Une information tardivement divulguée par les médias en France faisait état il y a quelques jours de l'arrestation d'un employé du consulat français à Qods pour cause de "trafic d'arme" au profit de la Résistance palestinienne. Romain Franck a été inculpé par Israël, qui dans un premier temps a affirmé de concert avec Paris vouloir privilégier la "piste crapuleuse" à "la piste terroriste". Un piège tendu à la France?
L'affaire Frank a éclaté au moment où le ministre français des A.E. est attendu en Israël les 25 et 26 mars pour consultation autour de l'accord nucléaire de 2015 signé avec l'Iran, accord dont les États-Unis menacent de se retirer le 20 mai prochain. La France, elle, tout en soutenant le texte, affirme vouloir y ajouter une annexe "balistique" destiné à restreindre les capacités balistiques conventionnelles de l'Iran. Pour de nombreux analystes, l'arrestation de l'employé du consulat français à Qods met bien le Quai d'Orsay dans l'embarras.
Surtout que le jeune homme de 24 ans est accusé par le service de sécurité intérieur du pays (le Shin Beth) d'avoir profité des privilèges associés aux activités diplomatiques pour "transporter des armes de la bande de Gaza vers la Cisjordanie", pour le compte "d'un réseau de trafiquants palestiniens". Il y a là toutes les craintes sécuritaires d'Israël qui se trouvent soudain "mises en rapport" avec la France : militarisation de la Cisjordanie, celle de Qods, supposé soutien français au Hamas voire au Hezbollah...
Officiellement, le Shin Beth soutient que le Français aurait agi "pour l'argent, et de son propre chef et à l'insu de ses supérieurs». Frank aurait avoué avoir convoyé des armes, mais aurait en revanche nié l'avoir fait pour le compte des groupes palestiniens, comme le Hamas. Mais cette version "officielle" de l'affaire pourrait en cacher une autre qui intéressait davantage Tel-Aviv : Israël peut accuser la France en coulisse de sympathie avec "les terroristes". Quoi qu'il en soit, il est évident que cette affaire est de nature à réduire largement la marge de manœuvre de Jean-Yves le Drian, à la fois dans le dossier nucléaire iranien et celui lié au statut de Qods que la France estime appartenir aux palestiniens et aux israéliens.
Le président français, Emmanuel Macron qui avait outrepassé la tradition française en faisant du PM israélien son invité d'honneur à la cérémonie de commémoration de rafle du Vél' d'Hiv en juillet dernier et ce, au risque de se mettre à dos les juifs de France, l'aura appris à ses dépens : Israël est prêt à faire chanter ses plus proches alliés quand ses intérêts sont en jeu.
Jean-Yves Le Drian sera en visite en Israël les 25 et 26 mars, selon un communiqué de l'Elysée.
Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, est attendu ce dimanche 25 mars en Israël pour une visite de deux jours.
Lors de son discours inaugural au début du mois, Maas a promis d'améliorer les relations avec le régime de Tel-Aviv, qui se sont considérablement détériorées sous le mandat de son prédécesseur Sigmar Gabriel, suite à des propos polémiques.
Lors de sa dernière visite en Israël, l’ancien haut diplomate allemand avait averti que le soutien de l'Allemagne à Israël devenait plus difficile à justifier, non seulement en Europe mais aussi dans son propre parti, en raison du traitement israélien des Palestiniens.
Mr.Masse prévoit de rencontrer à part les autorités israéliennes, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.