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Riyad s’efforce d'aligner Amman à la réalisation du "deal du siècle"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi saoudien Salman (g) le roi Abdullah II de Jordanie (c), le premier ministre des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Rashid (d) et l'émir koweïtien Sheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, à la Mecque, le lundi 11 juin 2018. ©SPA

La réunion, proposée par Riyad, prétendument pour fournir une aide économique et véritablement pour faire chanter la Jordanie, s’est tenue, le lundi 11 juin, au palais royal à La Mecque. L’Arabie saoudite veut, en fait, imposer le «deal du siècle » à la Jordanie qui avait, déjà, renoncé à y participer.

Lors de leur réunion, l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis se sont mis d’accord pour fournir une aide économique d’un montant de 2,5 milliards de dollars à la Jordanie. C’est en fait un pot-de-vin au roi Abdallah II pour le faire rallier aux positions israélo-américaines et l'amener à accompagner les autres États arabes pour la réalisation du « deal du siècle ».

La Jordanie, engagée auprès du Fonds monétaire international (FMI) à mener des réformes structurelles en échange d’un prêt de plusieurs centaines de millions d’euros, vient d’être secouée par une semaine de contestations sociales particulièrement virulentes. Sous les pressions de la rue, le gouvernement vient toutefois de retirer son projet de réforme qui prévoit la hausse des prix et des impôts.

Une source diplomatique citée par Farsnews a annoncé que la Jordanie aurait adressé des messages secrets aux dirigeants des pays arabes. Dans ces messages, Amman tire la sonnette d’alarme quant aux impacts que pourrait avoir une détérioration de la situation économique jordanienne sur la sécurité des pays du golfe Persique. Amman laisse entendre que si la situation en Jordanie échappe au contrôle, ni l’Arabie saoudite ni les Émirats ne seraient à l’abri.

Pour l’analyste d’Al-Jazeera, la réunion a été organisée dans le but de faire chanter la Jordanie, qui occupe une situation géopolitique importante dans la région. S'expliquent ainsi les efforts des pays arabes de la région et leurs protecteurs israélo-américains pour venir en aide à la Jordanie. Or, l’aide tardive des Arabes ne peut pas satisfaire les Jordaniens qui se méfient d’un chantage politique de la part de ces derniers. Les pays arabes ont traîné avant d’émettre cette offre généreuse pour, en fait, punir la Jordanie et sa population qui ont refusé de collaborer au « deal du siècle » qui anéantit la cause palestinienne.

En recevant cet argent, Amman connaîtrait-il plus de pressions et de diktats ? Les capitales arabes qui avaient cessé de soutenir Amman, ont saisi, maintenant, le danger de leurs politiques et craignent de se confronter à une situation pareille. Les récentes protestations en Jordanie étaient sans précédent dans l’histoire de ce pays. Qu’est-ce qui garantit que le feu ne s’étende pas aux pays voisins, s’interroge l’analyste d’Al-Jazeera.

L’Arabie saoudite est prête à tout faire pour mettre en œuvre le « deal du siècle », quitte à couper l’herbe sous le pied de la Jordanie et de l’Autorité autonome.

Le « deal du siècle » a provoqué une profonde crise au sein du monde arabe. La Jordanie a en effet réclamé des amendements sur certaines clauses du texte, en ce qui concerne les droits d’accès aux lieux saints de la ville de Qods. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont, par contre, entièrement accepté le plan du jeune Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, épaulé par Jason Greenblatt, l’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient.

Ben Salmane et Kushner ont conclu que l’« accord du siècle » doit être mis en œuvre rapidement. Et en contrepartie, si ce projet voit le jour, le gendre de Trump pourra renforcer sa position au sein du gouvernement américain, car en fait, il aurait réussi en quelque sorte à « gérer ce projet ». Par ailleurs, si Riyad réussit à arracher le feu vert d’Amman pour le projet, les États-Unis apporteraient plus de soutien à l’Arabie saoudite pour mener à bien son offensive illégale contre le Yémen, mais aussi dans les projets anti-iraniens de Ben Salmane.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV