Au cas d’une offensive militaire israélienne contre le Liban, Tel-Aviv devrait s’attendre à de graves conséquences, estime le site d’information libanais Elnashra.
Elnashra souligne, dans une analyse, que les nouvelles menaces proférées par le régime israélien contre le Liban n’ont pas été divulguées, comme cela est de coutume, par un ministre ou un officier de l’armée qui souhaiterait se présenter comme un « héros de guerre », mais par le Premier ministre Benyamin Netanyahu à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le site libanais écrit : « Pour menacer le Liban, le Premier ministre israélien s’est servi de la même méthode qu’il a utilisée pour ses accusations contre la République islamique d’Iran à propos d’un prétendu dépôt de substances nucléaires à Torquzabad près de Téhéran, méthode qui n’arrive à convaincre d’une seule personne, c’est-à-dire le président des États-Unis Donald Trump. »
L’auteur souligne que le Liban ne dispose pas d’autant de moyens et d’armements que l’Iran pour se défendre militairement face à une agression israélienne, mais que le pays jouit d’une importance stratégique de premier plan pour la plupart des États de la région et pour les grandes puissances occidentales. « Les puissances qui ont fermé volontairement les yeux sur les agressions militaires israéliennes contre la Syrie, n’adopteront pas cette attitude si Israël attaquait militairement le Liban », estime l’auteur de cette analyse.
D’après Elnashra, une offensive militaire israélienne contre le Liban signifierait la violation des lignes rouges qui ont été établies depuis la fin de la guerre de 2006. Elnashra écrit : « La réaction libanaise à une telle attaque militaire serait immédiate. Les Israéliens en sont parfaitement conscients. D’ailleurs, c’est pour cette raison que depuis plusieurs années, l’armée israélienne n’a entrepris aucune opération militaire directe contre le Liban, et s’est limitée à mener quelques raids contre des cibles du Hezbollah libanais en Syrie. »
L’auteur estime que le Hezbollah n’a pas peur d’une éventuelle confrontation avec les forces de l’armée israélienne. Par contre, « le Hezbollah profiterait d’une telle situation pour faire une démonstration de force et rejeter les rumeurs selon lesquelles son engagement en Syrie aurait réduit sa capacité de combat face au régime israélien ».
Elnashra évoque ensuite la position de la Russie envers une possible agression militaire israélienne contre le Liban. Après la mort de quinze soldats russes dans l’affaire d’un avion Il-20 en Méditerranée orientale au large de la Syrie, l’auteur croit que « cette fois-ci, Moscou ne se contenterait plus d’une simple prise de position verbale et pourrait prendre des mesures effectives contre les actions d’Israël, qui mettraient en péril l’équilibre des forces dans la région ».
Le texte ne prévoit pas une confrontation militaire directe entre la Russie et Israël après une intervention militaire israélienne contre le Liban, mais pense que les Russes essaieront de prendre des mesures qui fragiliseraient la position d’Israël en affectant la supériorité militaire de Tel-Aviv, notamment la supériorité aérienne de l’armée israélienne.
Elnashra écrit : « Au cas d’une confrontation entre Israël et le Liban, Moscou essaiera de contrôler les tensions dans la région pour faire comprendre que sa présence en Syrie n’a pas pour seul but d’encourager ses alliés et de remonter leur moral, car depuis 2015, la Russie accorde une importance toute particulière à la consolidation et à la stabilisation de son influence régionale. Dans ce droit fil, Moscou ne sacrifiera pas ses intérêts pour soutenir ceux du régime israélien. »
Après une éventuelle offensive contre le Liban, le régime israélien se trouverait en mauvaise posture face aux puissances européennes, « d’autant plus que ces dernières années, les Européens ont souvent soutenu le Liban face aux différents défis militaires et sécuritaires liés au terrorisme ». Ainsi, l’auteur s’imagine que l’Europe condamnerait l’agression éventuelle d’Israël contre le Liban. « Grâce au veto américain, Israël échappera sans doute à une condamnation formelle au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, mais il s’exposera aux pressions diplomatiques, voire économique de l’Europe, surtout que les Européens craindront un afflux de migrants syriens susceptibles de quitter le Liban pour le Vieux Continent », a-t-il ajouté.