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Énergie: l’Opep fait fi des appels de Trump

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'Opep et la Russie refusent la baisse des prix du pétrole, réclamée par le président américain Donald Trump. (Illustration)

L’Opep fait la sourdre oreille aux injonctions du président américain Donald Trump à faire baisser les cours du pétrole.

L'Arabie saoudite et certains producteurs de pétrole membres de l'Opep, situés dans le littorale du golfe Persique, ne sont plus en mesure de piloter tout seul la production et de fixer les prix du pétrole. Ils ont été contraints de s’entendre avec des pays producteurs du pétrole qui ne font pas partie du cartel, comme la Russie, afin de mettre un terme à l'effondrement des prix et de maintenir la stabilité du marché.

Dans un éditorial du journal panarabe Rai al-Youm, le journaliste Abdel Bari Atwan a abordé la réunion de l’Opep organisée en Algérie au cours de laquelle des membres ont fait fi des injonctions de Donald Trump: « On ne sait pas comment Trump réagira à la décision de l’Opep et de la Russie qui ont refusé de se plier à ses appels sur toute augmentation du plafond de production de pétrole dans l’immédiat . Mais il va de soi que les États-Unis, qui avaient déjà dépêché un délégué aux réunions de l’Opep à Vienne ou à Genève, ne peuvent plus imposer leurs diktats à cette instance, dans le but de gérer les prix du pétrole en leurs faveurs.»

Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm. (Photo d'archives)

Le président Trump a suggéré le jeudi 20 septembre que les États-Unis pourraient reconsidérer l’appui militaire aux pays du Moyen-Orient si l’Opep ne faisaient pas baisser les prix du pétrole.

« Nous protégeons les pays du Moyen-Orient, ils ne seraient pas en sécurité très longtemps sans nous, et pourtant ils continuent à faire monter et monter encore les prix du pétrole ! Nous nous en souviendrons. Le monopole qu’est l’Opep doit faire baisser les cours maintenant ! », a-t-il écrit sur Twitter.

Il est peu probable que la Russie se plie aux appels des États-Unis qui lui ont imposé des sanctions économiques.

Lors d’un entretien téléphonique il y a deux mois avec le roi d'Arabie Salmane ben Abdelaziz, Trump a évoqué la production de deux millions de barils supplémentaires pour éviter un coût trop élevé de l'or noir.

Dans un tweet posté le 30 juin 2018, il a écrit: « Je viens de parler avec le roi Salmane d'Arabie saoudite et lui ai expliqué que, en raison des tensions et dysfonctionnements en Iran et au Venezuela, je demande que l'Arabie saoudite augmente la production de pétrole, peut-être de 2 millions de barils, pour combler la différence. Les prix sont trop hauts ! Il est d'accord. »

Or, le prix du pétrole londonien a grimpé lundi à son niveau le plus élevé depuis novembre 2014 après la décision de l'Opep et ses partenaires de ne pas augmenter la production d'or noir malgré les pressions de Donald Trump.

Selon certaines prévisions, si les États-Unis réussissent à réduire à zéro les exportations de pétrole iranien, le prix du pétrole dépassera les 100 dollars par baril. Ce qui s’avérera très nuisible à l’administration Trump qui risquera de perdre la majorité à la Chambre des représentants.

En dépit de son discours enflammé, Trump craint une importante hausse des cours si le pétrole iranien est supprimé du marché, ce qui constitue un aveu d’impuissance d’un président américain qui a juré de faire appliquer coûte que coûte ses sanctions contre l’Iran.

Pour le rappel, le Comité ministériel conjoint de suivi de l'Opep et non-Opep a noté ce dimanche à Alger que les 25 pays producteurs se retrouveront le 11 novembre prochain à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, juste une semaine après les élections de mi-mandat du Congrès américain.

Selon les statistiques, la production pétrolière américaine atteint les 11 millions de barils par jour alors que la consommation dépasse les 19 millions de barils. Le budget de l’administration Trump sera affecté de plein fouet en cas de la hausse des cours du pétrole.

Ni l’actuel ni le futur gouvernement américain ne peut instrumentaliser cette organisation pour assurer ses propres intérêts économiques. Ni les tweets de Trump ni ses menaces ne peuvent influencer les cours de pétrole. La récente réunion de l’Opep vient étayer cette réalité.

Le déclin du rôle des alliés arabes des États-Unis, l’émergence de la Russie comme nouveau pôle gazier et pétrolier ainsi que l'autonomie de la diplomatie algérienne affaiblissent la position de Washington envers l'Opep.

En effet, après une longue absence, l’Algérie fait son retour au sein de l'Opep qui, pendant deux décennies, fonctionnait sous l'égide des gouvernements stipendiés par les États-Unis.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV