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Les sanctions anti-iraniennes, dernier effort US pour sauver l’ordre unipolaire du monde

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les président iranien, Hassan Rohani, chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine. (Photo d’archives)

D’après le journal libanais Al-Binaa, les sanctions anti-iraniennes des États-Unis constituent le dernier effort louche de Washington pour empêcher l’ordre unipolaire mondial de s’effondrer. « À l’aide de la Chine et de la Russie, l’Iran saura faire échec aux sanctions et détruire le rêve de Trump », ajoute le journal.

Dans un article paru par le site web d’Al-Binaa, le spécialiste libanais des questions stratégiques Wafiq Ibrahim estime que les efforts des responsables de la Maison-Blanche pour empêcher l’effondrement de l’ordre unipolaire mondial sont voués à l’échec :

« Les guerres américaines contre l’Iran et contre l’Orient arabe, qui se produisent sur des étendues géographiques discontinues, poursuivent en fait un même objectif et s’inscrivent dans un même projet. Avec le déclin du rôle américain dans la région richissime du Moyen-Orient, les États-Unis se sont lancés dans d’incroyables efforts pour enrayer le processus de leur décadence. Sur ce fond, les États-Unis se sont fixé pour objectif d’établir un “mur stratégique” traversant les frontières géographiques de plus d’un pays, reliant Idlib (dans le Nord-Ouest syrien) à l’est de l’Euphrate, pour parvenir à l’Iran par le biais du territoire irakien. Pour ce faire, les atouts des États-Unis seraient multiples : puissance militaire, agissements terroristes, ruses d’Ankara, hostilité israélienne et coup de main des Saoud, eux aussi en voie de décadence. Pour mettre l’Iran sous pression et détruire le rôle traditionnel de la Syrie dans la région, les Américains, en plus des atouts susmentionnés, seraient également disposés à mobiliser toute leur puissance politique, culturelle et militaire, sans oublier leur habitude de créer des coalitions de guerre. »

« Mais quels sont les motifs des États-Unis pour impliquer toutes leurs forces dans une telle guerre ? », se demande l’auteur de l’article qui par la suite répond en ces termes à cette importante question :

« Les États-Unis savent bien que cette guerre est décisive. Pour se débarrasser des complots séparatistes, la Syrie a besoin de maintenir ses liens stratégiques avec l’Irak et l’Iran, mais aussi avec la Russie et la Chine, dans la mesure où de simples rencontres entre responsables irakiens et syriens éveillent une grande inquiétude chez les Américains. Un projet multinational serait en cours pour isoler les Américains dans des zones entre l’Atlantique et le Pacifique. Et ce qui inquiète le plus les États-Unis, c’est que l’Europe aussi se montre encline à se débarrasser de l’emprise US et à se tourner vers le Moyen-Orient et ses ressources naturelles intarissables. »

La Défense américaine pourra-t-elle enrayer la décadence de « l’Empire US » et sauver le monopole américain dans le monde ? Voici la réponse qu’apporte l’analyste libanais à sa propre question :

« Bien que les États-Unis réunissent d’énormes potentialités, leur assurant une suprématie militaire et économique, c’est pourtant la première fois que les États-Unis se trouvent face à une coalition en devenir composée de “pays d’élite” ayant des plans bien précis et qui leur sont propres.

La Chine a défié l’économie occidentale, tandis que la Russie, quant à elle, a empiété sur les zones traditionnellement sous l’influence politique de Washington. Outre d’importantes exportations d’armements, la Russie prépare son retour triomphal parmi les décisionnaires du monde grâce à sa présence en Syrie. Que ce soit par les batailles sporadiques ou les processus de négociations, la Russie renforce chaque jour un peu plus son influence. Son ministre des Affaires étrangères parle souvent de “partenaires”, mais en réalité, ces partenaires, la Russie les combat sur divers fronts. »

Mais entre l’énorme progrès de Pékin, l’internationalisation du rôle de Moscou et la résistance remarquable de Damas, l’on pourrait constater un point de convergence qu’est l’Iran, selon l’article d’Al-Binaa :

« Malgré les conditions difficiles dues aux sanctions américaines et au comportement des Européens, des États arabes du golfe [Persique] et d’Israël, l’Iran a réussi, à son tour, à créer des coalitions au cœur d’un monde musulman soumis à l’influence de l’Amérique et du wahhabisme. 

Tout cela a accéléré, selon l’article, les efforts américains en vue d’affaiblir la volonté de ces quatre pays (Iran, Russie, Chine, Syrie) de se coaliser. C’est ainsi que la Chine s’est heurtée à des sanctions commerciales, tout comme la Russie, tandis que le président Trump a rapidement conçu son plan “depuis Idlib jusqu’à l’Iran”, pour rompre la liaison par mer depuis la Méditerranée vers la Chine et la Russie, de même que la liaison par voie terrestre depuis Idlib et l’est de l’Euphrate, vers l’Irak et, à terme, l’Iran. »

Du point de vue de l’analyste libanais, les États-Unis ont réussi tant bien que mal à obtenir l’appui des Européens à leur plan pour la Syrie, plan qui consistait à empêcher le gouvernement syrien d’obtenir une victoire définitive dans la guerre par une libération complète de la province d’Idlib.

Sous prétexte de protéger les civils face aux opérations de l’armée syrienne, les Américains regimbent dans l’opération de la libération d’Idlib et en même temps, ils continuent toujours de soutenir les terroristes, ayant établi des lignes de communication avec les terroristes à l’est de l’Euphrate sous la supervision turco-américaine, ajoute le texte.

« Les Américains ont transformé l’est de l’Euphrate en front de combat entre les Kurdes et le gouvernement syrien mais aussi entre les Kurdes et Daech, comme ils le répètent sans cesse. Ils observent toutes ces évolutions, leur méthode consistant à soutenir l’agresseur et à vilipender le vainqueur. Ils mènent leur jeu à l’est de l’Euphrate, afin de se rassurer que la crise en Syrie perdurera depuis Idlib jusqu’à Abou Kamal [près de la frontière irakienne], grâce à une guerre qui devrait fournir le prétexte pour justifier leur présence prolongée et celles de leurs alliés internationaux dans la région. »

Mais l’expert libanais Wafiq Ibrahim estime que pour Pékin et Moscou, Idlib est plutôt une crise pour les Américains parce que les États-Unis ne pourront pas jouer la carte du terrorisme pour longtemps.   

Et outre, comment les États-Unis peuvent-ils espérer réussir leur plan reposant sur les différends « Kurdes vs Turquie », « Kurdes vs Daech », « Kurdes, terroristes et Turquie vs gouvernement syrien », dans des conditions où l’Iran a réussi à réunir ses alliés autour du nouveau Premier ministre d’Irak ? C’est la question à laquelle devront répondre, selon l’article, les experts des questions liées à la Turquie et à la région du golfe Persique.

Pour finir, le journal Al-Binaa conclut que le « projet de mur » américain est bien réel, mais que la force foudroyante de l’axe Iran-Syrie-Russie va bientôt le briser, en insistant sur la préservation de la souveraineté syrienne, du rôle régional de l’Iran et des projets conjoints censés mettre un terme à l’hégémonie américaine dans le monde.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV