Alors qu'Israël a réellement du mal à encaisser le contrecoup de la décision de Trump au sujet de la ville de Qods, une sourde crainte continue à travailler les milieux politiques et militaires israéliens: la présence iranienne dans le sud de la Syrie.
Qu’en est-il réellement ?
Le journal israélien Arutz Sheva vient de publier un article où il décrit ce qu'il qualifie de "projet iranien de corridors", projet qui devrait relier l'Irak au Golan occupé puis à la Méditerranée.
Arutz Sheva se fait un malin plaisir d'évoquer la nouvelle stratégie sécuritaire de Donald Trump qui "devrait contrer l'Iran dans ses ambitions" avant d'écrire : " L'Iran continue à consolider sa présence au Golan via les groupes qui lui sont fidèles tout en réalisant d'importants acquis dans le sud de la Syrie. Cette perspective pourrait déclencher une intervention militaire directe d'Israël en Syrie."
Arutz Sheva évoque ensuite tous les arguments qui inciteraient le lecteur à justifier une action armée israélienne dans le sud syrien et écrit: " L'Iran serait en passe de construire des usines d'armements au Liban et en Syrie, usines qui devraient fabriquer "des missiles téléguidés et d'autres engins de haute précision". Le Wall Street Journal le confirmerait: quelque 125.000 combattants proches de l'Iran (plus nombreux que l'armée syrienne) se trouveraient désormais aux portes d'Israël, placés sous commandement du général Soleimani.
Mais le journal israélien évoque-t-il un "réel danger" ou s'agit-il d'un prétexte pour justifier une action armée israélienne en Syrie?
Secondée par l'aviation syrienne, l'armée syrienne et ses alliés ont réalisé de fulgurantes avancées ces derniers jours dans l'est et le sud de Mazraat Beit Jinn, une localité jusqu'ici occupée par al-Nosra. Au bout de deux mois d'opérations, l'armée syrienne affirme désormais avoir encerclé le village de Mughar al-Mir au pied du mont Hermon. Mazraat Beit Jinn est de loin le dernier bastion des qaïdistes d'al-Nosra dans le sud-ouest de Damas (Ghouta orientale), qaïdistes qu’Israël a appuyés et financés depuis 2011, à titre de supplétifs de Tsahal dans le sud syrien.
Sans al-Nosra dont les résidus continuent à maintenir leur présence dans le centre et le sud de Quneitra au Golan occupé, Israël perdrait toute assise en Syrie et avec elle, tout espoir de pouvoir un jour annexer le Golan syrien. De nombreux villages druzes du Golan attachés à l'État syrien souhaitent, d’ailleurs, en finir à la fois avec al-Nosra et Israël.
Car personne n’est dupe. La stratégie israélienne a consisté jusqu’ici à terroriser les druzes du Golan via al-Nosra pour pousser ces derniers à réclamer aide et soutien d’Israël, ce qui faciliterait la tache de l’occupant à s’emparer du Golan. Mais cette stratégie ne serait pas de grand secours après la défaite totale des terroristes à Quneitra et la reprise de ces régions par l'État, l'armée syriens et leurs alliés.
Des informations en provenance de Mazraat Beit Jinn font d'ailleurs état de la fuite par centaines des terroristes d'al-Nosra vers les frontières israéliennes ou encore vers Chebaa, les fermes libanaises qu'Israël occupe depuis 2006.
En ce sens, les craintes exprimées par Israël de voir l’Iran et le Hezbollah "s’approcher à grand pas des frontières israéliennes" ou construire "une usine d’armement et autres ateliers de fabrication de missiles" aux portes d’Israël n’est qu’un prétexte. Israël a perdu la guerre en Syrie et il est sur le point d’en subir les contrecoups.