S’attardant sur l'affaire de la disparition du journaliste opposant saoudien Jamal Khashoggi et la révélation d'éléments accréditant la thèse de son assassinat par le régime de Riyad à l’ambassade saoudienne à Istanbul, le magazine américain Foreign Policy écrit que ce dossier pourrait aboutir au départ du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), l'homme fort ambitieux du royaume wahhabite.
Pour le magazine américain, l'affaire Khashoggi, pourrait mettre en danger la position de MBS. L'incapacité du jeune prince héritier d'améliorer la situation économique dans son pays et cette nouvelle affaire de meurtre pourraient alimenter cette idée dans l'esprit du roi père et du clan de la famille Ale Saoud au pouvoir que MBS n’est pas à la hauteur de son rang et ne mérite pas l’accession au trône.
Le magazine a également déclaré que si les démocrates remportaient les élections de mi-mandat en novembre, certains accords de vente d'armes entre les États-Unis et l'Arabie saoudite pourraient être annulés.
Réagissant à ces évolutions, Bruce Riedel, un ancien agent de la CIA et un conseiller pour les quatre ex-présidents américains (de Bush père jusqu’à Obama), a déclaré: « Le prince héritier saoudien bénéficie actuellement du soutien de son père, mais je ne serais pas surpris de voir Mohammed ben Salmane être renvoyé ou assassiné. »
Depuis son départ en exil l’an dernier, Jamal Kashoggi a publié une chronique dans le Washington Post. Il y critiquait ouvertement l’action de ben Salmane. Dans sa dernière note, il lui demandait d’arrêter sa « guerre cruelle » au Yémen.
Si le meurtre et l’implication de Riyad se confirme officiellement, l’impact serait profond. L’Arabie saoudite a déployé de grands efforts pour exposer au monde une image modernisée avec son jeune prince héritier. De grands éditorialistes américains en ont chanté les louanges, et son amitié avec le milliardaire Donald Trump est totale.
Selon l’intéressé, l’affaire Kashoggi révèle au grand jour que derrière le modernisme du jeune prince, se cache une pratique très ancienne du pouvoir le plus absolu qui bafoue les droits de l’homme.
Cependant, cette affaire a peu de chances d’émouvoir Donald Trump, car le président américain n’est pas mal à l’aise sur les violations des droits de l’homme et il est plutôt intéressé par son alliance avec Riyad qui a engendré des contrats d'armements pour des milliards de dollars.
Reste à savoir quelle sera la position des autres soi-disant défenseurs des droits de l'homme.