Le missile balistique Borkan H2 qui a été tiré mardi contre le palais d'al-Yamamah à Riyad a gravement inquiété le camp américain :
En effet, deux versions opposées de l'événement ont été avancées. La première est celle que racontent les officiels de Riyad et qui confirme l'interception du missile. La seconde version est reprise par la revue The National Interest et qui est basée sur l'expertise militaire. Suivant la revue, la DCA saoudienne a échoué à intercepter le Borkan H2 tiré mardi comme il avait échoué à intercepter l'engin qu'Ansarallah avait lancé au mois de novembre contre l'aéroport du roi Khaled de Riyad.
Rai al-Youm qui revient sur ce tir de missile reprend les experts russes qui eux, évoquent l'échec du bouclier antimissile saoudien composé de "Patriot" à intercepter les missiles d'Ansarallah.
Mais d'où viennent les débris de "Borkan H2", récupérés jusqu'à dans la maison d' "Abdellah al Sadhan", acteur saoudien?
Selon les experts russes, le missile yéménite a raté sa cible non pas parce qu'il a été intercepté en vol, mais bien en raison d'une panne qui aurait provoqué sa chute.
Quoi qu'il en soit, la défaite est entière: Riyad s'en mordrait déjà les doigts d'avoir payé les Patriot qui ratent sans cesse leurs cibles. À en croire Al-Akhbariya, chaîne de TV saoudienne, les Houthis auraient depuis 2015 tiré en effet 81 missiles "balistiques" contre "la Mecque, Djedda, Khamis Mashit, Jizan, et Riyad". Si pour intercepter chacun de ces missiles, Riyad tire 5 Patriot cela reviendrait à dire que le régime saoudien aurait tiré près de 400 Patriot dont chacun lui coûte entre 4 à 7 millions de dollars. L'ampleur de ce colossal échec militaire a aussi inquiété les milieux militaires US. Patriot perd du terrain face aux projectiles rudimentaires d'Ansarallah.
La défaite serait par ricochet plus cuisante quand les Nord-Coréens se mettront à tirer leurs missiles contre les Américains. Le Pentagone sera-t-il alors en mesure de les contrer?
Pour revenir au Yémen, les USA soupçonnent les Houthis d'une double visée :
1- Épuiser rapidement les stocks de missiles Patriot des Saoudiens alors que chaque nouveau contrat d'achat de Patriot pourrait mettre longtemps avant de se concrétiser.
2- Déplacer la guerre au cœur du territoire saoudien avec en toile de fond la panique d'une population qui vit depuis 80 ans en toute quiétude. Mardi, Riyad a été sans dessus dessous dans la foulée de l'explosion d'un Borkan H2. Cette fois, les Saoudiens en ont ramassé les débris. La prochaine fois, ils risquent de recevoir des missiles chez eux, dans leurs maisons. Et là, ils n'auraient aucun droit à la protestation; eux qui approuvent depuis trois ans les frappes aériennes incessantes de l'aviation saoudienne contre des centaines de villes et villages yéménites et partant, la mort des dizaines de milliers de civils.
Chose paradoxale, le Borkan yéménite a provoqué la sympathie et l'admiration de la rue arabe qui maudit l'obstination de Riyad à refuser ce à quoi il serait tôt ou tard contraint à céder: dialogue avec Ansarallah. Après tout, les Saoud ont fini par négocier avec Saleh et ils négocient avec les Frères musulmans yéménites. Pourquoi s'obstiner dans l'erreur ?