Dans son dernier article l'éditorialiste de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan s'interroge sur les impacts politiques de la victoire du Hezbollah et ses alliés aux législatives du Liban. Une victoire qui atteste de la popularité de la Résistance et qui fait changer les équations politiques traditionnelles qui voulaient un Liban soumis et dépendant.
Dans cet article consacré aux dernières évolutions au Liban, le rédacteur en chef de Rai al-Youm voit dans le discours de Seyyed Hassan Nasrallah prononcé à l’occasion de la victoire de la majorité des listes électorales soutenues par le Hezbollah et le mouvement Amal une réaction à la défaite de Saad Hariri à ces élections. Le numéro un du Hezbollah libanais a en effet ainsi rassuré les Libanais : « La capitale sait préserver son identité arabe et restera à jamais la capitale de la Résistance», manière de fustiger indirectement le Premier ministre libanais, Saad Hariri, l’homme de MBS (Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien) dont le parti « Courant du futur » était en net recul dans les législatives.
Détenu en Arabie, ce protégé de MBS, a annoncé brutalement en novembre dernier sa démission depuis Riyad dans une tentative d’assurer les intérêts politiques de ce dernier, ce qui lui a coûté selon Nasrallah la perte d’un tiers des sièges au Parlement libanais.
L’analyste arabe des questions internationales confirme également les déclarations de Seyyed Hassan Nasrallah, selon qui certains courants à l’intérieur et l’extérieur du pays cherchaient à semer la discorde au sein du mouvement de la Résistance et l'affaiblir au Parlement. « Ils ont injecté à cette fin des milliards de dollars et cela vainement, car tous les complots ont été neutralisés grâce à la vigilance et la clairvoyance du peuple libanais », s’est félicité Nasrallah dans son discours du 7 mai.
Le mouvement du Premier ministre libanais, Saad Hariri a en effet perdu un tiers de ses sièges au Parlement, car il a manifestement affiché son hostilité au Hezbollah très populaire dans le pays. Son alliance avec les Saoudiens lui a valu une défaite, car aujourd'hui, les Libanais ne veulent plus de cet homme soumis aux pressions extérieures.
Bien que le renouvellement du Parlement après neuf ans soit un pas important franchi sur la scène politique libanaise, mais les défis restent immenses auprès des élites politiques libanaises. D’une part, les évolutions régionales menacent de faire éclater la guerre au Moyen-Orient et de l’autre tous les anciens gouvernements libanais ont échoué à répondre aux revendications du peuple notamment dans les domaines économique et social.
Les promesses pour la création d’emplois et régler le problème du chômage n’ont pas été tenues étant donné que la dette publique qui s’élève à 100 milliards de dollars, n'a pas encore été réglée.
Certes, il faut féliciter le Liban pour la tenue des élections législatives dans un contexte de fortes tensions régionales et des pressions intérieures. Il s’agit là d’un grand succès pour les trois pouvoirs libanais. Ce grand pas a pu être franchi, car une grande majorité des Libanais sont pour la démocratie, une démocratie basée sur le principe de cohabitation et le partage démocratique du pouvoir entre les différents partis et courants pour un Liban indépendant qui décide de son sort aux urnes.
Le populaire et le vainqueur du scrutin, Seyyed Hassan Nasrallah avait besoin de ce succès, de ce soutien politique au moment où Israël et son allié américain tentaient à tout moyen de l’isoler, mais une large partie des Libanais les ont neutralisé et se sont exprimé en faveur de l’axe de la Résistance grâce à leur vigilance et leur maturité politique.
Reste à espérer, conclut Atwan, que les futurs gouvernements tiennent pleinement à leur tour; leurs engagements et règlent les problèmes du peuple avec la nomination des ministres compétents et dignes afin de régler les problèmes et conduire le pays sur la bonne voie, politiquement, économiquement et socialement.