été le premier acheteur majeur à réduire ses achats à zéro alors que les États-Unis s’apprêtaient à imposer des sanctions. Il lui est maintenant permis d’acheter jusqu’à 200 000 barils par jour.

Les achats doivent être limités à des cargaisons de condensat, du pétrole brut ultra-léger qui est essentiel pour la Corée du Sud, car nombre de ses usines sont conçues pour la traiter. Le pays a acheté environ 300 000 barils par jour de condensat de Pars-Sud à l’Iran en 2017.

Le pays peut retarder ses achats de condensat iranien jusqu’au mois de mars, car il doit résoudre les problèmes liés à l’affrètement et à l’assurance, expliquent des sources qui n’ont pas souhaité être identifiées, car les informations sont confidentielles. Les négociations du prix du pétrole entre les sociétés sud-coréennes et iraniennes n’ont pas encore eu lieu.

Japon

Dérogations : à confirmer

Achats avant sanctions : environ 160 000 b/j en janvier-septembre 2018

« Les raffineries du pays vont probablement redémarrer les importations de pétrole iranien, maintenant qu’il est l’un des huit bénéficiaires des exemptions », a déclaré ce mois-ci le ministre japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, Hiroshige Seko.

Alors que les sociétés pétrolières japonaises tentent toujours de résoudre les problèmes liés aux transports maritimes, aux assurances et aux banques, il est peu probable que les cargaisons soient chargées en janvier, selon une source proche du dossier.

Fuji Oil envisage toujours de faire usage de la dérogation américaine et de reprendre les importations de pétrole iranien, a annoncé son porte-parole Takaaki Sobue le 19 novembre.

Le vice-président Yasushi Onoda de JXTG Holdings Inc., grande entreprise pétrolière et minière japonaise, a indiqué qu’il envisageait toujours de reprendre ses achats de pétrole iranien.

Les entreprises japonaises ont suspendu leurs achats de brut iranien en octobre sous la pression des États-Unis.

Inde

Dérogations : jusqu’à 300 000 b/j

Achat avant sanctions : 560 000 b/j en janvier-octobre 2018

L’Inde a été l’un des négociateurs les plus virulents en faveur d’une exemption des États-Unis, le gouvernement faisant face à des protestations contre la hausse du prix de l’essence avant les élections nationales de 2019.

En vertu des exemptions, il sera autorisé à importer jusqu’à 300 000 barils par jour. L’Iran exporte environ 560 000 barils par jour en moyenne par jour et près de 450 000 barils en 2017, selon les données d’expédition compilées par Bloomberg.

Les raffineries d’État indiennes devraient acheter 1,25 million de tonnes de pétrole iranien en novembre et le même volume de pétrole brut du golfe Persique en décembre, selon le président de Indian Oil Corp., Sanjiv Singh. Les sociétés effectueront des paiements en roupies pour l’approvisionnement en brut iranien.

Chine

Dérogations : 360 000 b/j

Achat avant sanctions : 658 000 b/j en janvier-septembre 2018

Le plus gros acheteur de pétrole iranien en Asie aurait repris ses achats auprès de l’Iran après une interruption d’un mois. Les paiements à l’Iran ne seront réglés qu’à une date ultérieure.

La Chine est autorisée à importer 360 000 barils par jour en vertu des exemptions. Cela n’inclut pas le pétrole produit dans des projets en Iran dans lesquels les entreprises chinoises ont investi.

Alors que la Chine avait acheté environ 658 000 barils par jour au cours des neuf premiers mois de cette année, Pékin aurait appelé au moins deux compagnies pétrolières à éviter d’acheter du pétrole iranien avant l’application des sanctions, en raison des tensions survenues avec Washington.

Taïwan

Dérogations : à confirmer

Achats avant sanctions : environ 16 000 b/j en janvier-août 2018

Le président de Formosa Petrochemical Corp., la seule raffinerie de pétrole de Taïwan coté en bourse, ne semble pas trop pressé d’acheter du pétrole iranien, même si l’île a obtenu une dérogation.

« Nous n’oserons plus signer de contrat pour acheter du pétrole iranien après la menace du président Trump », a déclaré Chen Bao-lang, le 6 novembre. « Mais ce n’est pas un problème pour nous que Taïwan obtienne une exemption ou non. Il est très facile de trouver des alternatives. »

En 2003, l’île a importé environ 18 % de pétrole iranien. Cette année, moins de 2 % de ses importations de pétrole venaient d’Iran.

Turquie

Dérogations : 3 millions de tonnes par an, soit environ 60 000 barils par jour

Achats avant sanctions : 11,5 millions de tonnes, soit environ 230 000 barils par jour

La Turquie dépend davantage du brut iranien que n’importe quel autre pays : près de la moitié de ses importations provenaient de l’Iran au premier semestre de cette année, selon les données compilées par Bloomberg.

Le ministre turc de l’Énergie, Fatih Donmez, a déclaré le 9 novembre que les sanctions imposées à l’Iran avaient un impact indirect sur le peuple turc. Tupras Turkiye Petrol Rafinerileri A.S., la compagnie pétrolière nationale et la plus grande entreprise industrielle de Turquie, cherche déjà une alternative, a-t-il déclaré.

Schéma des importations de pétrole iranien à la Turquie. ©Bloomberg

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV