Ce qui s'est produit entre 11 et 13 novembre à Gaza ajoute un paramètre hautement névralgique à la donne géopolitique en cours : "l'équilibre de la terreur " qui régissait jusqu'ici les rapports Israël-Hezbollah s'étend désormais à Gaza. La suprématie militaire d’Israël que la Résistance palestinienne a brisée à Gaza a dépouillé Tel-Aviv de ce que l’on appelle dans le lexique de guerre le « pouvoir de dissuasion ».
« Le piège tendu par les groupes de la Résistance palestinienne aux forces spéciales de l’armée israélienne, la mort de leur commandant à Khan Younès en début de semaine et les centaines de missiles tirés depuis Gaza en direction des colonies israéliennes près de la bande de Gaza ont semé la terreur au sein des colonies de peuplement juif, depuis la défaite de l’armée israélienne face au Hezbollah en 2006 », a écrit le quotidien égyptien Al-Ahram (les Pyramides) en évoquant le recul des forces israélienne dans la bande de Gaza.
C'est donc un véritable revers militaire et politique pour le ministre israélien de la Guerre, Avigdor Lieberman, qui a démissionné au lendemain d’un accord conclu par Tel-Aviv avec les groupes de la Résistance de la Palestine sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Il estimait que le gouvernement avait capitulé devant le terrorisme.
Par conséquent, Israël vit actuellement un « scandale » et une « défaite militaire ». « La récente approche du Premier ministre d’Israël envers la Résistance (palestinienne) est une catastrophe », a écrit Nahum Barnea, journaliste de Yediot Aharonot.
« Après cet incident (attaque contre les forces spéciales israéliennes), tous les membres du cabinet de sécurité et politique de Tel-Aviv se sont abstenus de reconnaître leurs responsabilités », a-t-il ajouté.
« Benjamin Netanyahu a établi sa campagne électorale sur la base de son (prétendu) succès personnel: l'Iran a eu peur, le Hamas a échoué, Mahmoud Abbas (président de l'AP) a été insulté et humilié et Israël est en sécurité. Tout cela a disparu et tous ses interlocuteurs notamment ceux qui ont manifesté à Sdérot, dans le sud du pays, l'ont compris », a poursuivi le quotidien en faisant référence aux rassemblements populaires contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu après la défaite de l'armée israélienne à Gaza.
A l’approche des élections législatives en Israël, Benyamin Netanyahu ne peut pas s’arrêter dans une rue de la cité d’Aslan sans qu'un opposant lui crie: « Nous voulons qu’un missile tiré depuis Gaza s’abatte sur toi lorsque tu es en train de prononcer un discours. » Le Hamas s’est révélé comme une force de dissuasion face à Israël. La victoire du Hamas est le résultat de nos erreurs, a regretté le journal.
Yediot Aharonot se demande si la capacité de dissuasion est toujours efficace. Tout le monde répondra oui, mais la réalité est que la capacité de dissuasion du Hamas continue d’être efficace.
Israël a essuyé des échecs face au Hamas, au monde et de l’intérieur (nous-mêmes). Ces derniers jours, toutes les lignes rouges ont été franchies. Qui pouvait imaginer que le Hamas puisse tirer 460 missiles sur les colonies israéliennes ? Selon le journal Maariv, le Hamas a atteint son objectif de dissuader Israël.
« Les brigades d’Ezzedine Qassem, bras armé du Hamas, enterre ses morts d’une main et tire des missiles de l'autre », a pour sa part écrit Ben Kasbit, spécialiste israélien des questions politiques de Maariv.
« Ce que Netanyahu est incapable de comprendre c’est que la puissance ne se mesure pas avec des avions, des chars et la production économique, mais à la capacité d'en payer le prix » a affirmé Ben Kasbit.
« Les habitants de Gaza ont fait beaucoup de sacrifices au cours des dernières décennies. Ils y sont habitués, mais par contre il est difficile pour Israël d’en payer le prix. Ces sacrifices encouragent les peuples à s’engager davantage dans leur lutte. Cette résistance rappelle celle du peuple vietnamien face aux États-Unis et celle du peuple afghan face à l’Union soviétique », lit-on dans cet article.