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Pourquoi la bataille anti-Hezbollah des USA en faveur d'Israël est perdue d'avance?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des combattants du Hezbollah arborent les drapeaux du parti lors d'un défilé dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. ©AP

Les USA reviennent à la charge : bien conscients du rôle désormais incontournable du Hezbollah au Moyen-Orient, ils décident d'intensifier leur guerre à leur encontre et ce, à un moment crucial : en imposant des sanctions à la Résistance libanaise, les Américains entendent pousser à ce que le Hezbollah soit mis hors jeu au Liban et qu'il soit écarté, malgré son écrasante victoire électorale, de la composition du futur gouvernement. Mais les USA en veulent aussi aux liens désormais indéfectibles qui unissent le Hezbollah aux composantes de l'axe de la Résistance, à savoir les Hachd al-Chaabi irakiens. Les plus récentes sanctions US contre le Hezbollah renvoient à cet état de faits.

Chibl Mohsen Obaïd Al-Zaydi, Youssef Hachem, Adnane Hussein Kawtharani et Mohammad Farhat sont des ressortissants irakiens touchés par des sanctions financières du département du Trésor des États-Unis pour leur lien avec le Hezbollah libanais.

Le département d’État américain a aussi placé les Brigades al-Moujahidine et Jawad Nasrallah, fils du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, sur sa liste noire, signe que Washington a bien peur de la personne de Nasrallah et de son entourage le plus proche. Le département d’État US voit même à travers Jawad Nasrallah, un « dirigeant émergeant » du Hezbollah. Il est traité de « terroriste » par les Américains alors que ses faits d'armes sont bien connus contre les terroristes takfiristes et Daech. 

Les États-Unis ont placé en 1995 le Hezbollah sur leur liste noire. Ayant des échanges économiques ou cherchant à normaliser leurs relations avec Tel-Aviv, des monarchies arabes du golfe Persique, notamment l’Arabie saoudite, leur ont emboîté le pas, et ignorant le fait que le Hezbollah est jusqu'à ce jour la seule partie à avoir militairement défait Israël, ont placé le mouvement sur leur liste noire. Cette démarche a évidemment confirmé l'antagonisme qui existe entre le Hezbollah d'une part et l'idéologie wahhabo-takfiriste défendue par Riyad de l'autre. Mais la démarche américao-saoudienne est autrement violatrice du droit internationale dans la mesure où il s'agit d'un parti incontournable au sein du Parlement et du gouvernement libanais. 

Mais les sanctions anti-Hezbollah réussiront-elles à "immuniser" Israël? 

Rien n'est moins sûr. Américains et Saoudiens semblent en tout cas suivre les prescriptions de Tel-Aviv. En effet, le major général de réserve Uzi Dayan, ancien conseillé à la sécurité nationale, appelait il y a quelque temps les autorités israéliennes à établir une stratégie pour faire face à deux défis auxquels est exposé Israël : il faut en premier lieu créer un effet de levier pour "augmenter la pression sur le Hezbollah" et les sanctions répondent à ce volet prôné par l'analyste et puis "il faut tout bonnement expulser le Hezbollah du Liban". Et pourquoi? Parce que "Seyyed Hassan Nasrallah a une profonde influence sur l'opinion israélienne". 

Ces affirmations prouvent à quel point la perspective d'un Israël "immunisé" face au Hezbollah parait peu probable aux Israéliens. Amos Gilad, l'ex chef du département politique au ministère israélien de la Sécurité souligne à ce propos : 

« Une confrontation avec le Hezbollah consiste à lancer, dès maintenant, des opérations d’envergure ciblant l’arsenal balistique du Hezbollah, car il est déjà trop tard, mais avant de lancer une attaque, Tel-Aviv devrait en estimer le coût général. »

Lire aussi : Les capacités militaires de la Résistance font peur à Israël

Aussi, des sanctions économiques imposées au Hezbollah auront-elles leur coût pour Israël et ses protecteurs. Il y a une semaine encore le régime de Tel-Aviv menaçait de bombarder le sud du Liban pour y " démanteler les usines de fabrication des armes iraniennes". L'argument particulièrement boiteux a même été repris implicitement par certaines chancelleries occidentales qui ont envoyé des émissaires "menacer le gouvernement libanais".

Dimanche 11 novembre au soir, Israël a très bien compris les limites de son marge de manoeuvers : près de 500 missiles qui ont été tirés contre Israël et de multiples défaillances qui ont caractérisé l'action de l'armée israélienne devraient donner à réfléchir à deux fois à l'état-major israélien avant de commettre l'irréparable. "Mais Israël n'est pas le seul : les États-Unis qui viennent de sanctionner des ressortissants irakiens pour nuire au Hezbollah devront eux aussi penser à leur présence militaire en Irak et aux défis qu'ils auront à relever pour la maintenir, s'ils continuent à opposer à la Résistance irakienne", fait relever Sadallah Zarei, expert des questions internationales, cité par Fars News. 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV