Avec le déploiement permanent de missiles Iskander dans son enclave de Kaliningrad, sur la mer Baltique entre la Pologne et la Lituanie, la Russie a averti les dirigeants de l’OTAN qu’en cas de menace sécuritaire contre ses intérêts, elle n’hésiterait pas à viser les installations militaires de l’Alliance atlantique.
Le journal en ligne russe Vzgliad a écrit que ce qui inquiétait depuis longtemps les dirigeants de l’OTAN ainsi que les pays littoraux de la mer Baltique venait de se réaliser.
La Russie a révélé la présence de missiles Iskander, capables d'emporter des charges atomiques, dans son enclave située en Europe du Nord, l'oblast de Kaliningrad, sur la mer Baltique.
Dalia Grybauskaite et Raimundas Karoblis respectivement présidente et ministre lituaniens de la Défense se sont dits préoccupés, mardi 6 février, de l’installation de missiles russes Iskander près de la frontière de leur pays, annonçant que des systèmes de missile Iskander avaient été transférés, lundi, vers Kaliningrad.
La présidente Dalia Grybauskaite a averti que ces missiles y avaient été transférés pour un déploiement permanent et que ceci constituait une sérieuse menace aussi bien pour la Lituanie que pour la moitié des pays européens.
« La Russie transférait déjà des missiles Iskander vers Kaliningrad de façon provisoire pour effectuer des manœuvres militaires, mais maintenant la situation est différente, et vu le parachèvement des infrastructures nécessaires à cette fin, cette fois-ci, il s’agit d’un déploiement permanent », a pour sa part rappelé le ministre lituanien de la Défense Raimundas Karoblis.
Le lundi 5 février, à 12 h 29 (heure locale), un navire russe est arrivé du port de Saint-Pétersbourg à la région de Kaliningrad dont les informations liées ont été publiées par le site Marine Traffic.
Selon Vladimir Shamanov, président de la commission de la Défense à la Douma, chambre basse du Parlement russe, il s'agit d'une réponse à la présence avancée de l’OTAN dans les pays voisins : environ 4 500 hommes, officiellement déployés de manière tournante et répartis entre les pays baltes et la Pologne.
Désormais, tout le monde le sait : la Russie avait mis en garde dès 2008 contre le déploiement de missiles Iskander à Kaliningrad. Contrairement aux allégations des politiciens de la région balte selon lesquelles le déploiement de missiles Iskander à Kaliningrad constituerait une « menace pour la moitié de l’Europe », la Russie estime que ces missiles sont nécessaires pour détruire en l’espace de quelques minutes le système de bouclier antimissile américain en Europe, bien évidemment en cas d’éclatement militaire éventuel entre la Russie et les États-Unis. Ces quelques minutes ont une importance toute particulière pour Moscou afin de pouvoir répliquer aux attaques américaines par des missiles balistiques intercontinentaux.
Les services de renseignement lituaniens avaient déjà prévu que la Russie n’avait pas besoin d’Iskander pour attaquer la Lituanie. Cependant, le déploiement de ces missiles à Kaliningrad est dangereux pour ce pays, puisque si nécessaire, ils peuvent entraver les actions des alliés de la Lituanie au sein de l’OTAN.
Les déclarations des autorités politiques et militaires russes confirment elles aussi ce point de vue.
Le principal groupe américain de renseignement privé et d'analyse stratégique « Startfor » vient de reconnaître que le déploiement par Moscou de renfort militaire dans l’enclave de Kaliningrad ne prévoit aucun plan d’agression particulière contre les pays de la région et qu’il vise seulement à protéger ses intérêts vitaux dans sa confrontation avec l’OTAN.
L’installation permanente de missiles Iskander à Kaliningrad peut rassurer les analystes et les dirigeants de l’OTAN qu’en cas de menace, la Russie se vengerait certainement.