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Rameau de l'olivier: Erdogan sortira-t-il vainqueur du bourbier syrien?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Washington cherche à impliquer la Turquie dans le bourbier syrien. ©The Guardian/Illustration

« Les États-Unis ont su impliquer Erdogan dans le bourbier syrien ; il faudra donc s'attendre à tout moment aux opérations du PKK en Turquie. »

C’est l’avis de l’analyste iranien, Ali Qaem Maqami, expert en questions politiques liées à la Turquie, qui, dans une interview avec l’agence de presse iranienne ILNA, s’attarde sur les opérations militaires turques dans le nord syrien.

« Dans les analyses sur l’opération Rameau de l’olivier, il faudrait plutôt se focaliser sur les principaux objectifs d’Ankara. N’oublions pas que le Parti de l'union démocratique (PYD) dont la branche armée est connue sous l’appellation des Unités de protection du peuple (YPG) est une ramification du PKK en Syrie.

Dès qu’ils ont fait leur entrée sur la donne du conflit en Syrie, les États-Unis ont fourni un appui en termes d’entraînements et d’équipements militaires aux forces des YPG, permettant ainsi au Parti de l'union démocratique (PYD) de prendre le contrôle d’environ 650 km2 de terrains. Les efforts déployés par la Turquie ces dernières années afin de repousser cette couche des Kurdes syriens ne devraient donc pas nous étonner.

L’autre objectif suivi par la Turquie à travers l’opération militaire contre Afrin consiste à écarter une menace de longue date : une attaque contre le territoire turc par les Kurdes syriens. Partant de ce point de vue, les Turcs ont opté pour la défense offensive. Jusqu'à aujourd’hui, ils ont bombardé plus de 158 cibles, plus précisément, des positions du PKK et du PYD à Afrin, tuant un grand nombre de leurs éléments.

Beaucoup d’autres membres du PKK et du PYD ont été transférés aux hôpitaux d’alentours, ce qui ferait planer le spectre d’opérations de représailles contre la Turquie.

Il faudrait aussi se rappeler qu’environ 15 000 éléments de la soi-disant Armée syrienne libre (ASL) participent à l’opération Rameau de l’olivier. Ils sont soutenus au cours de cette opération par l’armée de terre et les forces blindées turques. »

Pour ce chercheur en questions du Caucase et de la Turquie, les forces turques ne seraient jamais déployées à Afrin, sans l’autorisation des États-Unis.

« Washington a annoncé qu’Afrin ne faisait pas partie du champ d’opérations américaines, une façon pour accorder son feu vert aux Turcs pour lancer leur opération. En outre, le retrait russe d’Afrin éveille des questions sur l’existence des coordinations entre les États-Unis, la Russie et la Turquie.

Les évolutions en cours en Syrie, notamment à Afrin, rendront la donne encore plus compliquée ; mais ce qui est certain c’est que les États-Unis cherchent à impliquer la Turquie dans le bourbier syrien. Ce faisant, les Américains comptent pouvoir se réunir, au final, avec les Russes, autour de la table de négociations pour prendre la décision ultime.

Le PKK est faible à Afrin mais à l’est de l’Euphrate, jusqu’à Raqqa, les éléments du PKK exercent encore un certain pouvoir, et il s’agit exactement des zones où ils profitent du soutien américain.   

Les armes sophistiquées que les Américains ont fournies aux Kurdes syriens sont pour la plupart distribuées aux forces déployées dans des zones à l’est de l’Euphrate, à Hassaka, à Kobané, à Manbij et à Raqqa et cela montre qu’Afrin est en quelque sorte la terre brûlée des Américains et Kurdes. »

L’analyste iranien n’exclut pas une opération de représailles des Kurdes contre la Turquie.

« Tout de suite après le déclenchement de l’opération Rameau de l’olivier, le PKK a appelé ses forces à se mobiliser et à se maintenir prêtes à lancer des opérations militaires contre la Turquie. En tout état de cause, il ne faudrait pas oublier que l’opération Rameau de l’olivier n’est pas seulement une évolution à se produire sur le terrain en Syrie ; elle doit être considérée comme une mesure prise par Ankara dans le cadre d’une vaste guerre des nerfs contre les Kurdes et la Syrie, à la fois. Et si Erdogan ne réussit pas à sortir vainqueur de ce défi et si les forces turques se retirent d’Afrin, quelle qu’en soit la raison, une chute de son parti au pouvoir, AKP, deviendra de plus en plus plausible, sur la scène de la politique interne en Turquie. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV