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Pourquoi la France devient-elle iranophobe ?

Le centre Zahra France pris dans un coup de filet, le 2 octobre 2018. ©AFP

À peine 48 heures après la frappe aux missiles contre le QG de Daech à Hajjin à l'est de la Syrie, et alors que les Iraniens pleurent toujours la mort de 24 des leurs, visés sauvagement en plein défilé militaire d'Ahwaz le 22 septembre, la France du président Macron a très clairement accusé l'Iran "d'avoir projeté" un attentat sur son territoire. Pour ceux qui suivent les évolutions malheureuses des relations Téhéran-Paris depuis que M. Macron est entré à l'Élysée et qu'il a remis à Yves Le Drian, les commandes de sa diplomaties, ce spectaculaire rebondissement fait date.

Une association caritative chiite, center Zahra, soumis depuis des années à la surveillance rapprochée du renseignement français a été pris pour cible d'un raid policier impliquant quelques 200 agents de police montés à bord des dizaines de véhicules. Même au pire moment d'attentats commis par les agents pro-Riyad sur le sol français entre 2012 et 2016, on n'avait assisté à un tel déploiement militaire. 12 personnes dont le chef du centre et leader des chiites, Yahya Gouasmi, ont été arrêtés.

Mais que cherche la police française ? 

La police française cherche visiblement à établir un lien entre l'Iran, le chef religieux Yahya Gouasmi et le soi-disant projet d’attentat visant le congrès de la milice terroriste Moujaheddine du peuple (Moujaheddin e-Khalq - OMK), une milice armée qui a revendiqué depuis les années 80 des milliers d'assassinats en Iran et en Irak, sans que l'État français ne s'en émeuve ou décide, ne serait-ce qu'un seul instant, de mettre fin à la présence d'une guérilla armée sur son territoire. 

Deux belges et ex-membres de l'OMK, Amir S. et son épouse Nasimeh N. ont été arrêtés en Belgique dans ce dossier ainsi qu’un diplomate iranien, Assadollah Assadi, arrêté lui, en Allemagne, juste au moment où le président iranien se trouvait en tournée en Suisse et en Autriche pour tenter de sauver un accord nucléaire pluripartite que les Américains ont foulé au pied dans le stricte objectif de nuire aux intérêts de l'Europe. 

Mais ceci n'est que la pointe de l’iceberg: l'assaut armé contre le centre Zahra et les propos particulièrement anti-iraniens tenus dans la foulée, par les officiels français dévoilent l'arrière-plan de ce coup de théâtre qui ne profite, à vrai dire, qu'à une seule et unique partie, à savoir Israël.

Car pourquoi diable la France irait geler les comptes bancaires du ministère iranien du Renseignement alors même que ce dernier vient de réaliser un coup de maître à Abou Kamal, à l'aide des unités militaires iraniennes contre Daech, le même qui a commis les pires attentat sur le sol français ?

Les évolutions qui se sont suivies confirment d'ailleurs cette hypothèse. Le 2 octobre, trois ministères régaliens du gouvernement Macron émettent un communiqué. il s'agit des ministres des Affaires étrangères et de l'Économie suivis de leur collègue de l'Intérieur. Se référant à ce qu’ils appellent l’« attentat terroriste » à Villepinte, ils prétendent qu' un acte d'une extrême gravité a été commis sur le territoire français et que partant, il ne pouvait rester sans réponse.

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Mais le texte n'en reste pas là et va plus loin dans la menace: pour Yves Le Drian, « l'attentat avorté » à Villepinte démontre "la nécessité de prendre une mesure stricte dans les relations avec l’Iran", ce qui revient à dire que la France pourrait rompre ses relations avec l'Iran. 

Le désormais ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en remet une couche, en affirmant que son pays est bien déterminée à tout faire pour "prévenir" le terrorisme sous toutes ses formes et "d’où qu’il vienne" tandis que Bruno Le Maire, homme par qui les sanctions extraterritoriales US avaient été dénoncées pour la première fois en Europe, indique que la France "devait assécher les sources financières du terrorisme pour mettre fin à de tels actes terroristes".

Le Maire veut même que la France agisse «au niveau national avec fermeté » et qu’elle continue à « renforcer les dispositifs au niveau international ».

Ce discours est lourd de messages: l'État français vient de s'engager dans un bras de fer parfaitement insensé, au profit de l'axe Tel-Aviv-Riyad, bras de fer qui a pour ambition de dénaturer la réalité de la pire des manières: remplacer les terroristes salafistes pro-Riyad ayant commis des attentats en France par des chiites pro-Iran et justifier par la même occasion une confrontation à venir des forces françaises avec l'axe de la Résistance, sur des terrains aussi accidentés que la Syrie.

Cette dangereuse tournure, ce n'est pas les Français qui le souhaitent mais une partie de la France, celle dont le cœur ne bat que pour Israël. 

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Réaction iranienne

Le porte-parole de la diplomate iranienne a d'ailleurs dénoncé "les agissements d'un pays tiers" dans ce dossier, un pays qui en veut aux liens Paris-Téhéran. Signe que Téhéran y voit bien clair, Bahram Qasemi, a même appelé la France à s’asseoir autour d’une table et à confronter les informations des uns et des autres.

Des preuves manquantes ou la crainte de scandale auprès de l'opinion publique ? Toujours est-il que Paris a relâché dans les heures suivant la réaction iranienne, le fondateur du centre Zahra, Yahya Gouasmi, qu’il avait interpellé durant plusieurs heures. Et depuis, le ministère français de l’Intérieur ne parle plus d’arrestations, mais uniquement de perquisitions.

N'empêche que le mal a été fait et il est bien décrit par Gouasmi, fondateur du parti antisioniste: répondant aux questions de journalistes, M. Gouasmi a accusé Israël d’avoir organisé cette "fausse piste terroriste" pour nuire à l’Iran. Sinon, comment expliquer l'absurdité qui consiste à accuser l'Iran d'avoir projeté un attentat contre une organisation terroriste dont 165 membres ont été arrêtés en 2003 par la Direction de la surveillance du territoire [DST, l’ancêtre de la DGSI] au motif que son siège d’Auvers-sur-Oise était devenu le « quartier général mondial d’une organisation terroriste ». 

À l’époque, le patron de la DST, Pierre de Bousquet de Florian, avait affirmé que l'OMK représentait « un danger pour notre pays et nos concitoyens ». Et d’ajouter: « Il était tout à fait temps d’intervenir » car ils « envisageaient de commettre des attentats contre les intérêts iraniens en dehors de l’Iran ».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV