Capable d'intercepter les avions qui décolleraient en Europe et en Israël, de neutraliser les satellites espions et les radars au sol et aériens, le système de guerre électronique russe a débarqué en Syrie. Très mauvaise nouvelle pour le régime de Tel-Aviv.
À la suite de la destruction de l'avion russe Ilyushin-20 en Syrie, utilisée par les avions de combat israéliens à titre de bouclier et ce, pour éviter la DCA syrienne, le dispositif de guerre électronique "Krassukha-4" a été déchargé le mardi 25 septembre à la base aérienne russe Hmeimim, près de Lattaquié, un jour après que le ministre russe de la Défense, le général Sergueï Choïgou, avait promis de renforcer les systèmes de guerre radio-électroniques en Syrie.
« Des brouilleurs spécialisés pourraient être déployés parallèlement aux systèmes au sol pour renforcer également les flottes navales israéliennes », a expliqué Vladimir Mikheyev, conseiller du premier directeur général adjoint de la compagnie Concern Radio-Electronic Technologies (KRET).
« Et tout cela sera intégré dans un système de contrôle commun et nous saurons non seulement quand exactement un appareil sera entré dans l'espace aérien de cette région, mais aussi à quel moment un avion se sera déplacé sur la piste, et ce, que ce soit en Israël ou en Arabie saoudite ou même en Europe », a-t-il précisé avant de détailler davantage les mesures de guerre électronique prises par Moscou contre Israël.
Les analystes politiques sont d'avis que la riposte russe à la mort de 15 militaires russes à bord de l'Il-20 dépasse ainsi largement la seule livraison des S-300 à l'armée syriennes. Il s'agit en effet d'efforts destinés à clouer au sol les appareils israéliens, les privant de tout marge de manœuvre. Vladimir Mikheyev revient d'ailleurs sur cet aspect et dit : « Une fois qu'un avion est repéré dans un aérodrome, le système de guerre radio-électronique renforcé lui attribue automatiquement un numéro cible et offre diverses options : soit une reconnaissance radio-électronique, une atténuation ou une suppression électronique, voire, si la situation est critique, feu à effet », a-t-il noté.
Bien qu’il ne soit pas le système de guerre électronique le plus sophistiqué de l’arsenal russe, le Krassukha-4 est très avancé et correspond aux attentes du ministre russe de la Défense, Surgueï Choïgou, dont l'altercation avec le commandant en chef de l'Armée de l'air israélienne, lors de leur rencontre jeudi 20 septembre a été largement répercutée dans les médias. Le système déployé en Syrie peut bloquer les systèmes de communication, désactiver les missiles et les aéronefs guidés et neutraliser les satellites et radars espions orbites terrestres (AWACS) à des distances de 150 à 300 km, couvrant ainsi le nord et le centre d’Israël. Le Krassukha-4 peut également endommager la guerre électronique adverse.
Que peut faire Israël?
Les analystes politiques relèvent une véritable panique du côté israélien et la focalisation de Tel-Aviv renvoie surtout à cette crainte foncière. L’armée israélienne a plutôt axé sa réponse sur les mesures de la Russie concernant les huit batteries de défense S-300 promises à l’armée syrienne. Les officiels israéliens, eux, semblent avoir peur du "duel électronique" qui les attende et qui les place face à la Russie.
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L’armée israélienne connaît le Krassukha-4 mais n’a jamais eu à faire face à une guerre électronique d'envergure, impliquant ce dispositif. Ainsi, Israël ne pourra-t-il qu'agir à l'aveuglette. Ceci dit, le Krassukha-4 est bien connu des Américains. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est susceptible de demander au président américain Donald Trump, d’encourager Vladimir Poutine à éliminer la « menace du brouillage » issue d'une guerre électronique russe. Mais « il n'y a guère de chance de trouver un tel compromis », a prédit le site web proche des milieux de renseignement militaire israélien, DEBKAfile, dont les experts pensent que « le président russe ne se satisfera pas de rien moins que d'un retrait des troupes américaines de Syrie, auquel Trump s’opposera ».