Plus d’une vingtaine de sénateurs des partis républicain et démocrate ont demandé, le mercredi 10 octobre, le lancement d’une enquête sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui est susceptible d’aboutir à l’introduction de sanctions américaines à l’encontre de toute personne étrangère jugée responsable.
La demande d’enquête adressée par 22 sénateurs, dirigés par le président de la commission des relations étrangères Bob Corker et le sénateur démocrate du New Jersey Bob Menendez, a fait suite à de nombreuses informations selon lesquelles le gouvernement saoudien serait à l’origine de la disparition du journaliste, a expliqué le magazine américain Politico.
La législation en vigueur autorise les responsables de la commission à demander au président « de déterminer si une personne étrangère est responsable d’homicides extrajudiciaires, de torture ou d’autres violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus », ont écrit les sénateurs.
Cette demande, publiée mercredi, marque le début d’une enquête de 120 jours pour décider de la nécessité d’imposer des sanctions.
« Nous espérons qu’en prenant votre décision, vous tiendrez compte de toute information pertinente, y compris celles concernant les plus hauts responsables du gouvernement saoudien », ont écrit les sénateurs démocrates et républicains.
Alors que les rapports émanant des renseignements turcs indiquent que le journaliste a été assassiné, Croker a déclaré que les sénateurs américains prendraient des mesures eux-mêmes concernant la disparition de Khashoggi, événement que le vice-président américain a, de son côté, qualifié de « menace à liberté de la presse et aux droits de l’homme ».
Corker a également déclaré aux journalistes qu’après avoir examiné les renseignements disponibles sur Khashoggi, il avait jugé que l’évaluation de la Turquie sur l’affaire était relativement fiable.
« Nous devons prendre des mesures et nous pouvons faire certaines choses au Congrès », a lancé Corker.
L’ignorance apparente du président Donald Trump sur l’étendue du rôle du gouvernement saoudien dans la disparition de Khashoggi a suscité l’inquiétude des groupes de défense de la liberté de la presse, a indiqué Politico.
Lorsqu’on a demandé à Corker si la réponse de Trump était assez forte, il a répondu d’un air ému : « Je ne peux pas parler de ses commentaires. »
Mais Corker, qui s’est parfois heurté à l’administration américaine et a mis en garde l’année dernière que la politique étrangère de Trump risquait de provoquer la « Troisième Guerre mondiale », a ajouté que le président semblait reconnaître qu’il y avait un problème et qu’il n’aimait pas ce qu’il entendait.
De manière générale, pour ce sénateur démocrate, l’affaire Khashoggi devrait avoir un impact considérable sur les relations américano-saoudiennes.
« Cela pourrait affecter de nombreuses choses sur lesquelles nous travaillons et qui sont très importantes, mais vous ne pouvez pas tuer des journalistes », a conclu Corker.
Faisant allusion aux récents réchauffements dans les relations entre l’Arabie saoudite et Israël, le journaliste et expert des affaires sécuritaires et militaires israéliennes, Youssi Milman, n’a pas rejeté une éventuelle implication de Tel-Aviv dans l’assassinat de Khashoggi au consulat saoudien en Turquie.
