Les pas vers la dédollarisation s’accélèrent et la campagne s'élargit de plus en plus chez les grandes puissances régionales et mondiales telles que la Russie, la Chine, l’Iran, l’Inde et la Turquie qui en ont par-dessus la tête de l’unilatéralisme et des sanctions américaines qui en résultent.
Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm et célèbre analyste du monde arabe, a écrit dans l’éditorial de ce quotidien que les pas vers la dédollarisation avaient commencé à prendre un rythme accéléré.
« Un économiste britannique a été interviewé il y a quelques jours par Rai al-Youm. Il a réaffirmé que la vraie source de puissance des États-Unis ne puisait ni dans ses ogives nucléaires, ni dans ses flottes maritimes, ni dans ses industries militaires, ni dans son économie. Selon l’économiste britannique, c’est au dollar que les États-Unis doivent leur pouvoir et c’est en utilisant cette « puissante arme » qu’ils veulent dominer le monde », indique Abdel Bari Atwan.
Il a ajouté que cette « puissante arme » perdait toutefois sa valeur et son efficacité, plus rapidement que jamais, en raison de plusieurs facteurs dont et surtout les politiques racistes et arrogantes de Donald Trump.
«Les pas vers la dédollarisation s’accélèrent et cette campagne se répand de plus en plus chez les grandes puissances régionales et mondiales telles que la Russie, la Chine, l’Iran, l’Inde et la Turquie qui en ont par-dessus la tête de l’unilatéralisme et des sanctions américaines qui en résultent », écrit Atwan.
« Le mercredi 31 octobre, le vice-Premier ministre russe Youri Borissov a déclaré que l’Inde serait payée en rouble, monnaie nationale de la Russie, dans le cadre d’un contrat qui prévoit la vente des S-400 russes au client indien.
Youri Borissov a souligné que la Russie accomplirait désormais toutes ses transactions d’armes par sa monnaie nationale pour ainsi couper sa dépendance au dollar américain.
C’est ce qu’a fait la Russie, il y a un mois, quand elle a convaincu la Turquie d’échanger les monnaies nationales des deux pays pour payer le prix d’un accord de vente de missiles et aussi tous les autres accords qu’ils avaient signés et dont le montant dépasse les 35 milliards de dollars.
La Chine, un autre grand pays qui fait partie de la campagne de dédollarisation, entend payer le pétrole iranien en pétro-yuan pour ainsi contourner les sanctions américaines visant le secteur pétrolier de l’Iran qui entreront en vigueur à partir du 4 novembre.
La Banque centrale de Chine vient de conclure un accord avec la Banque centrale du Japon dans l’objectif de l’échange de leurs monnaies nationales. (200 milliards de yuans pour 3,4 trillions de yens japonais). Un accord semblable a été signé entre le Japon et l’Inde.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays a été récemment pris pour cible d’une guerre de devises, déclenchée par les États-Unis, se trouve sur la ligne de front de cette campagne de dédollarisation. Erdogan dirigeait, au mois de septembre, un sommet Europe-Turquie qui réunissait sept pays turcophones. La décision la plus importante qui a été prise lors de ce sommet était l’utilisation des monnaies nationales dans les transactions commerciales au lieu du dollar ».
Abdel Bari Atwan a ajouté que la plupart des pays du monde s’étaient mobilisés contre les États-Unis, leur hégémonie économique et leur billet vert alors que Washington se sentait de plus en plus incapable de barrer la route à cette grande campagne de dédollarisation, animée par la Chine, la Russie, des pays asiatiques, africains, européens et latino-américains.
« Il est encore trop tôt de dire « adieu dollar » mais le processus de la dédollarisation a déjà commencé et il s’accélère de plus en plus. Le compte à rebours pourrait toucher à sa fin plus tôt qu’on ne le croit », a-t-il conclu.