Les entreprises françaises actives en Iran seraient "incapables" de se défendre face aux sanctions américaines. Le constat, terrifiant du ministre français de l'Économie devrait donner à réfléchir : la France est ligotée par le dollar.
Alors que les autorités européennes cherchent à trouver des mécanismes propres à contourner les sanctions américaines à l'encontre des sociétés actives en Iran, le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a déclaré mardi que la majorité des entreprises françaises "ne pourraient pas rester" pour cause d'incapacité à se défendre.
Le ministre français des Finances a déclaré ce mardi 19 juin à RMC que la plupart des entreprises françaises ne pourraient pas rester en Iran, après que les États-Unis aient décidé en mai de rétablir les sanctions contre Téhéran.
« Ces entreprises ne pourront pas rester car elles doivent être payées pour les produits qu'elles livrent et fabriquent en Iran et elles ne peuvent pas être payées parce qu'il n'y a pas d'institution financière européenne souveraine et autonome", a martelé le ministre français, reconnaissant à quel point la France soumise au libéralisme américain, est sans défense.
Le ministre qui s'est distingué au mois de mai par ses propos clairement hostiles "au gendarme économique" qu'est l'Amérique a demandé plus loin que l'Europe se dote des institutions financières souveraine :
"Notre priorité c'est de bâtir des institutions financières européennes indépendantes et souveraines qui permettent des canaux de financement entre des entreprises françaises, italiennes, allemandes, espagnoles et n'importe quel autre pays de la planète car c'est à nous européens de choisir librement et souverainement avec qui nous voulons faire du commerce".
Depuis le 8 mai, lorsque le président américain Donald Trump a annoncé sa décision de se retirer de l'accord nucléaire iranien et de sanctionner Téhéran, l'Union européenne a lutté pour éviter les sanctions secondaires que Washington pourrait imposer aux entreprises européennes opérant en Iran. A l'époque, le ministre a dénoncé la manière par laquelle les Etats-Unis traitent leurs alliés et le peu de cas qu'ils font des intérêts de leurs partenaires:
«Les États-Unis n'ont pas à être le gendarme économique de la planète et comme visiblement le Président américain a décidé d'être le gendarme économique de la planète, c'est à nous de nous doter d'instruments pour ne pas être les victimes de ce choix», avait aupravant réagi le ministre de l'Économie.
Même si l’Union européenne a déjà pris des contre-mesures, notamment en introduisant la loi du blocage de 1996, lui permettant de continuer à commercer avec Téhéran et protéger ses entreprises des sanctions américaines, le géant pétrolier français Total et le constructeur automobile PSA ont déjà déclaré qu'ils ne maintiendraient pas leur présence sur le marché iranien, quitte à encourager l'Iran à se rapprocher de l'Est et à perdre un marché fort de 80 millions de consommateurs. Le constructeur automobile Renault a pourtant trouvé de quoi préserver sa présence "vitale" en Iran en choisissant de réduire sa voilure.
Le retrait US de l'accord nucléaire a déclenché une vaste polémique en Europe où les personnalités les plus atlantistes se demandent sur le bien-fondé d'une alliance transatlantique qui a plongé l'Europe dans un état d'extrême apathie.