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Comment Ben Salmane risque de perdre son dernier atout

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un F-15 saoudien a été abattu par l’armée yéménite et Ansarallah. (Photo d’illustration)

Selon Sham Times, la guerre au Yémen se dirige rapidement vers une grande équation : la politique de la « patience stratégique » adoptée par les forces yéménites a porté ses fruits : à peine quelques mois après le début de la guerre, la force de frappe de l’armée et d’Ansarallah s’est mise à s’accroître de façon exponentielle.

Observation d’un F-15 de l’aviation saoudienne par la caméra thermique avant la réaction de la DCA yéménite. ©Harbi Press

Le rayon de son action s’est élargi au-delà des frontières saoudo-yéménites pour toucher droit au cœur le port saoudien de Djeddah ou encore Riyad. Cette force de frappe a trois visages :

Défense terrestre

Fin 2016, l’armée yéménite et Ansarallah ont pris pour cible de leurs missiles Scud l’aéroport militaire du roi Fahd dans l’ouest de l’Arabie. Il s’agit d’une nette évolution pour les forces yéménites, qui ont réussi, à peine quelques mois après le début de la guerre, à élargir la portée des missiles balistiques Scud jusqu’à 800 kilomètres et à concevoir le missile Borkan-1, grâce auquel ils ont pu viser la base aérienne du roi Fahd à Taëf dans l’ouest de l’Arabie, à plus de 500 kilomètres des frontières du Yémen.

Quelques semaines plus tard, le Borkan-2 a fait son apparition. Version optimisée du Borkan-1, l’engin a frappé la base militaire d’al-Mazahima à l’ouest de Riyad. La sauvagerie dont fait preuve Riyad dans le massacre de la population civile a poussé Ansarallah à reproduire leur exploit, à concevoir une nouvelle version de ce missile, le Borkan-H2, avec lequel ont été pris pour cible l’aéroport international du roi Khaled puis le palais d’al-Yamamah au cœur de Riyad, où se tenait une réunion de guerre.

Ansarallah a tiré un missile contre le palais d’al-Yamamah. (Photo d’archives)

​Ansarallah a tiré un missile contre le palais d’al-Yamamah. (Photo d’archives)

Défense maritime

Mais puisque l’agression saoudienne ne se limite pas au sol et que Riyad et ses alliés imposent un blocus total aux ports yéménites situés sur la côte de la mer Rouge, soit les seuls poumons qui permettent à la population de respirer, la force de dissuasion d’Ansarallah n’a pas ignoré la mer.

Ansarallah a commencé par viser les bateaux de guerre saoudiens puis les destroyers saoudiens et émiratis. Le tournant maritime aura été la prise pour cible de « Médine », l’un des quatre destroyers saoudiens de conception française. Muni de radars furtifs, de dispositifs de guerre électronique, Médine est un porte-hélicoptères qui accueille à son bord des hélicoptères de classe Dauphin, des girodynes Eurocopter et des avions NH90. Les forces yéménites affirment ne pas viser que des bateaux agresseurs. Elles vont plus loin encore.

Ansarallah est-il à même de soumettre à un feu nourri toute la côte de la mer Rouge ?

L’hypothèse n’est plus à écarter, surtout si Riyad se met à attaquer le port d’al-Hudaydah, ultime point d’attache de la population avec le monde extérieur. Le président du Conseil suprême politique yéménite a évoqué l’hypothèse avec l’envoyé de l’ONU, il y a quelques jours.

Défense aérienne

Mais au Yémen, Riyad a aussi perdu sa suprématie aérienne absolue. Fort du soutien US, l’Arabie saoudite se targuait de pouvoir réduire en mille miettes les provinces yéménites sans avoir à craindre une riposte yéménite. Et c’est vrai que depuis 2015, la DCA yéménite n’a réussi qu’à abattre un nombre limité d’avions, de drones et, parfois, d’Apache saoudiens. Or, la donne semble avoir changé désormais. L’abattage début janvier 2018 d’un Tornado au nord-est de Saada puis d’un F-15 au-dessus de Sanaa a pris de court l’état-major saoudien. Dans les deux cas, des missiles sol-air ont été tirés depuis des villes yéménites.

Mais d’où vient cette capacité de riposte inattendue ? Le général Aziz Rached, porte-parole de l’armée yéménite, a fait état de la mise en service d’un nouveau système de défense aérienne qui est capable d’intercepter les avions agresseurs. Cette déclaration a son sens quand on sait que le F-15 jouit d’une visibilité exceptionnelle et qu’il dispose de deux réacteurs à postcombustion. C’est aussi un avion équipé d’un radar multimode Doppler à impulsion et d’un détecteur d’alerte radar ALR-56. Comment la DCA d’un des plus pauvres pays arabes, ainsi que le qualifient à l’envi les médias occidentaux, a-t-elle été capable de détruire un avion si redoutable ?

L’interception des F-15 est du ressort des dispositifs dotés de radars thermiques. Les Yéménites en ont dévoilé un prototype au lendemain du crash du F-15 saoudien.

Mais Riyad n’en est pas à sa dernière surprise. Ce genre de radars, les Américains sont les seuls à en fabriquer. Ce n’est donc pas l’Iran qui a doté Ansarallah de quoi abattre désormais les F-15 saoudiens, mais bien les États-Unis. Selon des sources militaires au Yémen, l’arsenal laissé par le régime Saleh a de quoi surprendre encore les Saoud.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV