Mohammed ben Salmane tente de se donner une image réformiste, mais c’est plus facile à dire qu’à faire…
Le quotidien américain The Wall Street Journal a fait paraître un article au sujet de l’image réformiste que le prince héritier saoudien tente de se donner.
« Le prince héritier saoudien, âgé de 32 ans, a promis à son peuple de lui offrir une ambiance plus ouverte et un dynamisme social. Dans le cadre de cette promesse, Mohammed ben Salmane a essayé, lors de son récent déplacement aux États-Unis, d’introduire dans son pays la technologie, le cinéma, les produits commerciaux les plus sophistiqués et les sciences cybernétiques de pointe pour ainsi offrir à la nation saoudienne une grande évolution. Pendant son séjour de trois semaines aux États-Unis, le prince héritier saoudien a rencontré plusieurs patrons d’industries et d’entreprises à la pointe de l’innovation technologique en vue de montrer aux Américains une nouvelle image de cette monarchie pétrolière du Moyen-Orient. Il existe ainsi à la fois des images montrant Ben Salmane sans son habit traditionnel et vêtu d’un costume. À New York, il a bu un verre de café avec Michael Bloomberg dans un Starbucks.
L’économie de l’Arabie saoudite repose, depuis longtemps, sur ses ventes de pétrole et, du point de vue des acquisitions, elle se bornait à une gamme d’achats militaires depuis les États-Unis : c’est exactement ce qui s’est passé cette année encore, peut-être même à une échelle plus large. Le prince saoudien entend acquérir les fonds dont il a besoin pour bâtir une nouvelle Arabie, peu dépendante du pétrole et dotée d’une économie dynamique.
Selon Ahmed Khatib, un responsable saoudien, l’Arabie saoudite, qui se focalisait, par le passé sur le pétrole, le gaz et le commerce, pense aujourd’hui à une transformation sociale et culturelle, au divertissement et au tourisme.
Ben Salmane est même allé plus loin en décidant d’importer Disneyland et Hollywood dans un pays qui est “le berceau de l’islam”. En réalité, l’industrie du divertissement peut remplacer, aux yeux de l’Arabie saoudite, son industrie pétrolière. Dans la foulée, l’Arabie saoudite a donné naissance à une série de coopérations avec des compagnies renommées du divertissement comme AMC.
Après trois décennies d’interdiction, la première salle de cinéma sera ouverte en Arabie saoudite à la fin du mois en cours.
Les nouvelles initiatives de Mohammed ben Salmane s’inscrivent dans le cadre d’un plan de réformes destiné à donner de nouvelles perspectives à l’Arabie saoudite d’ici au plus tard 2030. Ledit plan prévoit un soutien appuyé à l’économie intérieure et aux changements culturels. L’annulation de l’interdiction de conduire en Arabie saoudite pour les femmes s’inscrit dans le cadre de ces changements culturels. En réalité, Mohammed ben Salmane tente de faire disparaître, en Arabie saoudite, les symboles religieux, notamment ceux du wahhabisme, en réalisant une série de réformes. En visite aux États-Unis, Ben Salmane a déclaré que pas toutes les restrictions et interdictions imposées aux femmes saoudiennes étaient incluses dans l’islam.
Le plan ambitieux que concocte Ben Salmane dans le domaine du cinéma laissera les compagnies américaines venir s’installer en Arabie saoudite. Pour d’aucuns, l’inauguration du cinéma en Arabie saoudite ouvrira grand les portes à Hollywood.
Le mois dernier, Donald Trump, un chèque à la main, a annoncé avec une certaine gaieté aux journalistes la somme d’un accord d’armements, alors que le roi Salmane ne semblait pas très content. Trump lui a dit : “Ce n’est pas grand-chose cette somme pour vous ! Ce sont des clopinettes.” Le roi Salmane n’a rien dit. Il a seulement secoué la tête en signe de désapprobation et s’est contenté de sourire. Certains des responsables saoudiens présents à cette réunion ont pris le commentaire de Donald Trump comme une insulte à l’Arabie saoudite.
Un responsable saoudien s’est même plaint que les Américains pensent que la vie des Saoudiens se résume au pétrole, à l’armée et aux chameaux. Cependant, il ne faut pas oublier que la majeure partie des accords qu’ont conclus les Saoudiens avec les Américains étaient de nature militaire et pétrolière.
Il y a deux ans, Ben Salmane a fait part d’un plan destiné à réduire la dépendance au pétrole. Depuis, l’essor des relations commerciales entre l’Arabie saoudite et l’Occident est devenu une priorité pour Riyad.
Le problème est que ces mesures sont loin de modifier si facilement l’Arabie saoudite et que celle-ci fait toujours partie des pays les plus conservateurs. À vrai dire, il est difficile d’imaginer une nouvelle Arabie saoudite, uniquement grâce à la campagne anti-corruption qu’a lancée Mohammed ben Salmane. Dans le même temps, de nombreuses voix critiques s’élèvent qui refusent de se laisser séduire par les plans de Ben Salmane et qui ne sont nullement optimistes quant à leurs résultats. »