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Pourquoi les USA refusent de quitter la Syrie ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une photo qui compare la cité antique de Palmyre avant et après la guerre en Syrie. Photos d'archives. ©Sputnik

Six ans de guerre en Syrie ne peuvent se réduire en une difficile et complexe confrontation de l'axe américain d'une part et l'axe de la Résistance combiné à l'alliance Moscou-Téhéran-Pékin de l'autre. Sous les dehors d'un face-à-face militaire, s'est déroulée une autre bataille qui se fait parler d'elle très rarement. 

Des sources russes ont dénoncé ces derniers jours la formation des centaines de terroristes takfiristes par les formateurs US à al-Tanf où les États-Unis détiennent une base militaire.

Plutôt que d'avoir une importance militaire, le désert de l'est de la Syrie et les régions qui se trouvent sur les frontières avec l'Irak revêtent une importance géo- économique.

Aussi bien les États-Unis qu'Israël savent très exactement ce que signifie le contrôle des points de passage frontaliers syro-irakiens, regorgés de ressources pétro-gazières. Quiconque contrôlerait ces régions, aurait le contrôle durable du destin économique, politique et militaire des deux États que sont la Syrie et l'Irak. Ce serait un net avantage pour l'axe de la Résistance qui parviendrait ainsi à éliminer de l'équation, les États-Unis et leurs alliés régionaux à savoir l'Arabie saoudite ou encore la Jordanie.

À la veille de la guerre en 2011 l'État syrien tirait quelque 380.000 barils de pétrole des régions désertiques de l'est syrien. Les principales réserves en gaz de la Syrie sont situées, quant à elles, à Palmyre et à Ghara dans le Qalamoun occidental ainsi que sur la côte syrienne, à savoir à Tartous et à Banias. Les sources syriennes estiment à 28.5 milliards de cubes, les gisements gaziers de  l'est syrien, une quantité de gaz qui ferait de la Syrie le troisième producteur de gaz.

Trois champs gaziers ont été localisés dans le nord de Palmyre dont les réserves permettraient, à elles seules, au pays de subvenir à ses besoins en électricité 24 h sur 24 et ce, pour une période de 20 ans.

Les travaux d'exploration ont révélé l'ampleur des champs pétro-gaziers du désert de Syrie qui s'étendent aux frontières avec l'Irak. Or 83% de ses gisements dans le désert, à l'est et sur la côte syrienne, sont sous contrôle de l'État syrien, le reste (12%) étant placé à Raqqa et à Hassaké contrôlées par les Kurdes pro-américains. Le pétrole et le gaz de Raqqa et ses environs seront épuisés à l'horizon 2022 tandis que l'or noir extrait du désert syrien reste exploitable, même au-delà de 2051.

En juin dernier, le forum économique syrien soulignait la grande dispersion des ressources pétrolières non explorées à travers tout le territoire syrien. C'est dire à quel point la présence de l'État syrien et de ses alliés dans les déserts de l'est, est douloureuse pour les Américains et leurs alliés.

Mais ce n'est pas tout. Sous prétexte de combattre Daech, les États-Unis ont créé une base militaire à al-Tanf, cette localité située dans le triangle frontalier Irak/Syrie/Jordanie.

Washington a tenté de la sorte d'imposer son contrôle sur les frontières irako-jordaniennes et de là, sur l'axe Bagdad-Amman. Cet état de choses permettrait aussi à Washington d'avoir à sa disposition la carte "kurde" et d'en jouer à son gré dans le strict objectif de mettre à mal la connexion des territoires syrien et irakien, de part et d'autre des frontières. Ce qui fut d'ailleurs le cas en 2010 à la veille de la guerre.

La campagne médiatique israélienne autour du soi-disant "corridor iranien" qui relierait l'Iran à la Méditerranée via l'Irak, la Syrie et le Liban est d'ailleurs à déchiffrer dans ce même sens. Ce n'est pas tant la dimension de ce supposé corridor que son aspect économique qui inquiète les Israéliens. 

Tel-Aviv ne cesse de décrier ce corridor qui, prétend-il, "servirait de voie de transit d'armes iraniennes au Hezbollah". Mais ce transit, à supposer qu'il existe, ne date pas d'hier. À vrai dire, toute connexion entre l'Iran et l'Irak, entre l'Irak à la Syrie, et au-delà à la Méditerranée, est propre à créer un "ensemble économique" d'une puissance et d'une efficacité redoutable.

Cette zone qui pourrait être une portion de la route de la soie, a, évidemment, tout pour plaire à la Chine mais aussi à la Russie qui veut s'impliquer dans les projets d'exploitation des richesses de la côte syrienne. Cela permettra à Moscou de se préserver son autorité sur le juteux marché gazier d'Europe et de bousculer les jeux d'influence US et alliés dans la région. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV