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Les États-Unis semblent être tombés dans le piège tendu à l'Iran

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des miliciens chargés de protection des puits de pétrole libyen situé dans le croissant pétrolier. ©AFP

La décision de Riyad pour augmenter la production de l’OPEP, que soutient la Russie, a été interprétée comme une tentative de déstabilisation des cours, qui du fait des sanctions américaines contre l’Iran, ne cesse de grimper. Si la Russie est inquiète de la productivité de ses entreprises qui ont besoin de plus de pétrole, Riyad, lui, projette de colmater la brèche ouverte par les sanctions américaines contre le pétrole de l’Iran.

N’empêche que la position saoudienne est ambiguë. Jusqu’en avril, le ministre de l’Énergie saoudien, Khaled al-Faleh, affirmait que le marché pouvait supporter des prix du baril plus élevés et le royaume, quasi ruiné par ses dépenses militaires, se réjouissait d’une hausse continue du prix du baril.

Mais Riyad a changé soudainement de camp quand le président US Donald Trump s’est retiré de l’accord nucléaire signé avec l’Iran. D’ailleurs, la décision US a introduit une bonne dose de nervosité sur le marché, quitte à faire grimper les cours début 2018.

Or les impacts énergétiques du retrait américain du PGAC tombent à un moment on ne peut plus critique : les élections parlementaires approchent aux États-Unis et le prix de l’essence grimpe pour le consommateur américain au seuil de l’été. Trump pourra dire autant de mal qu’il veut de l’OPEP, il pourra capitaliser autant qu’il veut l’engagement saoudien à compenser le manque à gagner iranien sur le marché mondial, mais la dynamique ascendante des cours ne se dissipera pas.

Surtout qu’à part Riyad, les gros producteurs sont prêts à se battre : l’Irak et le Venezuela ont déjà annoncé s’opposer à une augmentation des objectifs. En effet à part quelques pays, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, les autres producteurs voient l’ensemble du marché retenir ses extractions pour vendre au prix fort leur production limitée. Le coup anti-OPEP USA/Riyad qui pour l’Arabie saoudite relève plutôt d’un acte d’autopunition, risque bien de tourner court.

Que faire ?

Et c’est là qu’intervient le facteur « Libye » : Ras Lanouf, Sidra, Syrte, le croissant pétrolier libyen, complètement ignoré par les médias, dominants depuis le début de la guerre de Libye, occupe à nouveau les devants de la scène. Officiellement, les forces du maréchal Khalifa Haftar, fort du soutien militaire des pays de l’Arabie saoudite, des Émirats, de l’OTAN et de l’Égypte, ont lancé une offensive pour reprendre aux « terroristes » le contrôle des installations pétrolières libyennes. Selon l’AP, une frappe de drone US aurait même ciblé un chef terroriste d’al-Qaïda. Une autre attaque menée un peu plus au Sud à Oubari en plein désert aurait ciblé un chef militaire d’al-Qaïda au Maghreb Islamique, dit encore l’AP sans plus de détails.

Peu importe l’appartenance de ces milices positionnées depuis la chute de l’État libyen en 2011 sur le croissant pétrolier libyen, les frappes US ont un objectif clair : la chute du régime de Kadhafi n’a pas permis aux puissances étrangères de profiter pleinement des ressources pétrolières libyennes et Donald Trump cherche ces jours-ci à rattraper le manque de pétrole à injecter dans le marché sur le dos des Libyens. Puisqu’il sait pertinemment que Riyad ne saura rien faire seul. Surtout que la destruction des vannes pétrolières libyennes, les sanctions pétrolières contre le Venezuela et puis contre l’Iran viennent de prendre le malin président US au collet. La revanche de l’histoire se trouve sans doute là.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV