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Méditerranée : risque de conflit majeur entre la Russie et la France

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les pilotes de Rafale français actifs dans la région de la Méditerranée. ©Le Parisien

Au mois d’avril 2018, la France d’Emmanuel Macron s’est engagée, sur les pas des États-Unis d’Amérique et de la Grande-Bretagne, à s’attaquer militairement au territoire syrien sous prétexte d’avoir contré une probable attaque chimique que le « régime Assad » préparait contre la Ghouta orientale. Or, l’attaque, baptisée « opération Hamilton » et perpétrée sans mandat de l’ONU ni le feu vert de l’Assemblée nationale française mobilisa des frégates, des Rafales et des AWACS pour un résultat plus que mitigé. Le fiasco fut total au point de pousser l’armée française à un travail d’auto-évaluation : certains analystes sont allés jusqu’à voir dans ce méga raté militaire, un piège US destiné à faire perdre à la France l’un des marchés les plus prospères pour la vente de ses armements, à savoir le Moyen-Orient.

Cité par le site Opex360, le député français Jacques Marilossian vient de présenter un rapport à ce sujet qui devrait donner à réfléchir à une armée française, devenue désormais le supplétif de l’Otan. En guise de justification, le député souligne « la complexité » de l’opération aussi bien sur le plan « stratégique » qu’« opératif » et « tactique » : mais que signifie la complexité stratégique ? « Il n’est jamais aisé de trouver un accord entre alliés sur le diagnostic de la crise et la réponse à y apporter », dit le rapport, laissant entendre que l’attaque du 14 avril avait été décidée par les États-Unis et son modus operandi, imposés à la France sans que cette dernière ait son mot à dire. D’ailleurs l’autre niveau de complexité cité par le rapport confirme cette analyse : Sur le plan opératif, le choix des objectifs a été par nature plus compliqué à arrêter à trois puissances que dans le cadre d’une opération nationale.

Le député Jacques Marilossian. (Archives)

Le 14 avril, la marine française avait prévu de tirer un nombre supérieur de missiles de croisière navals (MDCN) que les trois missiles qu’elle a finalement lancés. Ces trois missiles ont d’ailleurs été tirés depuis l’une des trois frégates multimissions (FREMM) déployées en Méditerranée orientale. Or, à l’heure exacte du premier tir, « un gros bug » serait survenu, empêchant le départ des missiles de croisière sur le premier bâtiment désigné pour ouvrir le feu, avant que le second navire ne connaisse la même défaillance. Mais la marine française étant l’une des plus performantes en Europe, les experts ont affirmé à l’époque qu’il est peu probable que le dysfonctionnement dont elle a fait preuve soit d’origine purement interne. Placée sous commandement de l’OTAN, serait-elle victime d’un « bug ami » ? Le rapport du parlement ne le dit évidemment pas, prônant au contraire, une préparation plus avancée de la marine française en vue d’autres opérations à venir.

Mais le texte reste alarmant à un autre niveau : le rapport laisse supposer à une opération de brouillage russe qui aurait paralysé les bâtiments français : « les ratés de ces frappes en Syrie évoquent aussi des « enjeux doctrinaux », lesquels concernent la capacité à opérer dans des zones dotées de moyens d’interdiction et de déni d’accès ». En termes clairs, le texte met en cause les forces russes qui auraient déployé de tels moyens dans le cadre de leur engagement sur le territoire syrien et qui ont gêné la manœuvre des navires français. Et le texte d’ajouter : « Hamilton a opéré en zone A2AD ennemie, et les possesseurs de ces moyens de défense (Russie ?, ndlr) avaient pour certains annoncé qu’ils les emploieraient ».

Le député Marilossian reconnaît ensuite une vérité que plus d’un officiel français devrait tenir en compte et qui est celle-ci : « C’est là une rupture, avec l’ère de supériorité absolue sur mer et dans les airs, qui pour conséquence que « l’emploi tactique de nos armes doit en être repensé ». La confirmation est reprise par le chef d’état-major de la Marine française, l’amiral Prazuck qui ajoute : « Nos unités doivent réapprendre à opérer en environnement non permissif, c’est-à-dire miné, brouillé, « hacké », NRBC, tout en se préparant à faire face à de nouvelles menaces qui vont de l’embarcation autonome piégée aux missiles les plus complexes ». Reste à savoir pourquoi la France devrait prendre le risque d’affronter la Russie en Syrie ? Le 17 septembre, quelques heures après le crash de l’Il-20 russe, des informations préliminaires venant de sources russes remettaient en cause l’activité de la flotte française présente en Méditerranée. L’Élysée ira-t-il reconduire le scénario de la Ghouta orientale en Syrie, quitte à entrer en guerre contre la Russie ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV