Depuis la reprise quasi-totale de Soueïda et la marche victorieuse de l'armée syrienne et de ses alliés vers la base US à Al-Tanf, les Américains se sentent bien menacés. La visite inopinée la semaine dernière du général Votel, commandant en chef du CentCom, à Al-Tanf visait à parer à cet état de faits. Pour les stratèges américains, il est hors de question de laisser l'armée syrienne et ses alliés reprendre le contrôle de la richissime province de Deir ez-Zor où l'Amérique entend s'installer définitivement, quitte à couper tout contact entre l'Irak et la Syrie d'une part et à créer un État kurde de l'autre. Mais Washington peut-il aller si vite en besogne?
Bien sûr que non : il faudrait d'abord se faire rallier par la Turquie qui, kurdo-incompatible, ne veut plus entendre parler des FDS. D'où, la désormais stratégie apparemment "dé-kurdisée" de Washington qui cherche à remplacer les Kurdes, fût-ce au prix de leur sang, par les terroristes de Daech. Ces terroristes ont pour mission ensuite d'investir les régions contrôlées par les FDS, quitte à franchir les frontières et à s'attaquer aux forces de Mobilisation populaire.
Mais pour avoir été une première fois en 2014 victime de ce jeu américain, les Irakiens savent comment le contrer. Le ministre irakien de l'intérieur Qasim Al-Araji remet d'ailleurs en doute le bien-fondé d'une offensive daechiste contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui les aurait poussés à se replier. Il met en garde contre un plan US visant à préparer de la sorte le retour de Daech dans l’est de Deir ez-Zor, non loin de la frontière avec l’Irak.
Le quartier général des opérations des Hachd al-Chaabi a lancé lundi 29 octobre un état d’alerte mobilisant tous leurs combattants à la frontière avec la Syrie pour prévoir tout éventuel assaut des terroristes de Daech pilotés par les officiers américains. Les avions irakiens ont largué des tracts appelant les populations à être vigilantes. L'alerte fait suite à la prise aux FDS de plusieurs localités par le groupe terroriste Daech, localités situées à proximité de la frontière irako-syrienne, annonce un communiqué publié par le média irakien al-Maalouma.
Les Hachd al-Chaabi ont envoyé samedi dernier du renfort à la frontière entre l'Irak et la Syrie après que Daech a repris aux Kurdes syriens les zones qu’ils contrôlaient. Daech progresse dans l’est de la Syrie avec l’aide de la coalition américaine car les États-Unis souhaitent y maintenir le terrorisme en vue de justifier la poursuite de sa présence.