D'après les dirigeants turcs, les relations entre Washington et Ankara se trouvent à un moment critique. La nouvelle escalade, notamment après l’incursion de l'armée turque dans les régions kurdes au nord de la Syrie, aurait plus que jamais creusé le fossé entre les deux pays alliés, poussant donc les Turcs à se rapprocher, par défaut, de l’alliance Iran-Russie-Syrie.
Les récents contentieux entre Ankara et Washington ont envenimé la situation: Ankara a donc préféré adhérer au camp anti-US Iran-Russie en Syrie. Dans un rapport, le site web Al-Monitor se penche sur la question.
« Les dirigeants de la Turquie, de l'Iran et de la Russie se sont mis d'accord sur le principe d'un sommet sur la Syrie qui se tiendra prochainement à Istanbul. C'est une décision qui fait suite aux récents appels téléphoniques du président turc Recep Tayyip Erdogan à ses homologues iranien et russe, respectivement Hassan Rohani et Vladimir Poutine. La date n'a pas encore été fixée mais les ministres des Affaires étrangères des trois pays tiendront une réunion préliminaire à Astana, au Kazakhstan, en mars », lit-on dans la première partie de l’article.
Compte tenu des derniers développements en Syrie, qui nécessitent une coordination et une coopération militaire accrue entre les membres de la troïka au Moyen-Orient, Ankara aimerait clairement que le sommet ait lieu le plus tôt possible. En effet, les actions souvent unilatérales de la Turquie en Syrie remettent en cause bien sûr le principe d’existence d’un tel trio en Syrie, n'empêche qu'Ankara n'a d'autre choix que d'opter pour le camp gagnant : « L'opération Rameau d’Olivier à Afrin contre les Unités de protection du peuple (YPG), considérées par Ankara comme une organisation terroriste, et les opérations conjointes des forces syriennes et de leurs alliés iraniens et russes n’ont eu pour effet qu’attiser le conflit entre Ankara et ses alliés informels russes et iraniens mais avec les Américains non plus, les relations ne sont pas au beau fixe. »
Et l'article d'ajouter : « Les tentatives des États-Unis de consolider leur position sur les territoires contrôlés par les YPG dans le nord de la Syrie demeurent néanmoins le principal motif de maintien de l'alliance tripartite informelle. Outre les soupçons de la Turquie sur les intentions à long terme de la Russie et de l'Iran en Syrie, et vice versa, les trois pays ne veulent pas que leurs dissensions potentielles favorisent les États-Unis, non seulement en Syrie, mais dans l'ensemble de la région. »
En ce qui concerne le motif de la tenue du sommet Iran-Russie-Turquie, le site précise que le sommet d'Istanbul visera donc à donner un coup de pouce à cette coopération tripartite, tout en élaborant une approche pratique qui les empêcherait de se marcher sur les pieds en Syrie. Et malgré tout l'alliance semble se porter plutôt bien car une chose est partagée par les parties : « l'animosité envers les États-Unis ».